Constatant que toutes les politiques répressives n’ont pas jugulé «l’immigration non choisie», ce dernier vient de réclamer une action plus déterminée des pays du Maghreb.
«Il faudrait que ces Etats agissent assez brutalement et mettent la main sur toutes ces officines de passage, très souvent liées au crime organisé et à la prostitution», a-t-il déclaré à l’AFP avant de se rendre vendredi et samedi sur l’île italienne de Lampedusa puis à Malte, deux régions de l’UE confrontées à des vagues de débarquement d’immigrés clandestins.
Soit. Il y a néanmoins un fait que Barrot a feint d’oublier : les pays maghrébins qu’il veut voir devenir les gendarmes d’une Europe nantie font, eux aussi, face à une immigration clandestine en provenance de toute l’Afrique et même de certains pays asiatiques.
De par sa position géographique, le Maroc est même devenu la première victime africaine de ce fléau qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
Lui renvoyer la balle à lui ou aux autres pays du Maghreb ou leur imputer une quelconque part de responsabilité dans l’échec de la politique migratoire de l’Europe, serait tout simplement aberrant et inacceptable. Car, dans cette affaire, ces pays sont doublement sanctionnés. De par leur statut de pays émetteurs d’émigrés, et de pays de transit et de séjour pour immigrés, ils sont donc en droit de s’attendre à une aide conséquente pour venir à bout de ce phénomène transnational.
L’Europe aurait donc dû commencer par ne pas externaliser ses responsabilités en matière du phénomène migratoire et mutualiser ses efforts avec l’ensemble des pays concernés.
Au lieu de cela, ces derniers ont eu droit à des « leçons » et autres « incitations » à faire montre de plus de répression pour lutter contre ce « phénomène » qui taraude les consciences des dirigeants du Vieux Continent tout en continuant de siéger au banc des accusés et d’accepter, sans mot dire, ce que pareils comportements induiraient comme dénonciations de la part des ONG européennes des droits de l’Homme.
Pour le Maroc, ceci ne peut être ni acceptable, ni accepté. Il ne saurait donc y avoir de solution durable à ce phénomène qui ne prend pas compte de l’ensemble des facettes de la problématique de l’immigration illégale et détermine les responsabilités.
Car c’est d’êtres humains qu’il s’agit. Des hommes, des femmes et des enfants qui, au péril de leurs vies, parcourent souvent des milliers de kilomètres durant des mois, voire des années à la recherche de l’inaccessible Eldorado. L’Europe qui n’en veut guère ne se gêne néanmoins pas de réclamer haut et fort une «immigration choisie» qui viderait les pays sud-méditerranéens de leurs élites.
Pour le reste, tout le reste, elle n’en a cure. Ce qui lui importe, c’est sa stabilité et son bien-être à elle et à elle seule.