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Aspirant guide dans sa jeunesse, stoppé net par un terrible accident de montagne, Jean-Marc Rochette, dessinateur culte du “Transperceneige”, qui publie deux nouveaux albums, est devenu sur le tard une star de la bande dessinée.
Avec son regard bleu glacier, ses profondes pattes d’oie et sa barbe argentée, Jean-Marc Rochette, 63 ans, a de faux airs de guide de haute-montagne. Mais ce destin, auquel il a voué sa jeunesse dans la région de Grenoble (sud-est de la France), s’est un jour heurté à un rocher, qui a atterri sur son visage en pleine ascension d’un sommet alpin.
Grièvement blessé, choqué, il abandonne ses rêves de montagne. Il deviendra artiste, dessinateur, auteur, comme il le raconte dans le poignant “Ailefroide”, album autobiographique sorti il y a un an chez Casterman.
Son franc-parler montagnard, lui, est toujours là. Une parole assurée, brute comme ses dessins. Par exemple, quand il raconte à l’AFP, lors d’une tournée de promotion à Bruxelles, la genèse de “Loup”, sa nouvelle BD qui décrit la lutte pour un territoire entre l’animal et un berger qui lui ressemble étrangement.
A l’origine, une rencontre dans sa vallée avec un berger victime d’une attaque de loup, qui lui décrit “les brebis agonisantes”, “la charogne en putréfaction”.
“Le type a dû tuer lui-même ses bêtes. C’était apocalyptique. Je me suis dit +C’est incroyable, c’est du Jack London!+”, poursuit-il.
L’homme contre le loup: Rochette s’efforce d’éviter tout jugement sur ce sujet explosif. A peine concède-t-il être “plus pour la gestion du conflit que pour l’éradication” de l’animal.
Il met en avant sa “fibre écologique”, dont son oeuvre est empreinte.
Dans le “Transperceneige”, la saga qui le fait connaître au début des années 80, c’est un cataclysme climatique qui conduit pendant des décennies les passagers d’un train —toute l’humanité survivante— à un voyage sans but à travers les étendues gelées d’une terre ravagée. La lutte pour la survie y est impitoyable.
Scénarisée par Jacques Lob, l’oeuvre éditée par Casterman, tout comme “Loup”, devient un classique immédiat de la BD d’anticipation.
La suite est plus rude. Ses albums se vendent peu. Au tournant des années 90, c’est “L’Equipe”, où il dessine le plus beau but et le plus bel essai de la semaine, qui le fait vivre.
Faute de succès dans la BD, il se décide, la cinquantaine approchant, “sans attaches familiales”, à quitter la France dans les années 2000, pour tenter “l’aventure” à Berlin et se consacrer à la peinture.
Mais le destin le rattrape: à des milliers de kilomètres de là, dans une minuscule librairie de Séoul, le réalisateur coréen Bong Joon-ho, passionné de BD, tombe par hasard sur le “Transperceneige”.
“J’ai tout lu d’une traite, debout dans la boutique. J’étais très jeune mais je me suis dit: +Un jour, je l’adapterai au cinéma+”, racontait le Coréen lors de la sortie du film en 2013.
La critique encense le long-métrage, tourné en anglais avec Chris Evans. Le film cartonne en Corée —9 millions d’entrées— et relance dans le monde entier l’intérêt pour l’oeuvre d’origine.
“Ça m’a sauvé”, affirme Jean-Marc Rochette, ravi de le Palme d’or tout juste remportée par Bong Joon-ho pour son nouveau film “Parasite”.
“Sans lui, +Le Transperceneige+ aurait été enterré. Ça a mis de la lumière sur moi et m’a permis de faire +Ailefroide+”, déjà vendu à près de 60.000 exemplaires, un excellent chiffre pour une BD d’auteur.
Rochette partage désormais sa vie entre Paris l’hiver, où il dessine, et la région alpine de l’Oisans l’été, celle de son enfance, où il écrit. “On voit les Ecrins de mon potager”, sourit-il.
Et après trente ans d’arrêt, il grimpe à nouveau, d’abord “des voies faciles”, puis l’été dernier la Meije, une montagne du massif des Ecrins.
Il profite aussi de cette renaissance pour sortir de nouveaux albums du “Transperceneige”, dont “Extinctions”, premier tome d’un “prequel” en trois volumes, qui paraît parallèlement au “Loup”.
Un nouveau coup de projecteur se profile: une série adaptée de ses BD d’anticipation, avec Jennifer Connelly, est annoncée sur Netflix pour 2020.
Avec son regard bleu glacier, ses profondes pattes d’oie et sa barbe argentée, Jean-Marc Rochette, 63 ans, a de faux airs de guide de haute-montagne. Mais ce destin, auquel il a voué sa jeunesse dans la région de Grenoble (sud-est de la France), s’est un jour heurté à un rocher, qui a atterri sur son visage en pleine ascension d’un sommet alpin.
Grièvement blessé, choqué, il abandonne ses rêves de montagne. Il deviendra artiste, dessinateur, auteur, comme il le raconte dans le poignant “Ailefroide”, album autobiographique sorti il y a un an chez Casterman.
Son franc-parler montagnard, lui, est toujours là. Une parole assurée, brute comme ses dessins. Par exemple, quand il raconte à l’AFP, lors d’une tournée de promotion à Bruxelles, la genèse de “Loup”, sa nouvelle BD qui décrit la lutte pour un territoire entre l’animal et un berger qui lui ressemble étrangement.
A l’origine, une rencontre dans sa vallée avec un berger victime d’une attaque de loup, qui lui décrit “les brebis agonisantes”, “la charogne en putréfaction”.
“Le type a dû tuer lui-même ses bêtes. C’était apocalyptique. Je me suis dit +C’est incroyable, c’est du Jack London!+”, poursuit-il.
L’homme contre le loup: Rochette s’efforce d’éviter tout jugement sur ce sujet explosif. A peine concède-t-il être “plus pour la gestion du conflit que pour l’éradication” de l’animal.
Il met en avant sa “fibre écologique”, dont son oeuvre est empreinte.
Dans le “Transperceneige”, la saga qui le fait connaître au début des années 80, c’est un cataclysme climatique qui conduit pendant des décennies les passagers d’un train —toute l’humanité survivante— à un voyage sans but à travers les étendues gelées d’une terre ravagée. La lutte pour la survie y est impitoyable.
Scénarisée par Jacques Lob, l’oeuvre éditée par Casterman, tout comme “Loup”, devient un classique immédiat de la BD d’anticipation.
La suite est plus rude. Ses albums se vendent peu. Au tournant des années 90, c’est “L’Equipe”, où il dessine le plus beau but et le plus bel essai de la semaine, qui le fait vivre.
Faute de succès dans la BD, il se décide, la cinquantaine approchant, “sans attaches familiales”, à quitter la France dans les années 2000, pour tenter “l’aventure” à Berlin et se consacrer à la peinture.
Mais le destin le rattrape: à des milliers de kilomètres de là, dans une minuscule librairie de Séoul, le réalisateur coréen Bong Joon-ho, passionné de BD, tombe par hasard sur le “Transperceneige”.
“J’ai tout lu d’une traite, debout dans la boutique. J’étais très jeune mais je me suis dit: +Un jour, je l’adapterai au cinéma+”, racontait le Coréen lors de la sortie du film en 2013.
La critique encense le long-métrage, tourné en anglais avec Chris Evans. Le film cartonne en Corée —9 millions d’entrées— et relance dans le monde entier l’intérêt pour l’oeuvre d’origine.
“Ça m’a sauvé”, affirme Jean-Marc Rochette, ravi de le Palme d’or tout juste remportée par Bong Joon-ho pour son nouveau film “Parasite”.
“Sans lui, +Le Transperceneige+ aurait été enterré. Ça a mis de la lumière sur moi et m’a permis de faire +Ailefroide+”, déjà vendu à près de 60.000 exemplaires, un excellent chiffre pour une BD d’auteur.
Rochette partage désormais sa vie entre Paris l’hiver, où il dessine, et la région alpine de l’Oisans l’été, celle de son enfance, où il écrit. “On voit les Ecrins de mon potager”, sourit-il.
Et après trente ans d’arrêt, il grimpe à nouveau, d’abord “des voies faciles”, puis l’été dernier la Meije, une montagne du massif des Ecrins.
Il profite aussi de cette renaissance pour sortir de nouveaux albums du “Transperceneige”, dont “Extinctions”, premier tome d’un “prequel” en trois volumes, qui paraît parallèlement au “Loup”.
Un nouveau coup de projecteur se profile: une série adaptée de ses BD d’anticipation, avec Jennifer Connelly, est annoncée sur Netflix pour 2020.