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Critique littéraire mondialement connu qui incita des générations d'étudiants et de lettrés à lire et relire les chefs-d'oeuvre, le professeur et médecin suisse Jean Starobinski était l'un des grands érudits de notre temps.
Ce natif de Genève, qui était aussi musicien (il jouait du piano), a enrichi la critique littéraire d'une foule de connaissances, au croisement de la littérature, de la philosophie, de la médecine, de l'art, de la musique et de la psychologie.
"Comprendre (un texte, une oeuvre d'art), c'est reconnaître que toutes les significations demeurent en suspens tant que l'on n'a pas achevé de se comprendre soi-même", disait cet homme courtois, père de trois fils (dont le musicologue Georges Starobinski), au grand front et portant lunettes.
"Il a fait progresser l'art de lire, à la lumière des savoirs et des événements de son époque. Médecin de surcroît, il était le mieux placé pour apporter à la critique le meilleur du freudisme, sans s'en laisser compter", estimait l'académicien français Bertrand Poirot-Delpech.
Spécialiste du 18e siècle, "Staro", comme l'appelaient ses étudiants et ses proches, est connu pour son essai "Jean-Jacques Rousseau, la transparence et l'obstacle", plusieurs fois réédité, ainsi que par des ouvrages empruntant au domaine médico-psychiatrique comme "Histoire de la médecine" ou "Histoire du traitement de la mélancolie, des origines à 1900".
Il a aussi signé, parmi sa trentaine d'ouvrages portés par une écriture lumineuse, précise, parfois poétique, des analyses d'auteurs comme Corneille, Racine, Montaigne, Diderot, Stendhal ou Baudelaire, des essais sur l'opéra, sur l'art, comme "Portrait de l'artiste en saltimbanque" ou sur la critique, comme "La Relation critique".
Il a aussi traduit "La Colonie pénitentiaire" et d'autres textes de Franz Kafka.
Il est né le 17 novembre 1920 à Genève, dans une famille d'émigrés juifs venue de Russie et de Pologne. Il y étudie les lettres, tout en suivant une formation de médecin. De 1946 à 1949, il est assistant de littérature française à l'université de Genève puis, de 1949 à 1953, il est interne à la Clinique thérapeutique des Hôpitaux universitaires de la ville.
Ensuite, il abandonne le métier de médecin pour être professeur d'histoire des idées à l'université de Genève puis, jusqu'en 1985, de littérature française dans ce même établissement.
Avec les professeurs suisses Albert Béguin et Jean Rousset, le Français Jean-Pierre Richard et le Belge Georges Poulet, il fait partie à partir des années 60 de l'"École de la critique de Genève", qui développe une vision non dogmatique de la littérature. "A la vérité", relevait "Staro", "nous fûmes un groupe d'amis, liés par des affinités, mais sans programme commun".
Il disait se sentir "inquiet, insatisfait, demandant alors secours aux philosophes et aux poètes. Obligé de renouveler ainsi les questions que je pose et la réponse que je perçois. Cela m'amène souvent à relire les textes que j'estime importants, plutôt qu'à passer à de nouvelles lectures".
Il fut parfois davantage lu et étudié à l'étranger qu'en France où on ne lui confia qu'une modeste année de leçons au Collège de France, en 1987-1988.
Le Figaro l'avait regretté en 2005, soulignant sa grande "discrétion" et le fait qu'"il n'habite pas à Paris mais à Genève et ne s'en éloignera guère".
Lauréat de nombreuses récompenses (comme le prix de la Fondation Pierre Ier de Monaco, le prix italien Balzan ou le Grand prix de la francophonie), il était membre d'académies de plusieurs pays (comme, en France, celle des Sciences morales et politiques), ainsi que docteur honoris causa de nombreuses universités de par le monde.
En 2016, Gallimard a publié son dernier ouvrage, "La Beauté du monde. La littérature et les arts". Jean Starobinski a montré, selon l'éditeur, "que la force des oeuvres est d'attester la décence de l'existence humaine contre les puissances de la destruction. Dire oui à la beauté du monde, telle est l'une de ses leçons constantes".
Ce natif de Genève, qui était aussi musicien (il jouait du piano), a enrichi la critique littéraire d'une foule de connaissances, au croisement de la littérature, de la philosophie, de la médecine, de l'art, de la musique et de la psychologie.
"Comprendre (un texte, une oeuvre d'art), c'est reconnaître que toutes les significations demeurent en suspens tant que l'on n'a pas achevé de se comprendre soi-même", disait cet homme courtois, père de trois fils (dont le musicologue Georges Starobinski), au grand front et portant lunettes.
"Il a fait progresser l'art de lire, à la lumière des savoirs et des événements de son époque. Médecin de surcroît, il était le mieux placé pour apporter à la critique le meilleur du freudisme, sans s'en laisser compter", estimait l'académicien français Bertrand Poirot-Delpech.
Spécialiste du 18e siècle, "Staro", comme l'appelaient ses étudiants et ses proches, est connu pour son essai "Jean-Jacques Rousseau, la transparence et l'obstacle", plusieurs fois réédité, ainsi que par des ouvrages empruntant au domaine médico-psychiatrique comme "Histoire de la médecine" ou "Histoire du traitement de la mélancolie, des origines à 1900".
Il a aussi signé, parmi sa trentaine d'ouvrages portés par une écriture lumineuse, précise, parfois poétique, des analyses d'auteurs comme Corneille, Racine, Montaigne, Diderot, Stendhal ou Baudelaire, des essais sur l'opéra, sur l'art, comme "Portrait de l'artiste en saltimbanque" ou sur la critique, comme "La Relation critique".
Il a aussi traduit "La Colonie pénitentiaire" et d'autres textes de Franz Kafka.
Il est né le 17 novembre 1920 à Genève, dans une famille d'émigrés juifs venue de Russie et de Pologne. Il y étudie les lettres, tout en suivant une formation de médecin. De 1946 à 1949, il est assistant de littérature française à l'université de Genève puis, de 1949 à 1953, il est interne à la Clinique thérapeutique des Hôpitaux universitaires de la ville.
Ensuite, il abandonne le métier de médecin pour être professeur d'histoire des idées à l'université de Genève puis, jusqu'en 1985, de littérature française dans ce même établissement.
Avec les professeurs suisses Albert Béguin et Jean Rousset, le Français Jean-Pierre Richard et le Belge Georges Poulet, il fait partie à partir des années 60 de l'"École de la critique de Genève", qui développe une vision non dogmatique de la littérature. "A la vérité", relevait "Staro", "nous fûmes un groupe d'amis, liés par des affinités, mais sans programme commun".
Il disait se sentir "inquiet, insatisfait, demandant alors secours aux philosophes et aux poètes. Obligé de renouveler ainsi les questions que je pose et la réponse que je perçois. Cela m'amène souvent à relire les textes que j'estime importants, plutôt qu'à passer à de nouvelles lectures".
Il fut parfois davantage lu et étudié à l'étranger qu'en France où on ne lui confia qu'une modeste année de leçons au Collège de France, en 1987-1988.
Le Figaro l'avait regretté en 2005, soulignant sa grande "discrétion" et le fait qu'"il n'habite pas à Paris mais à Genève et ne s'en éloignera guère".
Lauréat de nombreuses récompenses (comme le prix de la Fondation Pierre Ier de Monaco, le prix italien Balzan ou le Grand prix de la francophonie), il était membre d'académies de plusieurs pays (comme, en France, celle des Sciences morales et politiques), ainsi que docteur honoris causa de nombreuses universités de par le monde.
En 2016, Gallimard a publié son dernier ouvrage, "La Beauté du monde. La littérature et les arts". Jean Starobinski a montré, selon l'éditeur, "que la force des oeuvres est d'attester la décence de l'existence humaine contre les puissances de la destruction. Dire oui à la beauté du monde, telle est l'une de ses leçons constantes".