Journée mondiale des droits de l’Homme : La lutte contre les discriminations doit se poursuivre


SOFIA ALIAMET
Jeudi 10 Décembre 2009

Journée mondiale des droits de l’Homme : La lutte contre les discriminations doit se poursuivre
La Journée mondiale des droits de l’Homme est célébrée aujourd’hui dans bon nombre de pays. Chaque année, ce jour particulier est l’occasion de commémorer la Déclaration universelle des droits de l’Homme adoptée par les Nations unies en 1948 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » : le premier article de cette déclaration nous semble aujourd’hui idyllique voire utopique tant les disparités demeurent encore entre les différentes catégories sociales, et ce quels que soient les pays.  
C’est pourquoi l’ONU a placé cette année ladite Journée sous le thème de « La non discrimination ». Selon Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, « la discrimination prend pour cibles des individus et groupes vulnérables : les handicapés, les femmes et filles, les pauvres, les migrants, les minorités et tous ceux que l’on trouve différents. »
Pour nous, cette journée est principalement l’occasion de dresser le bilan de tout ce qui a été accompli dans le Royaume en termes de lutte contre la discrimination, mais également de mesurer l’ampleur de ce qu’il reste à réaliser.
Il est incontestable que des avancées considérables ont été accomplies. En termes d’égalité hommes-femmes notamment, l’on tend désormais à s’aligner sur la Convention internationale comme en témoignent à la fois la Moudouwana de 2004 et le nouveau Code de la nationalité.
 De même que dans la lutte contre la pauvreté, de nombreux plans ont été mis en œuvre, à l’instar du plan « Villes sans bidonvilles » qui a pour ambition d’éradiquer la présence de bidonvilles dans près de 83 villes à l’horizon 2010.
S’il existe d’autres exemples prouvant que nous sommes sur la bonne voie, il y a également de nombreux domaines dans lequel la lutte contre la discrimination doit continuer de plus belle…
Ainsi à titre d’exemple, des sources syndicales indiquent que les travailleurs agricoles que d’aucuns considèrent comme appartenant à la catégorie des personnes estimées pauvres sont lésés par rapport aux salariés ordinaires. Leur SMAG (Salaire minimum agricole garanti) est inférieur de 40% au SMIG (55 dirhams par jour dans le premier cas contre 85 dirhams dans le second).
Pire encore, le SMAG n’est presque jamais appliqué puisque l’on estime en moyenne que les salariés agricoles touchent entre 30 et 40 DH par jour, et ce pour un travail quotidien d’une durée de neuf ou dix heures. En outre, plus sur plus d’un million d’ouvriers agricoles, seuls près de 70.000 sont déclarés à la CNSS.
Et si, dans le meilleur des cas, le SMAG était respecté par tous les employeurs, cela signifierait que les salariés agricoles sont maintenus sous le seuil de pauvreté, ce qui soulève évidemment le problème de la discrimination contre les « pauvres », telle que Ban Ki-moon la définit.
Un phénomène tend également à prendre de l’ampleur dans le Royaume. Selon un confrère paraissant à Casablanca, les travailleurs pauvres sont de plus en plus nombreux sur le territoire national. En effet, quatre salariés sur dix déclarés à la CNSS gagneraient tout au plus 2000 dirhams par mois, ce qui laisse  sérieusement songeur sur les conditions d’existence de tous ces salariés.
Par ailleurs, la lutte contre la discrimination à l’égard des handicapés doit également se poursuivre et de nombreuses associations y veillent au grain. Rappelons qu’il n’existe aucune aide aux familles dont l’un des membres est atteint de handicap mental ou moteur. La présidente de l’Association Amali qui vient en aide aux familles de schizophrènes avait expliqué à Libé que «si les familles n’étaient pas présentes, les malades n’avaient aucune chance de s’en sortir ».
Si le Royaume a ratifié le 8 avril 2009 la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, il s’agit aujourd’hui d’adapter cette Convention à l’échelle nationale et de promouvoir l’insertion des personnes handicapées dans la vie de tous les jours. Aujourd’hui, la mendicité reste malheureusement le lot commun de bon nombre d’entre eux.
Concernant la condition féminine, il semble que les avancées législatives ne soient pas encore appliquées partout et surtout connues de tous. Ainsi, dans les régions rurales notamment, une méconnaissance totale de la nouvelle Moudouwana combinée à une importante précarité entraînent des situations dramatiques pour de nombreuses femmes.
Celles-ci sont encore trop souvent répudiées par leurs maris, mariées de force alors qu’elles sont mineures et mariées uniquement en vertu de la fatiha (loi religieuse).
Les associations de défense des droits de la femme, à l’instar de la Fondation Ytto, n’ont de cesse de revendiquer un délai supplémentaire en vue d’inscrire les enfants à l’état civil et de légaliser les mariages. Un travail considérable de sensibilisation semble être nécessaire afin de faire connaître leurs droits aux femmes des régions les plus reculées du Maroc.
« Nul ne peut dire qu’il n’y a pas de discrimination dans son pays », a déclaré Ban Ki-moon en vue de cette journée. Dès lors, il s’agit de prendre conscience des domaines où des efforts restent à fournir afin de lutter autant que faire se peut, contre toutes les disparités qui perdurent dans le monde.
Le Royaume, en ratifiant les nombreuses conventions internationales, s’est incontestablement engagé sur la bonne voie. Il s’agit désormais de sensibiliser la société aux discriminations qui demeurent afin qu’un jour peut-être l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’Homme fasse sens.


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