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En effet, les interprétations divergent et chaque partie défend sa propre vision. Faut-il se baser sur le critère de l’éloignement des agglomérations et le manque de services de base (électricité, eau potable, routes, etc.) ou se baser uniquement sur l’inventaire concernant les communes rurales pauvres ciblées par l’INDH ?
Pour Mohamed Saad Alami, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Modernisation des secteurs publics, cette question est en gestation depuis un an et rien n’a encore été décidé.
Une commission composée des ministères de l’Education nationale, de la Santé et de l’Intérieur a été mise en place pour donner sa propre vision des critères à retenir mais aucune décision n’a été prise, a-t-il indiqué, ajoutant que le dialogue à propos de cette question se poursuit avec la participation des syndicats les plus représentatifs, concernés par ce dossier.
Pourtant, ces derniers estiment que cette commission ne va pas servir à grand- chose et qu’il fallait créer des commissions provinciales composées de représentants des ministères de l’Education nationale et de la Santé, des gouverneurs de province et des délégués syndicaux.
Ils considèrent que ces commissions locales sont plus aptes à livrer un diagnostic précis des zones en question qu’une commission nationale, du fait de leur proximité de la population et de leur connaissance du terrain.
Les syndicalistes pensent également que les critères doivent être définis selon les secteurs. A ce propos, ils soulignent que les critères valables pour l’Education nationale ne devraient pas être calqués sur ceux du ministère de la Santé.
Ils estiment que si une zone qui manque d’électricité, d’eau potable et de routes peut être considérée comme une zone difficile pour l’Education nationale, elle ne peut pas l’être pour la Santé. Car un centre de soins demande l’existence d’électricité pour les vaccins et des routes praticables pour d’éventuels cas d’évacuation. Certains syndicalistes n’hésitent pas à considérer que le gouvernement est dans le flou et qu’il manque d’une vision claire et précise à tel point que, l’été dernier, et suite aux grèves des enseignants dans le Sud du Maroc, il a déclaré toute la région comme une zone difficile et éloignée.
Ils ajoutent même que le dialogue avec le gouvernement sur cette question tarde à démarrer et qu’ils n’ont pas encore livré leurs propositions concernant ce sujet du fait que le gouvernement n’a toujours pas ordonné la réunion de la commission technique nationale. Le dernier round du dialogue social a reporté les pourparlers traitant ce sujet, ont-il précisé.
Pourtant, quelles que soient les réponses à apporter à ce propos, la question des zones difficiles et lointaines risque de traîner ou du moins d’être solutionnée à moitié.
Les énormes déficits en matière d’infrastructures de base que connaît notre pays risquent de compliquer la tâche des deux parties.
Ceci d’autant plus que d’autres questions peuvent brouiller la situation, à savoir la situation des centaines d’établissements scolaires et centres hospitaliers construits dans les quartiers périphériques ou aux alentours de grandes agglomérations qui manquent de tout (personnel, matériels, budget, etc.). Vont-ils être désignés comme des zones difficiles et lointaines ? Le personnel exerçant dans ces conditions mérite-t-il d’être indemnisé comme ses collègues dans le monde rural ? Il y a également la question de la généralisation de ce dispositif à d’autres secteurs de la Fonction publique. Qu’en est-il ainsi des agents d’autorité, des fonctionnaires des communes rurales, des postiers ? Vont-ils être exclus ou inclus dans ce dispositif?