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Les chauffeurs attendent l'autorisation d'accéder à ce territoire palestinien en proie à la famine pour y livrer de la nourriture, de l'aide médicale et du carburant après avoir traversé des points de passage israéliens de Nitzana et Kerem Shalom.
Ils ne sont pas rentrés chez eux depuis des mois pour ne pas se faire voler la marchandise qu'ils sont censés distribuer à ce territoire assiégé où vivaient 2,4 millions d'habitants avant le 7 octobre 2023.
Des journalistes de l'AFP, qui se trouvaient du côté égyptien de la frontière, ont vu des centaines de camions transportant de l'aide humanitaire à Rafah et autour d'al-Arich, à 50 kilomètres à l'ouest.
Ceux qui reviennent font le signe de la victoire et klaxonnent à tue-tête pour marquer leur satisfaction d'avoir rempli leur mission.
"Depuis des mois, nous mangeons, dormons et prenons une douche dans nos camions, attendant le moment où l'on nous dira que nous pourrons entrer", déclare à l'AFP Essam Dessouky, un camionneur corpulent de la ville d'al-Mahalla al-Koubra, dans le delta du Nil.
Originaire d'Ismaïlia, dans la péninsule du Sinaï, Mohamed Aboul Maati, son collègue d'une cinquantaine d'années, se déclare "incroyablement fier de pouvoir accomplir sa tâche".
Depuis des mois, ils ont ressenti les chocs et les vibrations des bombardements israéliens incessants, de l'autre côte de la frontière.
Samedi, la veille de la trêve, "les vitres de mon camion ont tremblé sous l'impact des bombes lâchées du ciel", confie Eassam Desouky, 45 ans. "Je me suis réveillé terrifié, j'ai cru que les bombes tombaient juste devant moi", ajoute-t-il.
Samedi, cinq membres d'une même famille de déplacés palestiniens ont péri dans une frappe qui a touché leur tente à Khan Younès (sud), selon la Défense civile.
A la frontière dimanche, alors que l'après-midi s'étirait sans les bruits familiers des bombardements, ceux qui vivent et travaillent dans la région semblaient désorientés.
"C'est la première fois que c'est aussi calme", a déclaré un travailleur humanitaire, en poste à la frontière depuis le début de la guerre. Saad Ismail Rakha, 63 ans, qui dit avoir de la famille à Gaza, explique le sentiment d'impuissance dont il était saisi face à ce que les Palestiniens ont subi.
"Chaque fois que je ressens une petite faim, j'imagine ce qu'ils doivent ressentir de l'autre côté de la frontière, c'est angoissant", dit-il à l'AFP. "Nous ferions tout ce que nous pouvons pour aider nos frères palestiniens, nous donnerions nos vies si nous le pouvions, mais tout ce que nous pouvons faire, c'est transporter notre cargaison", a-t-il déclaré.
A 22 ans, Nasser Ayman Nasr conduit depuis quatre ans le camion de son père sur les 275 km séparant Sharqiya dans le delta du Nil et Gaza, pour livrer de l'aide. Car, même avant la guerre actuelle, le petit territoire palestinien était assiégé et avait désespérément besoin d'aide, mais rien ne peut se comparer à ce qu'il a vu dans cette guerre. "Les enfants criaient après mon camion, suppliant: «Tonton, tonton, s'il te plaît »", a-t-il raconté à l'AFP à propos de ses voyages dans ce territoire, avant même que les forces israéliennes ne prennent le contrôle du côté palestinien du passage de Rafah en mai, entraînant sa fermeture. "Une femme s'est un jour jetée devant mon camion pour me supplier de m'arrêter et de lui donner quelque chose à manger", a-t-il raconté avant que le son strident d'un klaxon l'incite à avancer.
Attendant son tour sur le bord de la route, Nasser interpelle un chauffeur pour lui demander une cigarette. "Bon sang, je suis ici depuis trois mois, je n'en ai plus", dit-il en riant.
Ceux qui ont livré leur marchandise et rentrent chez eux ne seront absents que quelques jours. Après avoir rendu visite à leurs proches et chargé des marchandises auprès d'organisations humanitaires, ils retourneront directement à la frontière pour une nouvelle navette.