L’USFP pointe l’absence de croissance et les inégalités économiques et sociales

Les propositions socialistes pour une meilleure redistribution des richesses


Narjis Rerhaye
Lundi 13 Octobre 2014

L’USFP pointe l’absence de croissance et les inégalités économiques et sociales
“Nous sommes  en présence d’un gouvernement à mi-mandat,  dont c’est la quatrième loi de finances et qui continue de confondre dangereusement assistance sociale et développement social. Sous le gouvernement Benkirane, jamais l’économie ne s’est portée aussi mal ». Devant parlementaires, syndicalistes et économistes, réunis sous la Coupole samedi matin dans le cadre d’un séminaire dédié à la croissance et organisé par le parti de la Rose, Driss Lachguar égrène les chiffres, et les statistiques qui témoignent d’un inquiétant recul : 12000 entreprises en difficulté, 71000 emplois perdus dans le secteur du bâtiment, 20000 autres dans l’industrie, un taux de chômage passé de 8,5 en 2011 à 9,3 en 2014 et recul de 46% des crédits alloués aux différents secteurs économiques.  Le décor est planté. C’est celui d’un déclin annoncé. Au tableau mondial du développement, le Maroc est à la 129ème place. L’indice de corruption atteint des proportions inégalées, passant de la 52ème place en 2002 à la 91ème en 2013.
Le Premier secrétaire de l’USFP n’en finit pas d’énoncer des réalités cinglantes. Ce samedi 11 octobre dans la grande salle « Al Maghribya »  du Parlement qui accueille le séminaire organisé par les deux Groupes parlementaires de l’Union socialiste des forces populaires et la Commission économique du parti sous le thème de « Croissance et inégalités économiques et sociales au Maroc », les intervenants ont procédé à un diagnostic sans concession des répercussions de la dynamique de croissance engagée au Maroc. « Le sujet n’a jamais été tabou pour nous à l’USFP.  Au moment où l’ensemble des acteurs s’emparent nouvellement de cette question de la répartition des richesses  au Maroc, la question de l’équité dans la redistribution des richesses à travers la lutte contre toute forme d’inégalité sociale a été de tout temps une préoccupation majeure au sein de l’USFP. Elle a de tout temps formé l’ossature du combat de l’USFP contre tout ce qui est de nature à freiner la croissance, c'est-à-dire la corruption, la rente et le clientélisme », explique Tarik El Malki enseignant-chercheur à l’ISCAE et membre de la Commission économique de l’USFP.
 
Un appauvrissement par le bas 
et un enrichissement par le haut
La rencontre organisée par les socialistes intervient dans un contexte de grogne sociale extrémement audible. Le dialogue social est en panne. Une grève générale décrétée par les quatre principales centrales syndicales a eu lieu il y a à peine quelques semaines. Les réformes attendues ne sont toujours pas faites.  Les intervenants au séminaire l’affirment avec force : le Maroc traverse une crise sociale profonde. « Nous assistons à un appauvrissement pas le bas à travers un enrichissement par le haut », résume l’un des participants.
Et c’est précisément cette crise de la répartition des richesses qui remet en cause le modèle de croissance et favorise le statu quo, lui-même source de recul et de régression. Y a-t-il un capitaine à bord du gouvernement Benkirane dont la politique a montré ses limites, toutes ses limites ? « Le temps est venu de changer d’approche et de jeter les bases d’un modèle de croissance de type nouveau qui soit inclusif, juste, solidaire, durable, permettant au Maroc de réussir et pérenniser son développement économique et social », relève l’un des économistes invités à prendre la parole au cours de cette rencontre.
 
Des politiques sectorielles
 solitaires et non pas solidaires
A l’USFP, l’organisation de cette rencontre qui a invité à la réflexion sur la croissance et les inégalités économiques et sociales est vécue comme un tournant. Cette formation politique affiche désormais sa volonté d’être en phase avec les réalités économiques et sociales à travers des analyses chiffrées, des propositions concrètes et non pas en produisant du discours forcément politicien. Et ce samedi 11 octobre, moins de 24 heures après l’inauguration par le Chef de l’Etat  de la nouvelle année législative, le séminaire organisé par les économistes et les deux Groupes parlementaires de l’Union socialiste des forces populaires n’a pas été un procès en sorcellerie contre Benkirane et son Exécutif. La rencontre  a débouché sur des recommandations concrètes et des orientations réfléchies. Les intervenants ont ainsi été unanimes à en appeler à l’adoption du principe d’une planification stratégique. Le retour à la planification est un impératif national de développement parce qu’il n’y a pas, font-ils valoir, de cohérence entre les différentes politiques sectorielles (agriculture, industrie, artisanat, tourisme... « Ce sont des politiques solitaires et non pas solidaires. Seul un cadre comme la planification pourra les faire converger », commente cet économiste présent au séminaire de l’USFP.
Autre recommandation faite par les participants, l’accélération de la réforme de l’Etat. Il s’agit d’aller plus vite dans la régionalisation et ce pour réduire les inégalités spatiales à travers plus de décentralisation et de déconcentration. La réforme de la politique fiscale a été également proposée.  Du point de vue des socialistes marocains, une telle réforme ne doit pas uniquement se concentrer sur le capital et donc l’entreprise. «En fait, la réforme fiscale que nous défendons s’oriente vers un équilibre dynamique entre le capital et le travail en prenant en considération tout à la fois l’intérêt de l’entreprise et celui du salarié.  C’est dans ce sens qu’il faut mettre sur pied une politique des revenus qui fait encore défaut au Maroc », précise ce ténor du parti de la Rose. Un gouvernement en panne de réformes et des méthodes  de gouvernance inquiétantes. De la caisse de compensation à celle des retraites, l’Exécutif met en œuvre des solutions qui sont loin de s’inscrire dans une logique globale. « Ce sont des solutions qui s’inscrivent plutôt dans une logique financière visant à réduire le déficit budgétaire. Il est clair que le gouvernement Benkirane considère le social comme résiduel. A l’évidence,  pour le chef du gouvernement et ses équipes, c’est le volet financier qui guide ces réformes», conclut cet ancien ministre ittihadi. 


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