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Ainsi, d'après M. Benaicha, cette crise est une occasion pourl'entreprise pourse réinventer, se régénérer et renforcer sa résilience en toute responsabilité, notant que la Covid-19 sera certainement dans quelques mois un douloureux souvenir et les entreprises qui se préparent déjà à l'après pandémie en mettant à plat leurs modèles opérationnels et leurs relations humaines sont celles qui bénéficieraient le plus de l'effet inclusif et l'effet accélérateur combinés de la pandémie et de la RSE". Même son de cloche chez Adil Cherkaoui, professeur universitaire à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales Ain Chock de l'Université Hassan II de Casablanca, qui a indiqué que la pandémie de Covid-19 apparaît comme une véritable épreuve de l'engagement effectif des entreprises marocaines en matière de RSE, soulignant que cette crise constitue une occasion pour les entreprises de faire l'introspection de leurs capacités de résilience, de gestion du risque et d'adaptabilité. "Face à une tension inédite, les organisations doivent s'interroger, repenser leur façon de fonctionner pour ne plus revivre un tel choc. En particulier, cette crise doit être l'occasion de repenser la responsabilité de l’entreprise au sein de la société : sa responsabilité vis-à-vis de ses parties prenantes, sa raison d’être, sa capacité à anticiper et à gérer les risques et les éventuelles crises", a souligné M. Cherkaoui, également consultant en RSE. Depuis le début de la crise, les entreprises ayant les meilleures notations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) ont montré une plus forte résistance au choc économique et financier actuel. Cela constitue une preuve empirique de la pertinence de la RSE et de la nécessité d’intégrer l’analyse extra-financière dans l'évaluation des sociétés, affirme l'universitaire.
"Bien sûr, toutes les entreprises cotées subissent le choc économique etfinancier général. Mais celles ayant mis en place des politiques RSEfortesrésistent mieux", a t-il précisé, ajoutant qu'en temps de crise, la démarche RSE comprise et guidée par le bon niveau d'exigences métier sera un atout utile à l'entreprise pour se réinterroger sur ses paramètres d'environnement et trouverlesréponses adaptées aux attentes de ses parties prenantes. Le cadre normatif et réglementaire au Maroc n'a cessé de progresser au cours des dernières années. Outre le renforcement de démarches de responsabilité sociétale de la part des entreprises faisant appel public à l'épargne, le Maroc a également développé des produits d’investissement relatifs aux risques de durabilité et/ou à impact sociétal et environnemental positif. Ainsi, dans la circulaire du 20 février 2019, l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) a introduit une exigence pour l’amélioration de la transparence des émetteurs sur la teneur, la fréquence et la pertinence de l’information communiquée. La circulaire prévoit que les émetteurs intègrent dans leur rapport financier annuel un chapitre ESG. Au-delà de l'aspect reporting, cette obligation questionne ces entreprises sur ce qu'elles font en matière de RSE et comment elles le font.
Rappelons qu'en mai 2017, l'AMMC et la Bourse de Casablanca avaient publié le guide sur "la responsabilité sociétale des entreprises et le reporting ESG" dans l'objectif de promouvoir la culture de la RSE au niveau des sociétés faisant appel public à l’épargne au Maroc. Le guide clarifie quelques concepts et présente une approche pratique pour la mise en place de la démarche RSE et du reporting ESG. Par ailleurs, l'AMMC a publié, en juin 2018, un guide sur "les Green, Social & Sustainability Bonds" en vue d’accompagner et d’encourager le développement du marché des instruments financiers destinés au financement du développement durable. Ce guide, qui s’inscrit dans la continuité du guide sur les Green bonds publié par l’Autorité en novembre 2016, vise à ouvrir davantage d’opportunités en matière de financement de la durabilité, et ce en introduisant deux nouveaux types d’instruments, à savoir les Social Bonds et les Sustainability Bonds.
De son côté, Bank Al-Maghrib (BAM) a publié en 2018 sa Charte de responsabilité sociétale pour appuyer les engagements pris par le Maroc dans le cadre de la COP22. La charte définit les cinq engagements de la Banque centrale, dans les domaines de la Responsabilité sociétale ainsi que les 22 actions qui seront portées par ses différentes entités. Les cinq engagements portent sur l’engagement éthique, l’engagement environnemental, l’engagement vis-à-vis des collaborateurs, l’engagement économique et citoyen et l’engagement "Achats responsables".