Le Haut commissariat au plan tire la sonnette d’alarme : Les organismes de retraite déficitaires dès 2050


Nezha Mounir
Vendredi 10 Août 2012

Le Haut commissariat au plan tire la sonnette d’alarme : Les organismes de retraite déficitaires dès 2050
Eviter le déficit qui menace les organismes de retraite à l’horizon 2050, éclairer les prises de décision, c’est ce qui a poussé le Haut commissariat au plan (HCP) en partenariat avec le Centre d’études prospectives et d’information international (CEPII) en France à établir une étude. C’est un travail de longue haleine qui a nécessité plus d’an de recherches afin de développer un modèle d’équilibre général à générations imbriquées pour projeter la tendance de la situation actuelle et simuler des scénarios alternatifs sur la base d’un ensemble d’hypothèses concernant le système de retraite au Maroc». Le financement des retraites nécessite pour son bon fonctionnement une croissance économique soutenue et un équilibre démographique permanent.
Ainsi au Maroc, la population cotisant à ces régimes a enregistré au cours de la période 2000-2009, un accroissement moyen de 3,9%, soit 3,2 millions de travailleurs, ce qui représente 30 % de la population active. Ce faible niveau de couverture s’explique notamment par les facteurs structurels du marché de l’emploi. Un taux d’emploi de l’ordre de 45% et un taux de sous-emploi d’environ 11%. A cela s’ajoute le poids du secteur agricole et de l’informel.
En outre, la dégradation du rapport démographique a entraîné un déséquilibre entre les dépenses et les ressources des différents régimes. En effet, alors que le niveau des cotisations est en baisse continue, passant de 3,43% du PIB en 2005 à 3,2% en 2009, celui des dépenses s’est accru progressivement de 2,51% du PIB à 2,97% respectivement.
Par ailleurs, la situation  financière des systèmes de retraite sera encore plus affectée dans l’avenir en raison de la transition démographique avancée au Maroc. Ainsi l’effectif des personnes âgées de 60 ans et plus passerait de 2,7 millions en 2010 à 10,1 millions en 2050.
C’est en prenant compte de toutes ces données que l’étude du HCP propose quelques scénarios fournissant un cadre cohérent qui permet d’analyser les impacts du choc démographique sur l’évolution de l’offre du travail.
 Le premier scénario propose l’augmentation du taux de cotisation, ce qui serait inacceptable pour les travailleurs marocains. Le deuxième scénario envisagerait pour sa part une augmentation des cotisations patronales et salariales. Des efforts colossaux sont à envisager. Les taux de cotisation devraient passer de 11,89% à 65% entre 2010 et 2050 pour la CNSS, de 20% à 50,5% pour la CMR, de 18% à 72,7% pour le RACR et de 12,84% à 63,7% pour la CIMR.
 Au niveau du scénario S3, la réduction de la valeur des retraites devraient représenter en 2015 près de 23% pour la CMR, 20% pour la CNSS, 49,4% pour la CIMR et près de 60% pour la RACR, et les réductions seraient encore importantes d’ici 2050. Pourquoi ne pas augmenter l’âge de départ à la retraite en le plaçant à 62 ans à partir de 2015 ? C’est le S4.  Seulement, au final, cette solution ne génèrerait qu’une baisse de 0,4% du déficit prévu d’ici 2050 (7,4%), plaçant celui-ci à 7%.
Aux termes du  scénario S5,  l’affiliation pour tous les nouveaux travailleurs serait obligatoire à partir de 2015. Le taux de couverture atteindrait presque 90% à l'horizon 2050 au lieu de 30% retenu dans le scénario de base S1. Le scénario S6 évalue quant à lui les effets d’une évolution à la hausse des taux d’activité au Maroc. Ce serait peut-être la meilleure solution dans la mesure où elle permettrait de faire baisser le déficit à 5,5% en 2050. Or, cette solution aurait notamment pour conséquence d’augmenter le taux de chômage.
En dernier lieu, les  S7 et  S8  proposent la réorganisation du système de retraite. Selon le centre d’études, la fusion CNSS, CMR et RCAR devait donner lieu à un déficit de 3,5% d’ici 2050. La fusion de la CMR et du RCAR devrait quant à elle réduire le déficit jusqu’à 0,5%. Conséquence, un taux de remplacement très élevé estimé à 60% et une perte de pouvoir d’achat.


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