Ces statistiques émanent d’une étude, qui a été présentée jeudi 28 mai à Casablanca à l’issue d’une conférence, tenue sous le thème « Les MRE face à la crise ». L’étude a indiqué également que le mouvement des transferts des MRE a entamé depuis le deuxième semestre 2008, notamment, au mois d’août, une baisse de 16,8% par rapport à la même période de l’année 2007 et s’est poursuivie au cours des mois suivants. Cette tendance baissière a marqué une rupture avec la hausse continue constatée sur la dernière décennie.
Cette étude portant sur les transferts des MRE a été menée, durant les mois de mars et avril 2009, auprès d’un échantillon de 754 personnes, représentatif de la population « des trois générations », avec un âge moyen de 34,3 ans et un écart type de 11 ans. Cette population s’installe dans les différents pays d’accueil dont une grande majorité en France avec un taux de 71,6%, suivie respectivement de la Belgique (8%), du Canada (4%) et des Etats-Unis (3%). Et dont leur attachement au pays se diffère car 61% ont exprimé qu’ils le sont beaucoup; contre 2% qui ont déclaré ne pas être attachés du tout à leur pays d’origine.
En ce qui concerne les finalités de leurs transferts au Maroc, les résultats de l’étude ont précisé que 53% du montant global est destiné à soutenir la famille au Maroc, ce qui montre effectivement que la solidarité reste au cœur de la structure des transferts, suivie par l’acquisition de biens immobiliers (15%) et 11% des transferts sont orientés vers l’investissement, notamment la création de projets dans leur pays d’origine et 15% destinés à l’épargne. L’étude a également montré que 12% des sondés gèrent actuellement un projet économique au Maroc et 56% prévoient un projet dans le futur. 75 % des sondés ont explicité que la corruption constitue un facteur de blocage pour monter leurs projets au Maroc suivie des problèmes administratifs (54%) et l’environnement juridique (33%).
En 2008 le montant des transferts des MRE est estimé à 53,65 milliards de dirhams, soit une baisse de 2,4% par rapport à 2007 dont le montant a été de 57 milliards de dirhams. La France reste le plus gros émetteur des transferts financiers (42,2%), située loin devant l’Espagne et l’Italie avec respectivement 15,3% et 12,2%. Avec une part de 16 %, les transferts constituent, après les biens et services, la principale source de devises pour le pays. Ainsi, ils représentent le double des investissements directs étrangers et 9% à 10% du PIB national. Rappelons qu’ils ont enregistré une évolution remarquable ces dix dernières années. Tout en passant de 20 milliards de dirhams en 1998 à plus de 57 milliards de dirhams en 2007 avec parfois des taux d’augmentation élevés, voire très élevés comme ce fut le cas en 2000 (+20,8%) et 2001 (+60,5%).
Pour sa part, le ministre chargé des MRE a confirmé lors de son intervention devant les députés, mercredi dernier, que le montant des transferts des MRE a été de 14,528 millions de dirhams, à fin avril 2009 soit une baisse de plus de 14%, comparativement à 16,939 millions de dirhams au cours de la même période de l'an dernier. Dans ce contexte, il a expliqué que la baisse a été manifeste au mois d'avril 2009 par rapport à mars 2009 en matière de transferts de fonds par les banques avec une baisse de plus de deux points, soit de 10,72% à 8,02% un mois auparavant. Pour faire face à une telle situation, des mesures ont été proposées par le ministère de tutelle, qui touchent l’ensemble des centres d’intérêt des MRE tant au Maroc qu’à l’étranger. D’après le ministère, ces mesures impliquent d’un côté le gouvernement et les banques de l’autre, par la mise en place d’un mécanisme d’encouragement des investissements des MRE. Toutefois, pour au moins 25% sous forme d’apport en fonds propres effectué en devises dans le cadre du projet d’investissement dont le montant est égal au moins à 1 million de dirhams, l’Etat accorde aux MRE une subvention de 10% plafonnée à 5 MDH et un crédit bancaire de plus de 65%. Reste à savoir si ces mesures, entre autres, seront suffisantes pour redynamiser le flux des transferts.