Le RNI somme le PJD de clarifier son positionnement politique : La lune de fiel ne fait que commencer


Narjis Rerhaye
Vendredi 5 Février 2010

Les islamistes du PJD font une fois de plus l'actualité. A leur corps défendant et sans l'avoir demandé. Présents dans les institutions et sous la coupole depuis 1998, voici qu'une nécessaire clarification de leur identité politico-religieuse leur est de nouveau demandée. Après le Parti Authenticité et Modernité, c'est au tour du Rassemblement national des indépendants, sous le leadership de Salaheddine Mezouar; d'appeler le PJD à faire son «coming out ». Les principes de cette formation politique sont-ils fondés sur le religieux ? Les islamistes de ce parti instrumentalisent-ils la religion au lieu de faire de la politique sur le terrain ? Ce sont là autant de questions que pose désormais le RNI, un parti qui vient tout juste d'aller à l'assaut des alliances pré-électorales et « lisibles » pour un citoyen de moins en moins électeur. Mardi soir sur l'émission de débat politique, «Hiwar», le nouveau président du RNI l'a martelé avec force : le Rassemblement veut ouvrir un débat avec le PJD pour qu'il clarifie son positionnement sur l'échiquier politique. « On ne peut plus continuer à entretenir un tel flou, les modernistes faisant affaire avec les obscurantistes », a dit en substance S. Mezouar. Le leader du PJD lève les yeux au ciel avant de soupirer. « Mais de quelle étiquette se prévaut M. Mezouar pour nous demander une quelconque clarification ? Il est dans la majorité, aux commandes du pouvoir, nous sommes sur les bancs de l'opposition. Nous, nous sommes très clairs, c'est plutôt lui qui n'y voit pas grand-chose. Le nouveau patron du RNI n'a pas la moindre raison de se poser de telles questions si ce n'est le fait qu'il veut plaire et s'acheter une place auprès du PAM ! » s'exclame Abdelilah Benkirane.
Visiblement, c'est une lune de fiel qui s'installe dans le ciel des relations -jusque-là courtoises-  RNI et PJD. Mardi soir, seuls Saad-Eddine El Othmani, le président du conseil national des islamistes, et Yatim, le patron du syndicat proche du PJD étaient présents sur le plateau de Hiwar. Abdelilah Benkirane, Mustapha Ramid et Lahcen Daoudi ont décliné l'invitation du nouveau leader du Rassemblement national des indépendants. « Nous avons refusé de nous y rendre. S. El Othmani, lui, a choisi d'être présent sur le plateau… », lâche le secrétaire général du Parti Justice et développement, celui-là même qui n'a pas félicité Salaheddine Mezouar au lendemain de son élection à la tête du parti. L'universitaire et titulaire de la chaire des droits de l'Homme à la Faculté de droit de Rabat, Ali Sedjari, est formel : aucun parti n'a le droit de donner d'ordre à un autre. « Nous sommes dans un jeu démocratique qui se définit par rapport à un référentiel et à l'action sur le terrain. Mais il faut le reconnaître, la loi sur les partis n'est pas arrivée à séparer le religieux du politique. Sauf qu'en démocratie lorsque deux partis s'opposent comme le PAM et le PJD ou encore le RNI et le PJD, la confrontation doit se faire sur le terrain et à travers les projets de société qui doivent nécessairement être mis en concurrence et en compétition. Il est temps que les acteurs politiques atteignent un stade de maturité», explique A. Sedjari tout en déplorant « la confusion des genres et la confrontation  stérile », véritables signes extérieurs de la vie politique en terre marocaine.
La passe d'armes entre le RNI et le PJD est-elle annonciatrice du projet de recomposition du champ politique, un concept qui n'en finit pas de traverser le discours partisan ? Le  rendez-vous des législatives est encore loin. En deux ans, alliances et mésalliances peuvent être faites et défaites. 


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