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Récemment inculpé pour crime de guerre par la Cour pénale internationale (CPI), enlisé dans sa guerre en Ukraine qui pèse sur l'économie russe, le président russe est reconnaissant pour tout soutien diplomatique obtenu.
La visite de trois jours de son homologue chinois Xi Jinping constitue donc une victoire en soi pour lui.
Toutefois, s'il est difficile de savoir ce que les deux dirigeants ont pu se dire à huis clos, M. Xi s'est montré prudent en public.
Le dirigeant chinois a, certes, promis son soutien moral et une bouée de sauvetage commerciale, mais s'est surtout abstenu de fournir des armes aux soldats russes, ce qui aurait entraîné des sanctions occidentales contre son pays.
Il n'y a pas eu non plus d'engagement de long terme pour l'achat de grandes quantités de gaz russe, qui ne sont plus acheminées vers l'Europe, laissant un trou béant dans les finances de la Russie.
Xi Jinping en a profité pour rafler une partie de cette offre à bas prix.
M. Xi s'est aussi dérobé face à la demande de M. Poutine de construire un gazoduc acheminant le gaz des vastes gisements sibériens vers la Chine, insistant sur la nécessité d'une étude approfondie.
Ayant constaté la capacité de la Russie à débrancher l'Europe, Pékin ne semble pas pressé de créer une dépendance à long terme vis-à-vis du gaz russe.
Vladimir Poutine, lui, a annoncé que tous les accords étaient "conclus".
L'absence d'engagement montre clairement que la Chine "ne fait pas de sentiment dans son +amitié+" avec la Russie et qu'elle se préoccupe avant tout de ses intérêts, selon l'expert d'Asia Society, Philipp Ivanov.
Pour Xi Jinping, il s'agissait surtout de réaliser des objectifs stratégiques et symboliques: présenter un front uni face aux Etats-Unis et renforcer sa propre stature.
"Les rencontres entre Xi et Poutine se sont peut-être déroulées sur le territoire du président russe, mais on voyait clairement qui était aux commandes", estime Brian Whitmore, expert de la Russie à l'Atlantic Council.
En Chine, les médias d'Etat ont alimenté cette perception en diffusant de longues séquences de Xi Jinping, accueilli par une garde d'honneur à l'aéroport, ou par des Moscovites agitant des drapeaux sur son chemin.
La visite de M. Xi semble s'inscrire dans le cadre d'un effort concerté visant à renforcer l'influence diplomatique de la Chine.
Au cours des dernières décennies, Pékin a déployé son influence économique de l'Asie à l'Afrique et accentué sa présence en matière de sécurité bien au-delà de la Chine continentale, avec une base militaire à Djibouti, des installations navales en mer de Chine méridionale ou de déploiements de sécurité à petite échelle dans les îles Salomon.
Jusqu'à présent, la puissance diplomatique de la Chine est restée à la traîne de sa puissance économique et militaire.
Mais les choses commencent à changer, avec la présentation par la Chine d'un plan de paix pour l'Ukraine, l'amorce d'une détente entre les grands rivaux que sont l'Iran et l'Arabie saoudite, et la visite très médiatisée de M. Xi à Moscou.
Le voyage de M. Xi "a montré à quel point la Russie est devenue dépendante de la Chine depuis qu'elle a été coupée du système financier mondial, des marchés occidentaux et de la technologie occidentale", selon M. Whitmore.
Il s'agit d'un renversement de rôle important par rapport à la guerre froide, lorsque l'Union soviétique était considérée comme le "grand frère" de la Chine.
"Les relations sino-russes se développent selon les termes de Pékin et Poutine n'a d'autre choix que de l'accepter. Il est désormais le partenaire junior de Xi", ajoute l'expert.
Pour Philipp Ivanov, "bien que la relation soit clairement déséquilibrée (...) il est trop tôt pour appeler la Russie un état-vassal".