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Il n'a pas la popularité du milliardaire Warren Buffett mais son influence est immense: Larry Fink pilote Blackrock, un monstre financier de 7.000 milliards de dollars confiés par des particuliers, des fonds de pension ou des syndicats.
A 67 ans, ce père de trois enfants, toujours tiré à quatre épingles, veut user de son pouvoir pour écrire le bréviaire du capitalisme nouveau tout en se targuant de panser les plaies causées par l'ancien, comme le creusement des inégalités sociales et la paupérisation des plus fragiles.
"Pour prospérer au fil du temps, toute entreprise doit non seulement produire des résultats financiers, mais également montrer comment elle apporte une contribution positive à la société", prône-t-il, en janvier 2018, dans sa traditionnelle lettre annuelle aux patrons.
Mardi, M. Fink a promis de faire de Blackrock un leader dans les investissements durables et responsables, tentant de répondre ainsi aux critiques de double jeu émises par les ONG.
L'image progressiste de cet important donateur du parti démocrate aux Etats-Unis contraste avec la France, où Blackrock se retrouve accusé, par les opposants à la réforme des retraites du président Macron, de vouloir imposer un régime de pension par capitalisation.
Les démentis catégoriques et répétés de l'entreprise, qui n'est pas un fonds de pension et ne propose pas de plans d'épargne retraite, n'y font rien. Blackrock n'hésite en revanche pas à donner son analyse sur les lois susceptibles d'affecter l'argent de ses clients, comme en l'espèce.
M. Fink, crâne en partie dégarni et lunettes fines, a le parler franc qui le distingue des autres PDG dans l'Amérique de Donald Trump, amèrement divisée sur l'immigration, les armes ou le changement climatique.
"Larry Fink est prêt à aborder des sujets de société et politiques controversés que la plupart des grands patrons veulent à tout prix éviter", souligne auprès de l'AFP Andrew Ross Sorkin, journaliste vedette au New York Times et à CNBC.
Peu importe que l'économie américaine carbure encore aux énergies fossiles ou que certains de ses clients vivent dans des régions où fleurissent les climato-sceptiques, il a menacé récemment de s'opposer aux directions peu sensibles au développement durable. Il a les moyens de se faire entendre: Blackrock est actionnaire d'ExxonMobil et de Chevron.
Pour le milliardaire Samuel Zell, Larry Fink est "extraordinairement hypocrite".
"Quand vous utilisez l'argent des gens pour promouvoir un point de vue avec lequel ils pourraient être en désaccord, c'est franchir la ligne rouge", fustige pour sa part Charles Elson, spécialiste des questions de gouvernance à l'université du Delaware.
Larry Fink a co-fondé Blackrock avec un autre titan de la finance américaine, Stephen Schwarzman, en 1988, près d'un an après le "Black Monday", ce jour du 19 octobre 1987 quand Wall Street s'est effondré.
Le but est non seulement d'investir l'argent des autres mais de leur donner des outils sophistiqués pour le gérer.
Blackrock a créé un système d'évaluation des risques baptisé Aladdin, soit des milliers d'ordinateurs qui surveillent et examinent chaque produit financier pour déterminer comment il pourrait être affecté par des événements de toutes natures.
Séduites, les autorités américaines vont se tourner vers Larry Fink lors de la crise de 2008 pour évaluer et aider à administrer les actifs toxiques des entreprises dont le gouvernement fédéral a pris le contrôle.
Blackrock va ainsi veiller sur les 130 milliards de dollars d'actifs pourris de l'assureur en faillite AIG et les 1.200 milliards de dollars de produits financiers adossés à des crédits immobiliers des agences de refinancement des prêts hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac.
Larry Fink "est un des hommes les plus puissants de Wall Street", confie William Cohan, ancien banquier d'affaires. "Imaginez quand Vincent Bolloré était au firmament. Larry Fink c'est 100 fois plus puissant que ça".
"Il contrôle beaucoup d'entreprises, beaucoup d'emplois et beaucoup de commerces", dit encore M. Cohan.
Blackrock, qui gère 7.429 milliards de dollars d'actifs, détient des actions de toutes les sociétés du CAC 40.
Le PDG d'une grande banque américaine a indiqué à l'AFP qu'il ne pouvait s'exprimer sur Larry Fink parce qu'il était prévu qu'il lui demande son soutien prochainement afin de conserver son poste.
Pourtant, M. Fink a connu une longue traversée du désert.
Fraîchement diplômé de l'université de Californie (UCLA), il a débuté sa carrière à Wall Street en 1976 à la banque d'investissement First Boston.
Il est alors chargé de concevoir les produits financiers adossés aux prêts immobiliers. La légende veut qu'il ait développé, avec un autre trader, Lewis Ranieri, le marché de la titrisation des dettes, utilisée par les traders pour confectionner les subprimes à l'origine de la crise financière de 2008.
Ce collectionneur d'art populaire américain connaît alors une ascension fulgurante mais la chute sera tout aussi spectaculaire.
En 1986, il spécule sur une hausse des taux d'intérêt mais l'inverse se produit. Les pertes sont colossales. Tombé en disgrâce, M. Fink quitte la firme deux ans plus tard.
Cette sortie est, avec l'achat d'actions Lehman Brothers, trois mois avant la retentissante banqueroute de la banque, et la faillite en 2010 d'un complexe d'appartements résidentiels new-yorkais, acheté au prix fort, un de ses plus gros échecs.
A 67 ans, ce père de trois enfants, toujours tiré à quatre épingles, veut user de son pouvoir pour écrire le bréviaire du capitalisme nouveau tout en se targuant de panser les plaies causées par l'ancien, comme le creusement des inégalités sociales et la paupérisation des plus fragiles.
"Pour prospérer au fil du temps, toute entreprise doit non seulement produire des résultats financiers, mais également montrer comment elle apporte une contribution positive à la société", prône-t-il, en janvier 2018, dans sa traditionnelle lettre annuelle aux patrons.
Mardi, M. Fink a promis de faire de Blackrock un leader dans les investissements durables et responsables, tentant de répondre ainsi aux critiques de double jeu émises par les ONG.
L'image progressiste de cet important donateur du parti démocrate aux Etats-Unis contraste avec la France, où Blackrock se retrouve accusé, par les opposants à la réforme des retraites du président Macron, de vouloir imposer un régime de pension par capitalisation.
Les démentis catégoriques et répétés de l'entreprise, qui n'est pas un fonds de pension et ne propose pas de plans d'épargne retraite, n'y font rien. Blackrock n'hésite en revanche pas à donner son analyse sur les lois susceptibles d'affecter l'argent de ses clients, comme en l'espèce.
M. Fink, crâne en partie dégarni et lunettes fines, a le parler franc qui le distingue des autres PDG dans l'Amérique de Donald Trump, amèrement divisée sur l'immigration, les armes ou le changement climatique.
"Larry Fink est prêt à aborder des sujets de société et politiques controversés que la plupart des grands patrons veulent à tout prix éviter", souligne auprès de l'AFP Andrew Ross Sorkin, journaliste vedette au New York Times et à CNBC.
Peu importe que l'économie américaine carbure encore aux énergies fossiles ou que certains de ses clients vivent dans des régions où fleurissent les climato-sceptiques, il a menacé récemment de s'opposer aux directions peu sensibles au développement durable. Il a les moyens de se faire entendre: Blackrock est actionnaire d'ExxonMobil et de Chevron.
Pour le milliardaire Samuel Zell, Larry Fink est "extraordinairement hypocrite".
"Quand vous utilisez l'argent des gens pour promouvoir un point de vue avec lequel ils pourraient être en désaccord, c'est franchir la ligne rouge", fustige pour sa part Charles Elson, spécialiste des questions de gouvernance à l'université du Delaware.
Larry Fink a co-fondé Blackrock avec un autre titan de la finance américaine, Stephen Schwarzman, en 1988, près d'un an après le "Black Monday", ce jour du 19 octobre 1987 quand Wall Street s'est effondré.
Le but est non seulement d'investir l'argent des autres mais de leur donner des outils sophistiqués pour le gérer.
Blackrock a créé un système d'évaluation des risques baptisé Aladdin, soit des milliers d'ordinateurs qui surveillent et examinent chaque produit financier pour déterminer comment il pourrait être affecté par des événements de toutes natures.
Séduites, les autorités américaines vont se tourner vers Larry Fink lors de la crise de 2008 pour évaluer et aider à administrer les actifs toxiques des entreprises dont le gouvernement fédéral a pris le contrôle.
Blackrock va ainsi veiller sur les 130 milliards de dollars d'actifs pourris de l'assureur en faillite AIG et les 1.200 milliards de dollars de produits financiers adossés à des crédits immobiliers des agences de refinancement des prêts hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac.
Larry Fink "est un des hommes les plus puissants de Wall Street", confie William Cohan, ancien banquier d'affaires. "Imaginez quand Vincent Bolloré était au firmament. Larry Fink c'est 100 fois plus puissant que ça".
"Il contrôle beaucoup d'entreprises, beaucoup d'emplois et beaucoup de commerces", dit encore M. Cohan.
Blackrock, qui gère 7.429 milliards de dollars d'actifs, détient des actions de toutes les sociétés du CAC 40.
Le PDG d'une grande banque américaine a indiqué à l'AFP qu'il ne pouvait s'exprimer sur Larry Fink parce qu'il était prévu qu'il lui demande son soutien prochainement afin de conserver son poste.
Pourtant, M. Fink a connu une longue traversée du désert.
Fraîchement diplômé de l'université de Californie (UCLA), il a débuté sa carrière à Wall Street en 1976 à la banque d'investissement First Boston.
Il est alors chargé de concevoir les produits financiers adossés aux prêts immobiliers. La légende veut qu'il ait développé, avec un autre trader, Lewis Ranieri, le marché de la titrisation des dettes, utilisée par les traders pour confectionner les subprimes à l'origine de la crise financière de 2008.
Ce collectionneur d'art populaire américain connaît alors une ascension fulgurante mais la chute sera tout aussi spectaculaire.
En 1986, il spécule sur une hausse des taux d'intérêt mais l'inverse se produit. Les pertes sont colossales. Tombé en disgrâce, M. Fink quitte la firme deux ans plus tard.
Cette sortie est, avec l'achat d'actions Lehman Brothers, trois mois avant la retentissante banqueroute de la banque, et la faillite en 2010 d'un complexe d'appartements résidentiels new-yorkais, acheté au prix fort, un de ses plus gros échecs.