-
Une délégation de sénateurs français salue l'élan de développement à Dakhla
-
Les communes de Lagouira et Bignona décident de renforcer leurs capacités institutionnelles et techniques
-
Inondations en Espagne. Fernando Grande-Marlask : Le soutien du Maroc illustre la profondeur des relations entre les deux pays
-
Nécessité d’une révision globale du secteur des médias, distribution équitable des investissements dans les régions, situation critique des ressortissants marocains au Mozambique, entre autres problématiques abordées par les deux Groupes d’opposition
-
Document coûteux, validité limitée et portée internationale modeste: Cher, trop cher passeport
Dans son intervention intitulée «Mémoire collective et développement territoriale », Mohamed Haddy, professeur à l’INAU, a signalé que la mémoire devrait être le moteur de notre société. Pour lui, c’est la mémoire collective qui fait de nous un peuple. Il a ajouté que les espérances que le concept du développement territorial soulève sont à la hauteur des frustrations que le développement classique génère, au point de créer une grande confusion dans les esprits. Il a conclu qu’il s’agit de « se départir de ce développement qui érige la compétition narcissique en dogme, qui encense les performances, les mérites de l’individu et qui est à l’origine du paradoxe de l’impuissance apparente du politique à concrétiser tout développement intégré et intégrateur ». Mohamed Haddy a évoqué la crise du système politique marocain qui, pour lui, a confirmé son incapacité de procéder à un développement réel reposant sur une démocratie concrète. En rapport avec l’espace et le territoire, il a souligné le fait que l’organisation du territoire a toujours fonctionné dans « une logique qui instrumentalise l’espace pour légitimer et détenir des pouvoirs et des formes de domination ». Pour ce qui est des alternatives, il a indiqué que le capital territoire doit être partagé. Un partage qui « doit se traduire par une augmentation des capitaux individuels et collectifs, matériels et immatériels, capitaux qui renforceraient les prédispositions à l’action pour le développement”. Mais pour ce faire, il a déclaré que le champ territorial ne doit pas être confisqué, mais réapproprié par ses acteurs. Afin de « libérer les capacités de l’action collective» et pouvoir écouter l’acteur parler de « son histoire, de son commencement et de sa relation avec le lieu ».
Quant à Abdelhay El Moudden, professeur à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales-Agdal, il a souligné dans son intervention intitulée « Préservation de la mémoire et les garanties pour prémunir contre la réitération des atteintes aux droits humains », que la violence de l’Etat se prolonge dans le présent. Pour lui, des nouvelles résistances devront naître. Il a souligné que l’Instance Equité et Réconciliation (IER) n’a pas réussi à interroger les bourreaux et les responsables directs des tourments des années de plomb, mais le point fort de l’IER est celui de favoriser la préservation de la mémoire. Il ajouté que cette instance a pu ouvrir le débat sur le passé douloureux de toute une société. Il a indiqué que la question prépondérante qui doit se poser aujourd’hui est « comment la préservation de la mémoire permettra-t-elle de préserver les droits humains dans le présent et dans le futur ? ». La préservation de la mémoire protège la société de la violence de l’Etat. Dans ce cadre, Abdelhay El Moudden, a soulevé la difficulté qui se pose. « Il est aujourd’hui difficile de retrouver toutes les traces des crimes des années de plomb, car les détentions et les supplices se faisaient dans le secret», a-t-il conclu.
Plusieurs témoignages et points de vue des participants à cette importante journée de débat. Plusieurs d’entre eux ont signalé que les détentions, censures et tortures existent toujours au Maroc, chose qui indique qu’on ne peut pas parler de mémoire. « Cette mémoire se prolonge dans notre présent », déclare une intervenante.
Signalons que l’objectif de cette rencontre, comme l’a signalé un communiqué de presse, consiste à permettre aux militants associatifs, universitaires et experts internationaux et nationaux en matière des droits humains de partager leurs expériences et de réfléchir aux moyens permettant la préservation de la mémoire collective. Et ce pour qu’elle participe au développement territorial durable. Signalons, enfin, que le Forum Béni Zoli pour le développement et la communication (FOBDEC) compte réaliser, en partenariat avec l’Unon européenne et le CCDH, un nombre de publications autour de la mémoire collective des populations de la région de Zagora-Agdz. Une initiative qui pourrait présenter une plus-value à la question traitée au cas où elle dévoilerait les réalités des années de plomb dans la région, et ce en se basant sur les témoignages des ex-détenus et leurs familles.