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En dépit du calme apparent, la tension est extrêmement vive dans les villages qui enterrent depuis dimanche leurs morts, dont de nombreuses femmes et enfants de tous âges, tués à la machette ou brûlés.
“Nous allons nous venger”, murmurait un jeune homme lors d’un enterrement lundi à Dogo Nahawa, l’un des trois villages attaqués. Et un journaliste musulman venu couvrir ces funérailles a échappé de peu au lynchage.
Selon une source militaire, un soldat a été tué lundi à Bukuru, à 20 km de Jos, alors qu’il tentait de calmer de jeunes chrétiens qui planifiaient des représailles.
Certains fuyaient aussi la zone par crainte de nouvelles attaques.
“Nous quittons notre village de Tin-Tin qui pourrait être la prochaine cible”, a expliqué Patricia Silas, une femme de 30 ans, son bébé de six mois attaché dans le dos.
L’armée a été déployée dans la région, déclarée dimanche soir en état d’alerte maximum sur ordre du président par intérim Goodluck Jonathan.
Les assaillants qui ont attaqué les trois villages dans la nuit de samedi à dimanche étaient des éleveurs nomades musulmans de l’ethnie Fulani (Peuls), qui s’en sont pris aux chrétiens sédentaires de l’ethnie Berom.
La région était déjà en partie sous couvre-feu de 18H00 à 06H00 du matin depuis de précédentes violences en janvier, où plus de 300 musulmans ont été tués par des chrétiens.
Mais ce couvre-feu n’a pas empêché les attaques du week-end qui ont, selon plusieurs survivants, duré trois heures sans que les forces nigérianes n’interviennent, relançant le débat sur l’impunité dans cette région où la violence est récurrente.
“Nous n’avons plus confiance dans les forces armées nigérianes chargées de la sécurité de l’Etat du Plateau”, a déclaré dimanche une organisation chrétienne, le Forum des Chrétiens de l’Etat du Plateau.
Face aux accusations de passivité, les autorités nigérianes ont réagi en annonçant des arrestations. 95 personnes, suspectées d’avoir participé aux tueries, ont été arrêtées, selon une source officielle.
Le président par intérim Goodluck Jonathan a démis son conseiller à la sécurité, le général Sarki Mukhtar, selon un communiqué publié à l’issue d’une réunion du Conseil national de sécurité lundi soir à Abuja.
“Le président par intérim doit garantir que les militaires et la police agissent promptement pour protéger les civils de toute ethnie, menacés par de nouvelles attaques ou de représailles”, a déclaré l’organisation Human Rights Watch dans un communiqué.
“Ce type de violence a fait des milliers de morts dans l’Etat du Plateau au cours de la dernière décennie, mais personne n’a jamais été tenu responsable”, ajoute ce communiqué.
“Des actions concrètes pour mettre fin au cycle de l’impunité, plus que des larmes de crocodile, mettront fin aux violences”, a pour sa part estimé le principal parti d’opposition nigérian, Action Congress (AC), rappelant que 5.000 personnes ont été tuées depuis 2001 dans la région de Jos.
La région de l’Etat du Plateau, située entre le nord à majorité musulmane et le sud à majorité chrétienne, est régulièrement secouée par des flambées de violences religieuses et/ou ethniques.
Selon le porte-parole de la police, Mohammed Lerama, les attaques du week-end “ont été menées en représailles” aux violences de janvier à Jos.