-
Covid-19: Un rapport d'élus américains soutient la thèse de la fuite d'un laboratoire
-
Accord Hamas-Fatah sur la formation d'un comité pour administrer Gaza après la guerre
-
Appels à la désescalade face à l'offensive rebelle en Syrie
-
Le régime syrien perd la ville d'Alep
-
L'Etat belge condamné pour le placement forcé d'enfants métis au Congo pendant la colonisation
La réforme de la retraite du gouvernement d’Ahmed Ouyahia, en décembre dernier, allonge la durée de cotisation à 32 ans pour avoir une retraite complète, alors qu’il suffisait auparavant de seulement 25 ans de cotisation, en sachant que l’espérance de vie en Algérie est estimée à 70 ans. Le nouveau dispositif supprime aussi l’avantage de « la retraite proportionnelle », qui donne droit à un employé qui a dépassé l’âge de 50 ans de partir en retraite après 20 ans de travail pour les hommes et 15 ans pour les femmes. Les grévistes de Rouiba avancent l’argument de la pénibilité du travail et du pouvoir d’achat, en estimant que la question des retraites touche l’ensemble de la société.
Le taux de chômage important estimé à 10%, notamment chez les jeunes, la domination du secteur informel et du travail au noir dans le privé estimé à 70%, rendent hypothétiques les nouvelles lois du travail que le gouvernement a l’intention d’adopter sans avancer de date exacte. Ces lois ne tiennent pas compte de la réalité de l’emploi et excluent donc la majorité des employés du privé et les jeunes qui entrent tardivement dans le monde du travail d’une possible cotisation complète pour la retraite. Par ailleurs, la dévaluation du dinar algérien, malgré la manne pétrolière de ces dernières années et l’augmentation du salaire minimum en décembre 2009, n’absorbent pas l’inflation. Les grévistes refusent la remise en cause de leurs acquis et revendiquent une «augmentation conséquente» des salaires.
La première réponse du gouvernement est de dépêcher, dans cette zone industrielle, puissante de ses 50 000 ouvriers, les forces de l’ordre pour barrer la route aux grévistes qui voulaient rejoindre la ville de Rouiba. Au troisième jour de la grève, jeudi dernier, des échauffourées ont éclaté faisant ainsi 5 blessés parmi les manifestants. Mais le régime semble prendre de la prudence à recourir à la seule force de la matraque, car plusieurs fronts de contestation s’ouvrent dans d’autres secteurs économiques. La direction de l’UGTA, qui a tenté de désamorcer le mécontentement, n’est pas du goût de sa base, notamment à Rouiba, où des syndicalistes dénoncent les concessions faites au gouvernement. Cette organisation est la première à demander l’annulation de l’article 87 bis de la loi du code du travail, qui définit le Salaire minimum en y incluant les primes. L’Etat ne reconnaît que l’UGTA pour les négociations dans le secteur économique, choix souvent dénoncé par les autres syndicats. Quelques 7200 sidérurgistes de la multinationale Arcelor Mittal du complexe industriel d’El Hadjar, à Annaba, ville de l’est algérien, ont entamé aujourd’hui une grève illimitée, afin de contester la fermeture de l’unité cokerie. L’action a été décidée après le refus de la direction de l’entreprise de réhabiliter cette unité, dans laquelle 320 charbonniers risquent le licenciement. Si la grève de cette unité se propage, cela risque de faire tâche d’huile. Les lois d’urgence, datant des années noires du terrorisme, interdisent toute manifestation publique et ferment le champ politique en criminalisant la contestation. Le régime craint les débordements, notamment dans la capitale, bien que des manifestations d’ampleur ont été tenues à diverses occasions, dont celle du 14 juin 2001 du mouvement populaire de Kabylie et celle du soutien au peuple palestinien en mars 2008 lors du raid israélien sur Gaza, qui ont rassemblé chacune environ un million de personnes. L’Algérie, qui vit au rythme des émeutes régulières à caractère social depuis presque une décennie, est gagnée par la colère des travailleurs dans le secteur industriel et dans la fonction publique (médecins, enseignants) qui tous revendiquent des augmentations de salaires. Le gouvernement réagit pour l’instant par une attitude qui consiste à contenir les ouvriers dans leurs usines. Il craint par ailleurs les possibles passerelles de solidarité du mouvement populaire actuel, qui organise les manifestations spontanées pour réclamer du logement, du travail. Cette situation rappelle au régime le contexte du soulèvement national d’Octobre 1988.