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Des témoins interrogés par l’AFP et un responsable des services afghans de sécurité s’exprimant sous couvert de l’anonymat ont affirmé que des soldats de l’OTAN avaient également tiré sur les manifestants, ce que l’organisation a «catégoriquement démenti». La force de l’OTAN a cependant assuré avoir abattu un sniper taliban qui avait tué un responsable afghan en marge de cette manifestation. Environ un millier de personnes avaient afflué vers le siège de la police de Garmser, une ville de la province du Helmand, fief taliban, selon un responsable de la police de la province. Les villageois accusaient les forces internationales d’avoir brûlé et lacéré un exemplaire du Coran lors d’une opération, dimanche, selon ce responsable.
Un responsable de l’hôpital de Lashkar Gah, la capitale du Helmand, a indiqué à l’AFP avoir reçu dix individus «avec des blessures par balles à l’estomac, à la tête et aux jambes». «Deux d’entre eux sont dans un état grave», a souligné le médecin. L’OTAN a «démenti complètement les accusations de profanation du Coran». De telles accusations envers les forces internationales sont courantes. Le 26 octobre, au moins trois Afghans avaient été blessés par des tirs de la police à Kaboul quand des manifestants accusaient des soldats étrangers d’avoir brûlé un Coran. Les autorités afghanes et l’OTAN avaient indiqué avoir enquêté sur cette histoire et conclu qu’elle était fausse.
A signaler, par ailleurs, que le bilan des civils tués en 2009 a été le plus lourd en huit ans de guerre en Afghanistan, avec plus de 2 400 morts et un bond de 14 % par rapport à 2008, les insurgés tuant trois fois plus d’habitants que les forces internationales et afghanes, selon un rapport livré mercredi par la représentation de l’ONU en Afghanistan (Unama). Selon cette étude, 2 412 civils ont été tués entre le 1er janvier et le 31 décembre 2009, soit une hausse de 14 % par rapport à 2008 (2 118 morts). L’année 2008 avait déjà été marquée par une hausse brutale de 40 % du nombre de civils tués par rapport à 2007.
Quelque 70 % des victimes (1 681) sont mortes dans des attentats, attaques et assassinats perpétrés par les insurgés, selon l’ONU, soit une hausse de 45 % par rapport à 2008 quand un peu plus de la moitié des civils tués avaient péri de la main des «éléments antigouvernementaux». «Les morts résultant des activités des insurgés sont trois plus importantes que celles causées par les forces pro-gouvernementales» en 2009, affirme l’ONU.
En revanche, un quart des pertes civiles en 2009 sont dues aux opérations des forces afghanes et aux soldats étrangers (596), soit une baisse de 28 % par rapport à l’année précédente selon l’Unama. Par ailleurs, 135 Afghans ont été tuées par d’ «autres acteurs» qui n’ont pas pu être identifiées (insurgés, armée, police), selon l’Unama.
Le 7 janvier, les talibans avaient rejeté l’affirmation du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, selon laquelle les insurgés avaient tué trois fois plus de civils que les forces étrangères et afghanes. Le secrétaire général de l’ONU « foule aux pieds » les principes de neutralité de l’ONU, avaient déclaré les talibans, affirmant au contraire que les forces internationales étaient les principales responsables des pertes civiles.
Critiqué par le gouvernement afghan pour avoir parfois tué sans discernement talibans et simples habitants, Washington avait assuré récemment que la réduction du nombre de victimes civiles, notamment lors des bombardements de positions rebelles dans des villages, était «une priorité» des troupes occidentales. «Le recours à des frappes aériennes et le fait que les installations militaires [de l’OTAN] soient situées dans des zones civiles augmentent fortement le risque de voir des civils tués ou blessés”, déplore cependant l’ONU.
Les bombes artisanales et les attentats-suicide – les deux modes opératoires favoris des talibans – sont la première cause de mortalité parmi les civils (44 %), même si elles ne les visent pas directement mais ciblent le plus souvent les soldats étrangers ou afghans, ou des bâtiments officiels. L»ONU souligne enfin que ces chiffres sont incomplets compte tenu des difficultés à rassembler les informations dans un pays en guerre et qu’ils sont donc a priori sous-estimés.