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Le Onze national appelé à redorer son blason

Gagner face à une Zambie accrocheuse tout en rassurant sur la forme et l’état d’esprit

Jeudi 6 Juin 2024

Le Onze national appelé à redorer son blason
Ce soir, la sélection marocaine de football disputera un match important dans la course aux qualifications de la Coupe du monde 2026. A 20h00, dans le Grand stade d’Agadir, les Lions de l’Atlas croiseront le fer avec leurs homologues zambiens, pour le compte de la 3ème journée des éliminatoires (groupe E). 

Quatre jours plus tard, un autre défi de taille les attendra contre l'équipe nationale du Congo. Ce match, initialement programmé au stade des Martyrs à Kinshasa, pourrait être délocalisé au stade Alphonse Massambat-Débat de Brazzaville après sa récente certification par la FIFA. Ces deux rencontres déterminantes cristallisent les espoirs et les tensions autour de la qualification pour le prestigieux tournoi mondial. Elles constituent également une opportunité et une épreuve pour les hommes de Walid Regragui en quête de gloire et de rédemption.

Le Maroc, actuel leader de sa poule avec 3 points, partage cette position avec la Zambie, le Niger et la Tanzanie. Toutefois, la sélection marocaine, contrairement à toutes les équipes de son groupe, n’a disputé qu’un seul match en raison du retrait de la sélection érythréenne des éliminatoires, sans motif officiel. Ce retard de calendrier confère une pression supplémentaire aux protégés de Walid Regragui, leur imposant une obligation de résultat pour maintenir leur pole position.
 
Deux absences pour raisons personnelles
 
Les Lions de l’Atlas abordent ces deux confrontations avec une dynamique positive. Cependant, le chemin vers le Mondial 2026 n’est pas exempt de défis. Les absences notables de Noussair Mazraoui (Bayern Munich) et d'Amir Richardson (Stade de Reims), pour raisons personnelles, soulèvent des questions sur l’alignement optimal de l’équipe. Walid Regragui a décidé de ne pas faire appel à de nouveaux joueurs pour les remplacer, comptant sur les autres Lions déjà convoqués pour pallier ces absences, notamment sur Yahia Attiyat Allah, ancien du Wydad Casablanca, qui est pressenti pour combler le vide laissé par Mazraoui.

Le sélectionneur national, fort de son expérience et de ses succès antérieurs, notamment la conduite de son équipe jusqu'au dernier carré de la Coupe du monde 2022 au Qatar, est donc en quête des mots justes et des stratégies adéquates pour mener les Lions de l’Atlas vers de nouvelles réalisations.
 
Des joueurs en forme, prêts à performer
 
L'état de forme physique et mentale des joueurs est également au centre des préoccupations. Christophe Baudot, médecin de l’équipe nationale, a souligné les efforts déployés pour maintenir les joueurs en forme, prêts à performer, en dépit des blessures et de la fatigue accumulée durant leurs engagements respectifs. «Nous avons beaucoup de joueurs qui ont pris part à des finales et des barrages. Donc, on a de la qualité athlétique et de la santé à maintenir. Il y a pas mal de joueurs qui ont quelques soucis médicaux, mais on veille à bien les soigner et les préparer », a-t-il déclaré au micro de la Fédération Royale marocaine de football (FRMF). «Plusieurs joueurs ont accepté de venir cinq à six jours avant le rassemblement pour se faire soigner. Cela montre la confiance qu’ils placent dans les structures de la Fédération, notamment le staff médical », a estimé le médecin. «Nous avons donc commencé à travailler tôt. Aujourd’hui, tout va bien, tout le monde est enthousiaste et j’espère que cela continuera ainsi», a-t-il conclu.
 
Le poids de l'histoire et l'ombre du passé
 
L'histoire des confrontations entre le Maroc et la Zambie est riche en enseignements et en émotions. Leur rivalité ne date pas d’hier. En effet, les deux sélections se sont affrontées à 16 reprises, se partageant des victoires marquantes et des matchs mémorables. Le Maroc domine ces face-à-face avec 9 victoires, démontrant souvent sa supériorité technique et tactique. La Zambie, de son côté, a su tirer son épingle du jeu avec 5 victoires, témoignant de sa capacité à rivaliser avec les meilleures équipes africaines. Les deux sélections se sont également neutralisées à deux reprises.

Ces confrontations se répartissent entre différentes compétitions prestigieuses, notamment les qualifications pour la Coupe du monde (8 matchs), la Coupe d’Afrique des nations (3 matchs), le Championnat d'Afrique des nations (1 match), mais aussi des rencontres amicales (4 matchs).

L'un des affrontements marquants remonte aux  qualifications pour la Coupe du monde 1974. En effet, en octobre 1973, le Maroc, favori incontesté, avait subi une défaite cuisante 4-0 à Lusaka. Une défaite mémorable, la plus lourde jamais enregistrée par une équipe nationale marocaine face à une formation africaine non-maghrébine. Bien que les Lions de l’Atlas aient remporté le match retour 2-0, cette victoire n’a pas suffi à effacer la désillusion initiale, exacerbée par l'arbitrage controversé du referee ghanéen Major Lamptey. Ce traumatisme historique reste gravé dans les mémoires et sert de rappel poignant des écueils possibles sur la route des qualifications. Il souligne également l'importance de ne pas sous-estimer un adversaire, peu importe le passé récent des rencontres.

Une autre opposition mémorable remonte à la qualification pour la Coupe du monde 1994. Lors de cette double confrontation décisive, le Maroc avait perdu le 1er match en Zambie (2-1), avant d’assurer sa place pour le Mondial en s’imposant (1-0) lors du match retour à Casablanca. Ces deux matchs revêtaient une importance particulière car ils ont eu lieu peu après la tragédie aérienne qui avait décimé l'équipe zambienne en 1993, rendant la rencontre émotionnellement chargée. 

La dernière confrontation entre les deux sélections date de la dernière Coupe d’Afrique des nations en Côte d’Ivoire. Le Maroc s’était difficilement imposé grâce à un but de Hakim Ziyech, en match comptant pour la 3ème journée de la phase de poules. La victoire des Lions de l'Atlas, acquise sur ce score serré, a été marquée par une forte résistance de la part des zambiens. Ils ont notamment réussi à mettre en difficulté la défense marocaine tout au long de la rencontre, démontrant que leur équipe peut être un adversaire redoutable, capable de poser de sérieux problèmes même aux équipes les plus aguerries.

La confrontation en CHAN et les matchs amicaux ont également été des occasions pour les deux équipes de s'affronter sans la pression des grands tournois, mais toujours avec une compétitivité qui ravit les supporters des deux camps.
Il faut dire que cette rivalité historique, marquée par des victoires éclatantes, des défaites douloureuses et des matchs équilibrés, continue de captiver les passionnés de football et de renforcer le respect mutuel entre les deux sélections.
 
Une armada d’attaquants de haut niveau
 
La véritable clé de la qualification du Maroc réside peut-être dans son secteur offensif. Regragui dispose d’un éventail impressionnant de talents en attaque, incluant Soufiane Rahimi (22 buts cette saison avec son club d’Al Ain), Ayoub El Kaabi (33 buts avec l’Olympiakos) et Youssef En-Nesyri (19 buts avec le FC Séville). Cependant, cette abondance d’options, soutenue par des créateurs de talent tels que Hakim Ziyech et Ibrahim Diaz, n’a pas encore traduit le potentiel escompté sur le terrain, comme en témoignent les récentes performances mitigées lors des matchs amicaux de mars dernier. Une victoire étriquée contre l’Angola et un nul décevant face à la Mauritanie.

Les critiques envers le style de jeu conservateur de Regragui se sont d’ailleurs intensifiées après ces deux rencontres. Les supporters et analystes plaident pour une approche plus offensive, à même de déstabiliser les défenses adverses. Si la stratégie prudente qui repose sur une solide organisation défensive a porté ses fruits contre des équipes de calibre mondial, elle s’est avérée moins efficace face à des formations africaines plus repliées. Regragui doit donc faire preuve d'adaptabilité, en ajustant son dispositif tactique pour exploiter pleinement le potentiel offensif de son équipe. 
 
Maximiser l’efficacité offensive tout en conservant la stabilité défensive
 
En effet, sous la direction de Walid Regragui, mis à part les deux dernières confrontations amicales du mois de mars, disputées sous un système de jeu diffèrent (4-2-3-1), la tactique des Lions de l’Atlas s’articule principalement autour d’un 4-1-4-1, un système qui repose sur une défense solide, une maîtrise du milieu de terrain et une transition rapide vers l'attaque. Ce schéma nécessite néanmoins des ajustements pour maximiser l’efficacité offensive tout en conservant la stabilité défensive.

En défense justement, le sélectionneur marocain devrait s’appuyer sur Yahia Attiyat Allah pour occuper le flanc gauche, tandis qu’Achraf Hakimi, avec son énergie et sa polyvalence, maintient son poste à droite. Les centraux Nayef Aguerd et Romain Saïss, alliant expérience et robustesse, forment une charnière centrale difficile à pénétrer. Leur coordination est cruciale pour contenir les attaques adverses, notamment face à des équipes zambienne et congolaise connues pour leur vitesse et leur jeu physique.

Le milieu de terrain est ancré par Sofyan Amrabat. Suspendu pour le premier match, le joueur de Manchester United sera de retour pour l'épreuve du mardi contre le Congo. Son rôle de sentinelle est essentiel pour la récupération du ballon et la couverture défensive alors que sa capacité à lire le jeu et à casser les lignes de passes adverses donne une assise solide à l'équipe. Contre la Zambie, il sera probablement suppléé par le milieu de terrain de Bologne, Oussama El Azzouzi.
Devant lui, des joueurs comme Azzedine Ounahi, Bilal El Khannouss ou Brahim Diaz sont chargés de lier la défense à l’attaque. Ce dernier, avec sa vision de jeu et sa capacité à dicter le tempo, joue un rôle de régulateur, tandis qu’El Khannouss et Ounahi apportent créativité et mouvement, cherchant constamment à briser les lignes adverses avec des passes incisives.

Les ailes sont occupées par Hakim Ziyech et Ilyess Bensghir, des joueurs capables de créer des déséquilibres par leur dribble, leur vitesse et leur capacité à centrer avec précision. Ziyech, sur le flanc droit, est particulièrement dangereux avec ses passes diagonales et ses tirs à longue distance, alors que Bensghir, sur la gauche, utilise sa rapidité pour pénétrer les défenses et offrir des solutions en profondeur. Ces deux joueurs doivent constamment chercher à combiner avec les attaquants et les milieux pour créer des situations de surnombre.

En pointe, Youssef En-Nesyri et Ayoub El Kaaabi constituent le fer de lance de l'attaque marocaine. Leur capacité à jouer dos au but, à dévier les ballons pour leurs coéquipiers et à finir les actions dans la surface en fait une menace constante. Cependant, leur efficacité dépend grandement du soutien qu’ils reçoivent des milieux de terrain et des ailiers. Le défi pour Regragui est de s’assurer que l’équipe ne devienne pas trop prévisible, en évitant de s’appuyer uniquement sur les centres pour les deux attaquants.

Soufiane Rahimi, pour sa part, est un attaquant avec un profil différent. Exceptionnel cette saison, il ne cesse d'impressionner avec ses performances époustouflantes au sein de son club. Joueur d'une vivacité remarquable et doté d'une rapidité foudroyante, Rahimi excelle à exploiter les espaces et à provoquer les fautes chez ses adversaires, tout en leur imposant une pression constante. Son jeu offensif incisif, toujours axé vers le but, le rend redoutable sur les 30 derniers mètres. Ses exploits ont été particulièrement marquants en Ligue des champions asiatique, où il a été décisif pour son équipe, la menant à la victoire finale. Couronnant ses performances, il a été élu meilleur joueur de la compétition et meilleur buteur aves 13 réalistions.

Pour diversifier l’attaque, Regragui pourrait envisager des permutations positionnelles entre les ailiers et les milieux offensifs, créant ainsi de l’incertitude chez l’adversaire. L’utilisation de passes courtes et rapides pour déstabiliser les blocs bas, ainsi qu’une plus grande mobilité des attaquants pour créer des espaces, sont des aspects à développer. De plus, l’intégration de joueurs comme Amine Adli ou Ilias Akhomach, en tant qu’option offensive supplémentaire, peut apporter des solutions variées et imprévisibles.

En phase de transition offensive, l’accent doit être mis sur la rapidité et la précision. Les Lions de l’Atlas ont souvent montré leur capacité à se projeter rapidement vers l’avant après une récupération de balle. Cette stratégie de contre-attaque doit être soigneusement orchestrée, avec une attention particulière à la synchronisation des mouvements et à la prise de décision dans les derniers mètres.

Enfin, les coups de pied arrêtés sont également un domaine où le Maroc peut capitaliser sur sa supériorité physique et technique. Une préparation minutieuse des corners et des coups francs, avec des schémas tactiques variés, peut s'avérer décisive dans des matchs serrés.
En somme, la clé du succès pour le Maroc dans ces éliminatoires réside dans la flexibilité tactique et la capacité à s’adapter aux différents styles de jeu de ses adversaires. Walid Regragui doit trouver le juste équilibre entre solidité défensive et créativité offensive, tout en tirant parti des qualités individuelles de ses joueurs pour bâtir une équipe cohérente et efficace.

Les matchs contre la Zambie et le Congo seront donc des tests cruciaux pour évaluer cette stratégie et ajuster les éléments nécessaires pour poursuivre sereinement le chemin vers la Coupe du monde 2026. Un chemin semé d'embûches, mais également pavé d'espoir et de promesses.

Les Lions de l'Atlas ont tout pour réussir, il leur suffit de croire en eux-mêmes et de jouer avec la passion et la détermination qui ont toujours caractérisé le football marocain.

Mehdi Ouassat


Mehdi Ouassat

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