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Percées diplomatiques et développement tous azimuts
La crise actuelle mène, selon les intervenants, vers l’impasse et la perte de la décision financière souveraine du Maroc. « La situation économique actuelle me rappelle celle de 1978 à 1983 qui a conduit au PAS imposé par le FMI. A cette époque, l’opposition ittihadie avait mis en garde contre les conséquences néfastes de ce plan, mais le gouvernement avait fait la sourde oreille. Depuis 1993, le Maroc s’est éloigné de la politique du FMI. Mais la politique économique du gouvernement Benkirane risque de conduire le Royaume vers la dépendance financière vis-à-vis du FMI » a lancé d’emblée, Fathallah Oualalou, membre du Bureau politique de l’USFP.
L’intention de l’ex-ministre de l’Economie et des Finances n’est pas de brosser un tableau noir de l’économie, mais il veut « que le gouvernement actuel lise le passé en vue d’en tirer les leçons nécessaires» pour le futur.
Pour parer à la dégradation économique, Fathallah Oualalou a proposé trois objectifs que le gouvernement Benkirane devrait atteindre.
Selon le dirigeant ittihadi, le gouvernement doit lutter contre la pauvreté et la précarité, et cela ne peut être réalisé sans une politique à moyen terme qui vise le développement économique surtout dans l’industrie. Mais pour que cette croissance soit atteinte, il faut à court terme trouver des moyens financiers pour réaliser les objectifs avancés, car « sans argent rien ne peut être fait », argumente-t-il.
La crise économique que vit le Maroc ne date pas d’aujourd’hui, mais ses prémices sont apparues depuis 2009, comme en témoignent les mises en garde répétitives de l’USFP et ses groupes parlementaires. « L’USFP avait raison quand il a averti du risque d’une crise économique si le gouvernement n’agit pas avec rapidité pour l’éviter », a fait remarquer Habib El Malki, membre du Bureau politique de l’USFP.
Mais le plus grave, pour le dirigeant socialiste, c’est que le gouvernement actuel a, depuis des mois, ignoré la crise, et puis tout à coup des ministres et non ùle gouvernement, donnent des chiffres alarmants. « Mais que se passe-t-il pour que des ministres dudit gouvernement viennent maintenant brosser un tableau noir de l’économie marocaine ? », s’interroge El Malki. Pour lui, la réponse réside dans le derniers discours du Roi à l’occasion de la Fête du Trône. Ce discours « a été décisif » et a poussé le gouvernement à prendre une position « hardie » différente de celle défendue il y a quelques mois. « D’un seul coup, on est passé de l’imposture à la hardiesse», précise-t-il. Et d’ajouter que la ligne de crédit ouverte par le FMI ne peut être lue que comme un indice, à savoir que les choses risquent d’empirer davantage dans les prochains mois.
Après avoir disséqué la réalité économique, El Malki a proposé quelques pistes pour sortir du marasme économique. Il a mis en garde contre toute politique d’austérité qu’il faut éviter à tout prix, car elle aura des répercussions négatives surtout sur le plan social et risque de destabiliser le pays. Il propose également une stratégie globale que l’USFP ne cesse de clamer depuis quatre ans, selon les propos du dirigeant usfpéiste.
De son côté, Ahmed Zaidi, président du Groupe socialiste à la Chambre des représentants, a vivement critiqué le gouvernement Benkirane qui a nié durant des mois l’existence de la crise économique alors que le Groupe socialiste n’a cessé depuis le début de cette législature de mettre en garde contre la récession économique.
Pour Ahmed Zaidi, le gouvernement a commis plusieurs erreurs quand il a présenté dans son programme et la loi de Finances des hypothèses « optimistes ». Mais il a dû les revoir après. Par exemple, il a promis durant la campagne électorale de réaliser un taux de croissance de 6 à 7%, mais il l’a revu à la baisse (5,5 %) dans le programme gouvernemental, puis il l’a baissé dans la loi de Finances (4,2 %), et actuellement il affirme que ce taux ne dépassera pas le 3,4 %.
La deuxième carence dont souffre le gouvernement concerne le manque d’homogénéité. Et c’est pour cela qu’aucun parti de la coalition ne veut, ni ne peut endosser la responsabilité des décisions prises par le gouvernement devant l’opinion publique. Certaines composantes de la coalition avouent que d’autres agissent comme si elles étaient toujours dans l’opposition.
Toutes ces carences ont poussé le gouvernement à poser ce qu’Ahmed Ziadi qualifie « d’hypothèses fragiles ». La première concerne le taux de croissance que le gouvernement a revu à la baisse plusieurs fois. La deuxième concerne le déficit budgétaire : le gouvernement l’a fixé à 5 % mais le Groupe socialiste a montré que ce taux est irréalisable puisque les dotations de la Caisse de compensation peuvent atteindre plus de 50 milliards de DH à cause de la hausse des prix du pétrole.
De son côté, Abdelali Doumou a brossé un tableau sombre de l’économie nationale en se basant sur des arguments massus.
La crise actuelle, pour le député de l’USFP, ne ressemble absolument pas aux crises du passé. Il part du concept de la « soutenabilité budgétaire » qui signifie la capacité de l’Etat à mobiliser des ressources financières nécessaires pour la dépense publique.
Pour lui, les Etats accablés de dettes ne peuvent pas mobiliser les ressources financières nécessaires pour contrer la crise et satisfaire les besoins croissants des populations.
Les recettes préconisées par les différents courants économiques sont basées soit sur l’austérité, soit sur la relance économique. Mais les deux mécanismes sont incapables actuellement de parer à la récession économique.
Il a précisé que le modèle de la gestion du budget public adopté depuis les années 30, est maintenant remis en question. Devant l’ampleur de la dette, les Etats se trouvent dans un dilemme d’un double déficit : soit ils revoient à la baisse les dépenses publiques, soit ils les augmentent.
Pour Doumou, le Maroc a pu, durant la période allant de 1998 à 2009, préserver son autonomie financière et « son immunité » grâce principalement à l’augmentation des recettes publiques qui sont passées de 88 en 1998 à plus de 190 milliards de DH en 2009, ce qui a permis à l’Etat de financier plusieurs projets et chantiers. Mais les choses se sont dégradées parce que la politique adoptée depuis 2009 n’a pas été basée sur la rationalisation et la valorisation des ressources publiques (par exemple la réservation de 33 milliards de DH pour le plan d’urgence du ministère de l’Education nationale). Face à l’ampleur de la crise actuelle, Abdelali Doumou a exhorté le gouvernement à adopter une loi de Finances rectificative parce que c’est une nécessité technique et morale.
De son côté, Ahmed Réda Chami, député et membre du Conseil national de l’USFP, a exposé les grandes lignes d’une nouvelle politique pour relancer l’industrie marocaine, car l’industrie, selon lui, est la locomotive du développement que doivent suivre les pays en développement comme le Maroc.
L’ex-ministre socialiste de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies, estime que le Maroc doit saisir trois opportunités pour accélérer le développement de son industrie.
Il peut, premièrement, devenir le premier partenaire du Sud de l’Europe surtout dans les industries de l’automobile, de l’équipement et de l’aviation. Il peut, deuxièmement, se positionner comme une entrée obligatoire vers l’Europe pour les entreprises de l’Asie surtout dans le secteur de l’industrie de l’automobile, de l’équipement et de l’électronique. Et le Maroc a tous les atouts, troisièmement, de devenir un fournisseur de l’Afrique francophone principalement dans l’industrie de construction et pharmaceutique.
Dans son allocution de clôture, Abdelouahed Radi, Premier secrétaire du parti, a souligné que le débat organisé par le Groupe socialiste s’inscrit dans le cadre du travail d’un parti d’opposition. Mais il a tenu à préciser que cette opposition est « une opposition patriote, constructive, responsable. Une opposition qui applaudit les mesures positives ». Et d’ajouter : «Notre opposition est objective, rationnelle et logique basée sur l’analyse scientifique, les chiffres et les arguments. Vous avez remarqué que nous n’avons attaqué ni le gouvernement ni un parti ni quiconque. Le débat politique est un débat d’idées et de programmes ». Pour Radi, l’USFP, a une mission de proposer une alternative « démocratique, moderniste et socialiste ».