Sanae et Imane, les jumelles de Salé
Le 26 septembre 2003, à l'âge de 14 ans, Sanae et Imane Laghrissi sont accusées par la Cour pénale de Rabat de tentative d'attentat contre un supermarché de la capitale, d'association de malfaiteurs ayant pour objectif de commettre des actes terroristes, de collecte de fonds à cette fin, d'atteinte aux valeurs sacrées, de mendicité, de tenue de réunions publiques sans autorisation et de conspiration.
Les mises en cause ont écopé de cinq ans de prison ferme chacune et transférées au centre de redressement "Zaki" de Salé.
Les deux jumelles sont nées en 1989, dans un logement situé sur la terrasse d'une vieille maison du quartier Jbal Raïssi, à Rabat.
Ayant grandi à Douar Al Hajja (Commune de Youssoufia), un des quartiers les plus pauvres de la capitale, c'est dans la mosquée de Rachid Nafaa, au quartier industriel de Youssoufia qu'elles seront recrutées par des extrémistes religieux.
A l'âge de treize ans, elles portent déjà le voile et quittent l'école. En fin d'été 2003, elles décident de passer à l'action. Après prospection de certains lieux, elles tentèrent de faire exploser "Label vie", un magasin de la capitale. Le 3 septembre 2003, deux quotidiens marocains ont fait état d'informations selon lesquelles deux sœurs qui porteraient le nom de famille "Laghrissi", préparaient un attentat en liaison avec des groupes intégristes marocains.
Une source policière contactée par l'AFP a confirmé l'arrestation des deux sœurs "plusieurs jours" avant la date fixée pour l'attentat - qui devait être perpétré dans un supermarché du Souissi, un quartier résidentiel de la ville. Elles ont été interpellées sur dénonciation, a ajouté la même source sans autre précision.
Selon les quotidiens "Al Ittihad Al Ichtiraki" et "Assabah", les sœurs en question avaient écrit à l'imam d'une mosquée de Rabat pour s'assurer de la "légalité" de l'action qu'elles préparaient. Elles auraient alors reçu une réponse négative. Elles auraient ensuite contacté deux groupes islamistes marocains, "Ahl Assounna wal Jamaâ" et "Al Hijra wa Attakfir" , qui leur ont fourni des écrits sur le jihad (guerre sainte), "ce qui a conforté chez elles l'idée de l'attentat-suicide", selon "Al Ittihad Al Ichtiraki". "Assabah" rapporte de son côté que l'une des deux sœurs projetait de se faire exploser dans le rayon des vins et alcools dudit supermarché.
Mendiante de son état, Rachida Drii, leur mère, aurait vendu tous ses biens pour être présente auprès de ses filles lors des audiences de leur procès, au cours duquel les avocats avaient plaidé les circonstances atténuantes, mettant en avant l'environnement social très difficile des fillettes et dénonçant l'exploitation, par des adultes intégristes, de "leur jeune âge et leur naïveté". Des peines de 4 à 16 ans de prison ont été prononcées, dans la nuit de mardi 2 à mercredi 3 septembre 2003, à l'encontre des 20 islamistes poursuivis pour activités terroristes en liaison avec les sœurs jumelles condamnées le 2 septembre, par la Chambre criminelle de Rabat. Les trois principaux accusés de ce groupe, Hassan Chaouni, un plombier, Abdelkader Labsir et un ancien soldat, Saïd Fafa, ont été condamnés à 16 ans de réclusion. Ils étaient notamment accusés d'avoir poussé les jeunes mineures Imane et Sanae, âgées de 14 ans, à concevoir un projet d'attaque-terroriste contre un supermarché du Souissi, un quartier résidentiel de la capitale. Des peines de réclusion ont été infligées aux dix-sept autres membres de ce groupe, tous intégristes présumés, âgés de 22 à 32 ans: une peine de 14 ans, deux de 12 ans, quatre de 10 ans et dix autres de huit et de quatre ans. Condamnées à cinq ans de prison, Imane et Sanae ont été relaxées après avoir bénéficié d'une grâce Royale en août 2005.
Le récidiviste Abdelfettah Raydi et ses acolytes
Arrêté au lendemain des attentats du 16 mai 2003 pour son implication dans ces événements et condamné à 5 ans d'emprisonnement, Abdelfettah Raydi purge deux années au centre pénitentiaire de Salé avant de bénéficier d'une grâce Royale en novembre 2005.
Il s'est fait exploser, le 11 mars 2007, dans un cybercafé de Sidi Moumen, à l'âge de 24 ans. Fils d'un épicier, après la séparation de ses parents, il s'est installé, depuis 2002, au bidonville Thomas, à Sidi Moumen, avec sa mère et ses cinq frères et sœurs. Il abandonne l'école avant d'atteindre l'enseignement secondaire et n'exerce aucun métier. A sa sortie de prison, il reprend contact avec des membres du Groupe islamique combattant marocain (GICM) et se lie d'amitié avec Youssef Khodri, le rescapé de l'attentat du 11 mars 2007, un jeune homme de 18 ans, marchand de menthe, connu pour sa dépendance pour la "colle à sniffer", qui a rallié le mouvement intégriste deux années auparavant.
Le 11 mars 2007, à 21h45, Abdelfettah Raydi et Youssef Khodri, munis de ceintures explosives et d'armes blanches, se dirigèrent vers un cybercafé, situé sur l'avenue Adarissa à Sidi Moumen. Ils attirent l'attention par leur comportement, ce qui pousse le fils du propriétaire des lieux, Mohamed Faïz, à redoubler de vigilance. Ils prennent place devant un poste parmi les six inoccupés. Abdelfettah Raydi essaie d'accéder à un site. Vainement. Il perd son sang-froid et commence à taper fort sur le clavier. Ses agissements ne sont pas du goût du gérant, qui lui demande de se calmer. En s'approchant de lui, il remarque que son client est connecté à un site de propagande islamiste. Abdelfettah Raydi s'excuse d'avoir malmené le clavier et détourne son regard. Deux minutes plus tard, il recommence. Mohamed Faïz, âgé de 27 ans, adepte du full-contact, s'énerve. Une altercation éclate entre les deux hommes. Tandis que les autres clients s'en mêlent pour les calmer, Youssef Khodri envenime la situation en proférant des menaces. Le gérant voit rouge. Il ferme les portes du cybercafé pour empêcher les deux perturbateurs de s'enfuir avant de tenter d'appeler la police. Pris de panique, Abdelfettah Raydi court vers le fond de la salle. C'est à ce moment-là qu'une déflagration se produit.
Mohamed Faïz présente de simples contusions. Les deux autres clients sont blessés, l'un touché à l'œil droit par un projectile métallique, l'autre souffrant de brûlures au niveau du visage et du torse et d'un traumatisme sonore provoqué par la déflagration. Les trois blessés sont transportés à l'hôpital Mohammed V de Hay Mohmmadi à Casablanca.Youssef Khodri, légèrement blessé, s'est enfui en direction de l'hôpital de Sidi Othmane. Les policiers l'ont arrêté quelques heures plus tard grâce aux indications d'un veilleur de nuit. Sur le chemin, Youssef Khodri se débarrassa de sa ceinture explosive et de son couteau.