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Comme ses pairs, il se laisse engourdir les sens, le regard vague, les traits serrés, à la recherche d’une satisfaction inachevée dans le but d’assouvir cette dépendance à la nicotine.
L’envie de toujours griller une autre clope semble irrésistible pour ces jeunes, enferrés très tôt dans l’engrenage infernal des produits du tabac. Ce décor aussi désolant qu’alarmant au cœur de la ville de Rabat interpelle plus d’un sur cette tendance qui va crescendo chez la génération Z.
Pour la pneumologue allergologue, Dr Hanane Laarej, les jeunes sont "une catégorie de personnes vulnérables qui se cherchent, cherchent des modèles ou s’identifient encore à d’autres personnes".
"Ils se trouvent ainsi influencés indirectement par des messages subliminaux diffusés dans des films ou des clips vidéos" et succombent facilement à la tentation, notamment de la e-cigarette ou l’IQOS comme une alternative à la dangereuse cigarette classique.
Néanmoins, "ce côté douillet et attrayant agrémenté de saveurs fruitées, avec l’habitude gestuelle qui l’accompagne durant la journée, fait souvent basculer dans une addiction à la cigarette classique", a-t-elle prévenu.
Et pour cause, "les industriels du tabac vendent délibérément aux jeunes une dépendance mortelle et usent de leur ingéniosité en marketing pour les appâter à travers plusieurs supports notamment numérique, sous un aspect plaisant et non dangereux", selon la pneumologue.
En associant la cigarette ou e-cigarette à la liberté, à la popularité, à l’affirmation de soi et à la séduction, l’industrie du tabac attire de nombreux consommateurs dans
Et d’aucuns savent comment ces cigarettiers, avec un insidieux coup marketing d’Edward Bernays, maître de la propagande et de la manipulation, se sont servis du féminisme pour transcender l’interdit et "faire fumer les femmes".
Plus que des cigarettes, il s'agissait de "flambeaux de liberté" (Torches of freedom) pour ces femmes américains des années 20 du siècle dernier qui cherchaient à s'émanciper du paternalisme dominant à l’époque.
Actuellement, pas moins de 37 millions d’adolescents âgés de 13 à 15 ans consomment du tabac sous une forme ou une autre dans le monde, prévient l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui, signe révélateur, a placé la journée mondiale sans tabac cette année sous le signe "Protéger les enfants de l’ingérence de l’industrie du tabac".
Ce faisant, l’OMS cherche à faire de cette journée une occasion de dénoncer les campagnes de marketing trompeuses ciblant les jeunes (notamment en mobilisant les influenceurs des médias sociaux) et de plaider en faveur d’une réglementation plus stricte des cigarettes électroniques et des produits à base de nicotine.
Et si les effets secondaires et les dangers liés aux produits de vapotage ne sont pas encore connus, "les plus grands risques pour les jeunes restent la dépendance à la nicotine et l’inhalation de substances chimiques qui causent une inflammation et une irritation des voies respiratoires supérieures", a fait observer Dr Laarej.
"Il existe même des cas présentant une inflammation pulmonaire avec des syndromes de détresse respiratoire", a-t-elle ajouté.
Au Maroc, des données révélées par le Projet "Établissements d’enseignement supérieur sans tabac" font ressortir que la prévalence tabagique est de 13,4% chez la population âgée de 18 ans et plus. L’âge du début du tabagisme est entre 15 et 19 ans chez 48,4% de fumeurs et de 20 ans et plus chez 37%.
D’après le ministère de la Santé et de la Protection sociale, une enquête de Global Youth Tobacco Survey (GYTS) est actuellement en cours de finalisation pour fournir des données actualisées et permettre d'évaluer plus précisément l'évolution récente du tabagisme chez les jeunes au Maroc.
Les initiatives se sont ainsi multipliées pour lutter contre ce phénomène qui constitue un facteur de risque de plusieurs maladies chroniques, témoignant d’une approche multidimensionnelle de lutte anti-tabac.
Il y a lieu de citer la Stratégie nationale multisectorielle de prévention et de contrôle des maladies non-transmissibles (MNT) 2020-2029 qui a pour objectif de réduire la consommation de tabac de 20% chez les individus âgés de 15 ans et plus d'ici 2029.
La Stratégie intersectorielle en matière de santé scolaire et universitaire renforce les interventions de lutte contre le tabagisme chez les adolescents et les jeunes pour sensibiliser cette tranche d'âge critique.
A cela s’ajoute le Programme national de lutte contre le tabagisme (PNLCT), axé essentiellement sur la prévention, la sensibilisation et le sevrage tabagique, outre le suivi épidémiologique continu des tendances de consommation de tabac à travers le lancement d'enquêtes périodiques.