L’histoire du cinéma : Cinéma muet


Libé
Samedi 4 Août 2012

L’histoire du cinéma : Cinéma muet
Les films produits jusqu'en 1927 sont dépourvus de piste sonore, mais la synchronisation du Cinématographe et du Phonographe est audible et visible dès l'Exposition universelle de 1900. Le phonographe existe depuis 1877. Son inventeur, Thomas Edison, songe dès 1894 à coupler son kinétoscope d'un cylindre phonographique, et commercialise le kinétophone. Ses travaux inspirent par la suite le Français Auguste Baron qui fait breveter en 1896, un système permettant d'enregistrer isolément le son et l'image et leur synchronisation lors de la projection. La sonorisation des films est un terrain foisonnant de recherches tout au long du début du XXe siècle. Le public assiste d'ailleurs à plusieurs démonstrations de films sonorisés mais les investissements requis pour poursuivre les recherches font souvent défaut. L'équipement lourd impose des contraintes matérielles que la production préfère éluder, et la qualité n'est pas souvent au rendez-vous. Pour pallier l'absence de la parole, la projection est souvent accompagnée par des musiciens, des bonimenteurs, des bruiteurs qui agissent en coulisse. Jusqu'à l'apparition des intertitres, les exploitants auront aussi recours à des conférenciers en guise de narrateur.
Ebauche d'un langage cinématographique
Sous l'influence des opérateurs Lumière, une large part de la production cinématographique de cette fin de siècle est consacrée à des évènements, des scènes de vie ou à des vues filmées de monuments. Dans ce cadre, Eugène Promio invente le travelling à Venise au printemps 1896. Les opérateurs Lumière filment encore Le Couronnement du Tsar Nicolas II qui est le premier film monté – encore qu'il ne s'agisse que d'un bout à bout chronologique. On prête souvent à leur production un caractère documentaire, mais il vaut mieux parler de photographies filmées. Vues fixes ou en mouvement, le traitement apporté est encore faible. Les frères Lumière produisent leur premier film dramatique avec La Passion du Christ. Le film obtient une certaine renommée et est exporté aux Etats-Unis. Néanmoins, les deux frères ne tardent pas à être débordés par la concurrence et cessent leur activité de production à l’orée du nouveau siècle.
De son côté, Georges Méliès qui s'est procuré un appareil auprès de Robert W. Paul au Royaume-Uni, construit à Montreuil son propre studio de cinéma en 1897 : la Star-Film. Directeur du Théâtre Robert-Houdin, il tire du cinématographe un potentiel illusionniste. Il a recours au trucage avec l’Escamotage d'une dame au théâtre Robert-Houdin, arrêtant la prise de vue et la reprenant, substituant au passage une femme à un squelette. L’homme s’illustre d’abord dans l’actualité reconstituée inspirée des illustrations du Petit Journal. Il reconstitue l’explosion du cuirassé Maine en rade de La Havane en 1898 à l’aide de maquettes, ainsi que l’Affaire Dreyfus en 1899. Mais c’est encore dans la féerie que Georges Méliès s’épanouit, peignant lui-même d’immenses toiles de fond, utilisant les procédés de surimpression déjà connus de la photographie. Il adapte Cendrillon, Barbe Bleue, Les Voyages de Gulliver et connaît l’apogée de son cinéma avec Le Voyage dans la Lune en 1902. Mélange des univers de Jules Verne et de H. G. Wells, l’œuvre connaît un triomphe à la foire du Trône et assoit la célébrité de son auteur à travers le monde ; rançon du succès, le film est aussi abondamment contrefait notamment aux Etats-Unis. Cependant, Georges Méliès dont l'expérience vient du spectacle vivant s'en tient à une narration théâtrale. Ses films se présentent comme autant de scènes théâtrales se succédant, en plan fixe, la caméra à hauteur d'un spectateur assistant à une représentation.


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