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Après 48 ans derrière les barreaux, Casanova Agamemnon, l’un des plus anciens détenus de France, a eu droit samedi à sa première permission de sortie. A 69 ans, celui qui a passé les deux tiers de sa vie enfermé veut “mener une vie normale”.
Yeux bleux et forte carrure façonnée par la musculation en prison, cet homme a été condamné en 1970 à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir tué un an plus tôt son patron pour une affaire de salaire non versé. Placé en liberté conditionnelle en 1985, il avait récidivé au début de l’année suivante, tuant son frère auquel il reprochait de s’être approprié l’héritage familial.
Il avait alors entamé une cavale, largement médiatisée, qui allait durer cinq mois et au cours de laquelle il avait menacé de mort le procureur de la République et tenté de tuer sa compagne, qu’il soupçonnait de vouloir le dénoncer.
Casanova Agamemnon est le plus ancien détenu français encore en prison, celui qui détient le record de durée, Maurice Gateaux, 80 ans dont 51 ans en détention, étant en suspension de peine pour raisons médicales depuis juillet 2016.
Sa demande de liberté conditionnelle a été acceptée le 31 janvier, après 17 précédents refus, par la Cour d’appel de Saint-Denis, la capitale de l’île française de La Réunion, dans l’océan Indien.
“Il est temps. Il est temps qu’il sorte. La plupart des gens qui ont commis des faits de même nature sortent au bout de 15 ans ou 20 ans. Il a suffisamment payé”, commente Me Marie Briot, l’avocate du Réunionnais.
“A l’époque, la société locale est encore très coloniale. Lui, c’est l’employé noir qui va tuer le patron blanc : il écope de la perpétuité”, expliquait en 2012 la journaliste Anaïs Charles-Dominique, qui a coréalisé un documentaire sur lui.
Pendant sa fuite, en 1986, le personnage déchaîne les passions à la Réunion. Pour certains, c’est “un criminel sanguinaire qui a tué deux fois”. Pour d’autres, il fait figure de héros qui s’est attaqué au pouvoir, personnifié par son employeur, et à l’injustice, face à une supposée captation d’héritage.
Arrêté en mai de la même année, il est jugé aux Assises deux ans plus tard. “C’est une bête féroce”, clame dans son réquisitoire l’avocat général.
Casanova Agamemnon est alors condamné à 10 ans de réclusion criminelle avec une réactivation de sa perpétuité. Incarcéré en France métropolitaine, il obtient son transfert à La Réunion en 2014.
Interrogé en 2012 par le Journal de l’Île de La Réunion, il affirme : “La France est le pays des droits de l’Homme, peut-être bien pour l’homme blanc”. “Je suis victime d’une justice parallèle et discriminatoire”.
En 2017, il se confie à l’hebdomadaire L’Obs : “Je ne vois pas l’importance qu’a la justice de garder quelqu’un aussi longtemps derrière les barreaux, à part un acharnement infondé, je ne vois rien d’autre qu’une vengeance sous une forme de discrimination et d’hypocrisie de la part du système”.
“Je vous dirai que mon quotidien est très monotone”, racontait-il alors, évoquant sa vie dans une cellule individuelle, où il a la télévision et regarde “les infos et les sports”.
Pour son avocate, Casanova Agamemnon “veut être tranquille. Faire du vélo, se promener, jardiner... De petites choses simples. Il veut juste mener une vie normale”.
En novembre 2017, il s’est marié avec Nadège, 47 ans, qui est aussi sa petite cousine, rencontrée au parloir. “Une vie l’attend, une famille. Son épouse a deux grands enfants, ils le considèrent comme leur beau-père. Il a aussi des amis qui le soutiennent”, poursuit son avocate.
Nadège se dit “contente” de cette libération, mais avoue éprouver un peu d’angoisse. Quant au regard des autres, “je n’ai que des compliments et des félicitations”, s’enthousiasme-t-elle.
Un calendrier de permissions a été fixé, résume Me Marie Briot. Le Réunionnais sera ensuite en liberté conditionnelle avec un suivi régulier pendant 10 ans. “En 2030, à 80 ans, Casanova Agamemnon n’aura plus de compte à rendre à la Justice”.
Yeux bleux et forte carrure façonnée par la musculation en prison, cet homme a été condamné en 1970 à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir tué un an plus tôt son patron pour une affaire de salaire non versé. Placé en liberté conditionnelle en 1985, il avait récidivé au début de l’année suivante, tuant son frère auquel il reprochait de s’être approprié l’héritage familial.
Il avait alors entamé une cavale, largement médiatisée, qui allait durer cinq mois et au cours de laquelle il avait menacé de mort le procureur de la République et tenté de tuer sa compagne, qu’il soupçonnait de vouloir le dénoncer.
Casanova Agamemnon est le plus ancien détenu français encore en prison, celui qui détient le record de durée, Maurice Gateaux, 80 ans dont 51 ans en détention, étant en suspension de peine pour raisons médicales depuis juillet 2016.
Sa demande de liberté conditionnelle a été acceptée le 31 janvier, après 17 précédents refus, par la Cour d’appel de Saint-Denis, la capitale de l’île française de La Réunion, dans l’océan Indien.
“Il est temps. Il est temps qu’il sorte. La plupart des gens qui ont commis des faits de même nature sortent au bout de 15 ans ou 20 ans. Il a suffisamment payé”, commente Me Marie Briot, l’avocate du Réunionnais.
“A l’époque, la société locale est encore très coloniale. Lui, c’est l’employé noir qui va tuer le patron blanc : il écope de la perpétuité”, expliquait en 2012 la journaliste Anaïs Charles-Dominique, qui a coréalisé un documentaire sur lui.
Pendant sa fuite, en 1986, le personnage déchaîne les passions à la Réunion. Pour certains, c’est “un criminel sanguinaire qui a tué deux fois”. Pour d’autres, il fait figure de héros qui s’est attaqué au pouvoir, personnifié par son employeur, et à l’injustice, face à une supposée captation d’héritage.
Arrêté en mai de la même année, il est jugé aux Assises deux ans plus tard. “C’est une bête féroce”, clame dans son réquisitoire l’avocat général.
Casanova Agamemnon est alors condamné à 10 ans de réclusion criminelle avec une réactivation de sa perpétuité. Incarcéré en France métropolitaine, il obtient son transfert à La Réunion en 2014.
Interrogé en 2012 par le Journal de l’Île de La Réunion, il affirme : “La France est le pays des droits de l’Homme, peut-être bien pour l’homme blanc”. “Je suis victime d’une justice parallèle et discriminatoire”.
En 2017, il se confie à l’hebdomadaire L’Obs : “Je ne vois pas l’importance qu’a la justice de garder quelqu’un aussi longtemps derrière les barreaux, à part un acharnement infondé, je ne vois rien d’autre qu’une vengeance sous une forme de discrimination et d’hypocrisie de la part du système”.
“Je vous dirai que mon quotidien est très monotone”, racontait-il alors, évoquant sa vie dans une cellule individuelle, où il a la télévision et regarde “les infos et les sports”.
Pour son avocate, Casanova Agamemnon “veut être tranquille. Faire du vélo, se promener, jardiner... De petites choses simples. Il veut juste mener une vie normale”.
En novembre 2017, il s’est marié avec Nadège, 47 ans, qui est aussi sa petite cousine, rencontrée au parloir. “Une vie l’attend, une famille. Son épouse a deux grands enfants, ils le considèrent comme leur beau-père. Il a aussi des amis qui le soutiennent”, poursuit son avocate.
Nadège se dit “contente” de cette libération, mais avoue éprouver un peu d’angoisse. Quant au regard des autres, “je n’ai que des compliments et des félicitations”, s’enthousiasme-t-elle.
Un calendrier de permissions a été fixé, résume Me Marie Briot. Le Réunionnais sera ensuite en liberté conditionnelle avec un suivi régulier pendant 10 ans. “En 2030, à 80 ans, Casanova Agamemnon n’aura plus de compte à rendre à la Justice”.