1- Zouheir Mohamed Toubaiti, ayant effectué en 2000 un voyage en Afghanistan et rencontré Oussama Ben Laden. Il était marié à une marocaine, Rajae Ben Moujane, qui a trouvé la mort à Kandahar, lors d'une attaque aérienne américaine.
Ensuite, il est entré au Maroc en 2001 et s'est marié à une autre marocaine, Bahija Hidour, membre du MUR (Mouvement de l'unité et de la réforme proche du Parti de la justice et du développement). Il a été accusé de "constitution d'une bande criminelle et résidence illégale".
2- Hilal Jaber Oussairi, alias Abû al-Hija, marié à une Saoudienne, en 2000, il s'est marié à une Marocaine, Naïma Haroune, qui l'a accompagné en Afghanistan munie d'un faux passeport. Oussairi a été accusé de "constitution d'une bande criminelle, résidence illégale, corruption et utilisation de documents falsifiés".
3- Abdellah ben M'seffer ben Ali Al-Ghaziri Al-Ghamdi, qui a séjourné en Afghanistan en 2000, accusé également de "constitution d'une bande criminelle et résidence illégale", était à Lahore où il a rencontré Jaber Oussairi.
Le ministère de l'Intérieur avait annoncé que ces trois personnes préparaient des actes terroristes à l'intérieur du pays et à partir de Sebta et Mellilia contre des navires occidentaux transitant par le Détroit de Gibraltar.
Au même moment, Abdellah Tabarak, alias Abû Omar, ancien receveur d'autobus, a été arrêté en Afghanistan, pour avoir donné l'idée d'attaquer l'industrie touristique marocaine à Tbaïti.
Tabarak a quitté le Maroc en 1989 pour rejoindre Ben Laden au Soudan puis en Afghanistan.
Le 13 juin 2002, sept personnes, les trois Saoudiens précités et quatre Marocains, furent traduites devant le procureur général du Roi près la Cour d'appel de Casablanca.
Le 25 juin 2002, un fonctionnaire de la Cour d'appel et un membre de la police des frontières qui avait visé, en échange de 200 dirhams, le faux passeport saoudien de la femme d'Al Oussairi, étaient arrêtés. On arrivait donc à un total de dix personnes sous les verrous.
Le 21 février 2003, les trois Saoudiens écopèrent d'une peine de 10 ans de prison chacun. Les trois femmes Bahija, Houria Hidour et Naïma Haroune ont été condamnées à 6 mois de prison ferme et d'une amende de 500 DH chacune.
Mohamed Nadiri, le propriétaire d'une laiterie de Rabat-Salé, qui était poursuivi pour avoir reçu, sur un compte bancaire, des fonds destinés aux Saoudiens, a eu un an de prison, alors que son frère, El Hachem Nadiri, a été acquitté.
Mohamed Mefamane a eu 1 an de prison, dont 10 mois fermes, pour avoir aidé financièrement les Saoudiens.
L'agent de la police des frontières a eu 4 mois de prison ferme, en sus d'une amende de 500 DH.
Youssef Fikri, Zakaria Miloudi et les autres
En septembre 2002, un groupe est arrêté à Nador. Il était mené par Youssef Fikri, l'"Emir" du groupe islamiste Hijra wa Takfir (Exil et excommunication) et auteur de plusieurs meurtres.
Ce réseau a été dévoilé d'une façon rocambolesque. Une équipe, composée surtout de voyous, s'empare d'un taxi afin de l'utiliser pour un enlèvement. Le chauffeur est enfermé dans le coffre de la voiture, mais il parvient à s'échapper lors d'un arrêt à une station-service et donne l'alarme. Les malfaiteurs sont arrêtés et les policiers découvrent, stupéfaits, que ce groupe est à l'origine de plusieurs affaires criminelles qui se sont déroulées entre 1998 et 2002.
Lors de son interrogatoire, les policiers apprennent que Fikri venait d'assassiner Aziz Saâdi, un notaire casablancais, porté disparu depuis le 11 septembre 2001 et dont le corps a été retrouvé à Casablanca.
En juillet 2002, Fikri assassine froidement son oncle "homosexuel", à Douar Sekouila, à Casablanca, à qui il reprochait de sentir l'alcool. Il se fera arrêter par la police à Tanger. On attribuera à cette même cellule, cet été 2002, plusieurs meurtres et divers autres délits. Elle aurait été créée à Sidi Moumen avant de s'étendre à diverses villes du pays.
L'enquête a révélé l'existence d'une série de meurtres d'inspiration religieuse. Les inculpés -neuf jeunes gens âgés de 22 à 32 ans (voir tableau 1 en Annexes)- ont reconnu avoir enlevé puis égorgé le notaire parce qu'ils le jugeaient "impie", et avoué avoir assassiné trois autres personnes pour le même motif, dont un couple à Sidi Bernoussi et un policier de Salé.
De même, en février 2002, Fouad Kerdoudi, un dealer du quartier de Sidi Moumen à Casablanca où logeaient tous les membres du commando du 16 mai, a été lapidé, en exécution d'une Fatwa, parce qu'il insultait, pris de boisson, la religion musulmane. Le commanditaire de ce crime, Zakaria Miloudi, "guide spirituel" d'Assirate Al-Moustaquim (le droit chemin), dont l'apparition remonte à l'été 2001, et plusieurs de ses complices sont alors arrêtés. Les policiers ont annoncé, suite à une perquisition, que ce groupe, responsable de plus de 150 agressions allant du vol au kidnapping, en passant par le hold-up, était en relation avec Al-Qaïda. Les enquêteurs ont saisi une disquette laissée par un "instructeur du mouvement terroriste. Elle contenait des recettes pour la fabrication et l'usage d'explosifs et expliquait comment transformer des carabines de 9 millimètres, en vente dans le commerce, en véritables armes de guerre. Les 11 membres du groupe Miloudi ont été jugés et lourdement condamnés.
Incarcéré dans la prison centrale de Kénitra, Zakaria Miloudi est décédé, le 14 novembre 2006 "des suites d'une crise d'asthme aiguë", selon un communiqué de la Direction de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion, relevant du ministère de la Justice.
Une autre première au Maroc consiste en le vol de fusils d'assaut dans une caserne de Guercif, en janvier 2003, dont l'auteur serait un simple soldat de 2ème classe, Youssef Amrani, âgé de 22 ans.
Lundi 15 avril 2002, un "Marocain Afghan", Ali Allam, est arrêté avec trois autres personnes à Rabat, pour formation d'un réseau de falsification de passeports et de visas. Il comparaîtra le 26 mai devant un tribunal de Rabat.
Al Allam avait participé à des entraînements en Afghanistan au début des années quatre-vingt-dix.
Au début du mois d'avril 2002, cinq individus ont été arrêtés à Hay An-nahda. Tous sont des anciens "Afghans".
Un bilan des actes criminels attribués à des intégristes et inventoriés depuis 1999, faisait état, en août 2002, de 6 meurtres et 150 agressions.
Quelques jours avant le 16 mai 2003, un tract distribué dans des mosquées de Casablanca disait que "seule la guerre est à même de conduire à la création d'un État islamique" et que "le jihad commence par la guerre contre l'ennemi proche, c'est-à-dire ceux qui se disent être musulmans mais ne le sont pas". Ce tract a été publié dans certains journaux et considéré comme une simple menace sans lendemain.
Pourtant, le message ne laissait aucun doute et annonçait déjà l'apocalypse. Le jour "J", un groupe de terroristes se dirigea vers des objectifs précis de la métropole, dont la symbolique est claire.
Les explosions ont touché l'Alliance juive, le cimetière juif de l'ancienne médina et le restaurant italien Positano, qualifé d'"espace sioniste", dont le propriétaire est de confession juive, l'hôtel Farah et le club Casa España.
En frappant ces deux derniers lieux, les terroristes ont voulu signifier que le but n'est pas seulement de punir les juifs mais de porter un coup à l'industrie touristique qui emploie 600 000 salariés et qui est considérée comme la deuxième source de devises de l'Etat marocain. Les objectifs escomptés sont connus: aggraver davantage la situation économique du pays et accentuer la paupérisation de ses habitants, et ce, dans un contexte international exacerbé induit par la guerre contre l'Irak et la crise en Palestine. Le but étant de priver le Royaume d'importantes rentrées en devises et de renforcer le mécontentement social en vue d'élargir la base sociale des islamistes radicaux.