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Peter Wadhams s’est illustré, au cours des dernières années, grâce à la précision de ses prédictions concernant l’évolution des glaces en Arctique. Il a passé des années à en mesurer l’épaisseur dans des sous-marins. C’est ainsi qu’il avait annoncé une rupture de la glace d’été pour 2007, année où la surface de cette glace a effectivement atteint un minium historique de 4,17 millions de km2. En 2012, ce record sera battu avec une réduction de plus de 500.000 km2 supplémentaires avec une surface de seulement 3,5 millions de km2. Pour Peter Wadhams, ce phénomène est une conséquence directe du réchauffement climatique. “Il y a moins de glace qui se crée en hivers et plus de glace qui fond en été”, précise-t-il. Le point de rupture final survient lorsque la fonte de l’été dépasse le gel de l’hiver. “J’avais prédit que cette rupture se produirait vers 2015-2016. L’océan arctique en été (août à septembre) sera alors totalement libre de glace. Nous assistons aujourd’hui au début de cette rupture qui devrait être achevée aux environs de ces dates”. D’ici 4 ou 5 ans, donc, plus de glace d’été en Arctique…
Est-ce dramatique? Pour Peter Wadhams, c’est “épouvantable”. Aux conséquences positives sur le transport et l’accès au pétrole et au gaz, s’opposent les effets sur le réchauffement climatique. C’est à dire une accélération. “Lorsque la glace disparaît en été, l’océan se réchauffe (de 7°C en 2011) et il augmente la température des côtes. Le plateau continental de l’Arctique est composé de permafrost, des sédiments gelés depuis le dernier âge glaciaire. Lorsque l’eau de l’océan réchauffe ces sols, le permafrost dégèle et libère d’énormes quantités de méthane emprisonné. Ce puissant gaz à effet de serre donnera un coup d’accélérateur au réchauffement climatique”. Un tel scénario catastrophe dans la bouche d’un expert peut faire… froid dans le dos. Interrogé par Globule et télescope, le glaciologue Jean Jouzel se déclare “sceptique vis à vis des propos de Peter Wadhams” au sujet du délai de 4 ans. Il a plutôt tendance à suivre les chercheurs qui “tablent sur une vingtaine d’années”. Un délai supplémentaire pas si long. Sera-t-il suffisant pour que nous réagissions? Et comment réagir?