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«Le département de la Pêche maritime a perdu la boussole. Il improvise et ses décisions sont souvent prises sans consultation des professionnels du secteur et sans qu'elles soient fondées scientifiquement. La preuve, la décision de lever l'interdiction après seulement quelques jours de son entrée en vigueur», nous a révélé un armateur du Nord, sous le seau de l'anonymat.
En effet, les professionnels de la pêche artisanale estiment que l'interdiction a été décidée suite à des études de l'Institut national de recherche halieutique qui manquent de rigueur scientifique et qui tournent le dos aux spécificités de la région Nord. Pour eux, l'ensemble de ces études a été élaboré uniquement au niveau de la région du Sud et leurs résultats ont été transposés sur la région Nord. Alors qu'entre les deux régions, il y a plusieurs différences.
D'abord, au niveau des stocks poulpiers, les professionnels du Nord tiennent à préciser que leur région manque de potentiels en matière de pêche du poulpe. En effet, tout au long de la zone allant de Nador à M'diq en passant par Larache et Tanger, les ressources en poulpe sont rares et leur pêche s'y produit souvent accidentellement. « Seule la zone limitée entre Smaâla et Oued Laou dispose de réserves abondantes. Ailleurs, c'est le vide total », a souligné notre interlocuteur.
Ainsi en termes de captures, si la seule région d'Oued Eddahab-Lagouira a pu atteindre cette année près de 1.746 tonnes de poulpes pêchés avec une valeur de 1.439 millions de DH, la capture du poulpe en région Nord ne représente que 1% de cette production.
Autre différence de taille : la pêche du poulpe ne fait pas partie intégrante des activités de pêche exercées tout au long de l'année dans la région Nord. Le poulpe n'est pas considéré comme un produit saisonnier comme c'est le cas au Sud. « Chez nous, on a nos habitudes de pêche. Ici, c'est la pêche des anchois, du thon et de l'espadon qui prime», a précisé notre source.
La différence entre les deux régions est à observer également au niveau des périodes de repos. Ainsi, « si les pêcheurs du Sud travaillent tout au long des mois de décembre, janvier, et février avant de s'arrêter pendant les mois de mars, avril, mai et juin et de reprendre en juillet, août et septembre pour s'arrêter de nouveau pendant les autres mois ; dans la région Nord, on travaille en mai, juin, juillet, août et septembre avant de nous arrêter et de reprendre, de nouveau, en décembre, janvier et février », nous a déclaré notre interlocuteur.
« Je crois que les différences entre les deux régions sont de taille. Et le département de tutelle ne semble pas prendre ces données en considération », a-t-il conclu.
De leur côté, les pêcheurs du Sud ne semblent pas remettre en cause le repos biologique établi depuis la fin des années 90, mais ils revendiquent en contrepartie une meilleure répartition des quotas entre les pêches artisanale, côtière et hauturière. Ils estiment que le quota actuel est injuste puisqu'il permet à la pêche hauturière, avec ces 300 chalutiers, de bénéficier de 4.410 tonnes de prises, soit 62% de la production contre 770 tonnes pour la pêche côtière et 1.828 tonnes pour la pêche artisanale, soit 26% alors que cette dernière déploie 3.085 chalutiers et emploie directement et indirectement près de 60.000 salariés. Les pêcheurs revendiquent ainsi plus d'égalité en octroyant 40% des prises à la pêche artisanale, 40% à la pêche hauturière et les 20% restants à la pêche côtière.