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Comme chaque jour depuis le 15 avril, des combats résonnent partout dans Khartoum, où les cinq millions d'habitants survivent, barricadés par peur des balles perdues, sans eau ni électricité et avec des réserves de nourriture et d'argent bientôt à sec.
Alors qu'Américains et Saoudiens assurent que les belligérants négocient une trêve en Arabie saoudite, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général rival Mohamed Hamdane Daglo ne disent rien des discussions entre leurs émissaires.
"La délégation de l'armée ne parlera que de la trêve et de comment la mettre correctement en oeuvre pour faciliter les accès humanitaires", s'est borné à commenter pour l'AFP le général Nabil Abdallah, porte-parole de l'armée.
Les FSR n'ont, elles, rien dévoilé sur cette nouvelle médiation, après plusieurs "cessez-le-feu" brisés dans les secondes suivant leur annonce.
Ryad et Washington "saluent" l'ouverture d'un dialogue et exhortent les belligérants à "s'impliquer activement" mais n'ont annoncé ni le début formel des pourparlers ni leur teneur.
Pendant ce temps, des témoins rapportent à l'AFP combats et raids aériens sur différents quartiers de Khartoum.
La guerre a fait 700 morts, 5.000 blessés, 335.000 déplacés et 115.000 réfugiés.
Pour Aly Verjee, chercheur de l'Université de Gothenburg en Suède, pour que ce cessez-le-feu soit différent des précédents, il faudrait préciser ses détails opérationnels et mettre en place des mécanismes d'observation et de sanction.
Il faut un cadre "géographique et opérationnel au cessez-le-feu", qui inclurait notamment "l'arrêt des frappes aériennes ou le retrait des combattants des infrastructures civiles comme les hôpitaux", dit-il à l'AFP.
Avant d'entrer en guerre, les généraux Burhane et Daglo avaient évincé ensemble les civils du pouvoir avec leur putsch de 2021.
Deux ans plus tôt, les 45 millions de Soudanais avaient espéré retrouver la démocratie: l'armée acceptait sous la pression de la rue de limoger le dictateur Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 30 ans.
Mais la transition a dérapé, et les négociations sous égide internationale pour faire entrer les FSR sous le commandement de l'armée n'ont fait qu'exacerber les tensions entre généraux. Le 15 avril, alors qu'ils avaient promis de se retrouver pour négocier, ils ont préféré actionner leurs canons.
Cette logique "mérite d'être entièrement repensée", plaide M. Verjee.
Après cet échec, dit l'expert, les négociations à Jeddah se concentrent sur "le plus petit dénominateur commun de la communauté internationale": la cessation des hostilités. Car "pour l'après, il n'y a pas de consensus apparent".
Pour en discuter, les FSR ont dépêché à Jeddah des proches du général Daglo et de son puissant frère Abderrahim, qui passe pour le financier des FSR via ses mines d'or.
Côté armée, sont présents des responsables de haut rang de l'armée et de l'Etat connus pour leur hostilité aux paramilitaires.
Ryad, allié et bailleur de fonds des deux camps, et Washington, dont la levée des sanctions a ramené le Soudan dans le concert des nations en 2020, veulent prendre le pas sur les initiatives régionales.
Leur principal concurrent reste l'Igad, le bloc d'Afrique de l'est emmené par le président sud-soudanais Salva Kiir, médiateur historique au Soudan.
L'Union africaine, elle, a perdu ses leviers de pression quand elle a suspendu le Soudan après le putsch de 2021, disent les experts.
Avec l'ONU, ces deux blocs ont malgré tout "salué" dimanche les négociations de Jeddah, disant "espérer" une trêve.
Quant à la Ligue arabe, elle devait réunir dimanche les ministres des Affaires étrangères de ses pays membres profondément divisés sur le Soudan.
Pour les experts, la guerre sera longue tant les deux belligérants semblent avoir les mêmes capacités de combat et être peu enclins à négocier avant de l'avoir emporté sur le terrain.
Si la guerre dure, a déjà prévenu l'ONU, jusqu'à 2,5 millions de personnes supplémentaires souffriront de la faim --un fléau qui touche déjà un tiers des Soudanais.
Au Darfour (ouest), des civils ont été armés pour participer aux affrontements mêlant militaires, paramilitaires et combattants tribaux ou rebelles qui ont fait près de 200 morts.