L'ultime défi de l'Imperatore Franck Ribéry à la Fiorentina

Devenu “Kaiser Franck” en Allemagne, Ribéry arrive en Toscane pour … se faire un nouveau surnom


Vendredi 23 Août 2019

 Le Kaiser se fera-t-il Imperatore? Au crépuscule de sa carrière, Franck Ribéry, légende du Bayern Munich où il est devenu le joueur le plus titré de Bundesliga avec neuf sacres, va vivre un nouveau défi à la Fiorentina.
"Ribéry est à nous": mercredi, le club de Serie A a officialisé l'arrivée de l'attaquant français, libre de tout contrat depuis son départ en mai dernier du Bayern, qu'il avait quitté, après douze saisons et 23 titres, sur un dernier cadeau: un but inscrit après un slalom dont il a le secret, lors de la démonstration contre Francfort (5-1).
Trois mois plus tard, on voit dans ce but un message adressé au monde du football: "Je suis encore là". Là, au plus haut niveau européen, à Florence désormais, où il est arrivé mercredi, acclamé par les tifosi de la Fiorentina, qui devaient avoir droit jeudi à une présentation digne de leur nouvelle star.
Avec le violet de la 'Fio', Franck Ribéry, buteur supersonique parfois rattrapé par sa part d'ombre, espère continuer à marquer tant des buts que les esprits, comme il l'a fait avec le rouge du Bayern et le bleu de l'équipe de France.
L'ex-international français aux 81 sélections et 16 buts a quitté Munich au début de l'été après douze années marquées par des succès sportifs immenses et quelques dérapages plus ou moins burlesques.
Pour longtemps sans doute, il restera une idole de l'Allianz Arena, où les supporters lui vouent un culte: l'ovation qu'il a reçue lorsqu'il a marqué son dernier but à domicile contre Francfort, participant à la victoire pour le titre, était à la mesure de son immense carrière.
Outre ses titres de champion, l'ancien Marseillais a dans son armoire à trophées une Ligue des champions (2013) et six coupes d'Allemagne, dont la dernière glanée en mai contre Leipzig en finale (3-0).
"J'ai connu beaucoup de belles choses ici, mais ma meilleure saison a été 2013 (triplé Ligue des champions/Coupe/Championnat, ndlr), ce qu'on a fait c'était fou, on ne peut pas oublier ça", avait-il lâché, le regard embué, après le match contre Francfort, le dernier aussi de son alter ego de l'attaque bavaroise: Arjen Robben.
Arrivé de l'Olympique de Marseille en 2007, il a été adopté par Munich et la Bavière, pour devenir en quelques années une figure emblématique du club. Avant d'être souvent remplaçant la saison passée, il a formé pendant des années, avec Robben, un duo redouté en Europe.
Le caractère de ces deux très fortes personnalités les a menées parfois à des heurts spectaculaires, dont une bagarre dans le vestiaire en 2012 un soir de match de Ligue des champions.
S'il a tout réussi avec Munich, Ribéry n'a pourtant pas connu l'itinéraire d'un enfant gâté. Fils des quartiers pauvres au visage balafré - séquelle d'un accident de voiture quand il avait deux ans - il a aussi fait la Une pour ses frasques extra-sportives.
En 2010, on l'accuse d'être un meneur lors de la grève de l'équipe de France à Knysna, en plein Mondial sud-africain. De là date son désamour avec le public hexagonal, renforcé la même année par l'affaire "Zahia", lorsque la justice lui reprocha des rapports tarifés avec une prostituée mineure. Il fut finalement relaxé en 2014.
Mais ses admirateurs allemands préfèrent retenir ses blagues potaches, ses salières dévissées, ses seaux d'eau posés en haut des portes, et sa collision contre un mur lorsqu'il a voulu se mettre au volant du bus de l'équipe lors d'un stage à Dubaï!
Exclu du centre de formation de Lille, il avait démarré sa carrière à Boulogne en troisième division, avant de passer d'un club à l'autre pendant plusieurs saisons, pour finalement arriver à Marseille, et éclore en équipe de France juste avant le Mondial-2006, où il fut vice-champion du monde dans l'équipe de Zinédine Zidane.
Devenu "Kaiser Franck" en Allemagne (en référence à "Kaiser Franz" Beckenbauer), Ribéry, qui parle un peu l'italien comme il l'a montré dès son atterrissage à Florence, arrive en Toscane pour retrouver une place de titulaire, viser une qualification européenne, se frotter à la Juventus de Cristiano Ronaldo... et se faire un nouveau surnom.


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