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Ancienne vitrine culturelle de la puissance militaire soviétique, l'Ensemble Alexandrov a gardé quasiment le même répertoire avec les morceaux immortels Kalinka et Katioucha, les danses des matelots, des Cosaques et des sabreurs géorgiens.
Du coup, pour une partie de l'audience, les nostalgiques, il offre aujourd'hui un voyage dans le temps.
"Je ne le nie pas, j'ai tremblé quand ils ont chanté +Sur la longue route+", dit Anna, une Russe quadragénaire émigrée au Canada il y a quinze ans.
"Ce sont les airs de notre enfance, de notre jeunesse", explique sa sœur Svetlana, venue écouter ce choeur qui s'est produit en août et septembre à guichets fermés de Québec à Toronto en passant par Montréal.
Mais selon le directeur du choeur, Leonid Malev, les émigrés russophones ne sont qu'une petite minorité parmi ses spectateurs, "peut-être 8 ou 10%".
Les artistes en uniforme aux voix puissantes ont d'ailleurs des méthodes éprouvées pour séduire le public 100% étranger.
D'abord, ils chantent l'hymne national du pays où ils se produisent, avant l'hymne russe. Puis ils ajoutent à leur répertoire un ou deux chants populaires ou militaires locaux.
"Nous l'avons fait même en Chine, où notre soliste a chanté en chinois devant les dirigeants du pays", dit le colonel Malev.
Ainsi, au Québec, les Russes ont entonné "Un peu plus loin, un peu plus haut" de Jean-Pierre Ferland et "Tout le monde est malheureux" de Gilles Vigneault. Emotion du public garantie, même s'il n'est pas toujours facile de comprendre toutes les paroles.
L'adaptation au monde nouveau, où la Russie n'est plus une superpuissance militaire, n'a pas été difficile: il s'agit toujours de représenter la culture russe.
La visite au Vatican, chez le pape Jean Paul II, en 2004, n'en a pas moins marqué les esprits. C'est le souvenir que les artistes évoquent spontanément pour dire ce qui a changé pour eux depuis la chute du Mur de Berlin, avant, par exemple, leur prestation au QG de l'Otan en Belgique, en 2007.
"On a commencé les entretiens avec les Italiens sans trop y croire. Puis, quand une invitation officielle du Vatican est arrivée à Moscou, c'est devenu une affaire d'Etat", se souvient Malev. "Une réunion a été organisée, entre la présidence, les Affaires étrangères, la Défense et le Patriarcat orthodoxe, et finalement on a eu le feu vert".
Après le concert, Jean Paul II, déjà affaibli par la maladie, a dit au colonel "Bravo Rossia", ce que ce dernier se rappelle comme le plus précieux compliment.
Par ailleurs, l'avènement du capitalisme a eu pour effet l'apparition d'une concurrence là où on s'y attendait le moins: au sein du ministère russe de l'Intérieur.
Cette administration puissante possède son propre chœur, fondé en 1973, de bon niveau et avec un répertoire comparable. Mais, lorsqu'il a fait une tournée en France en 2010, cet ensemble a fait sa publicité en se présentant comme "le Chœur de l'Armée Rouge".
Outrés de voir leur identité usurpée, les militaires ont protesté vigoureusement, n'obtenant que des explications confuses et alambiquées.
"On n'a pas voulu faire de procès, ce serait de mauvais goût", explique le colonel Malev.
Mais l'affaire n'est pas finie, reconnaît-il, le chœur des troupes de l'Intérieur prépare une nouvelle tournée en France l'année prochaine, apparemment avec l'intention de se réclamer à nouveau de la légendaire Armée Rouge.