Imane Chetioui, une artiste "autodidacte" au Festival international Tourtite d'Ifrane

Depuis le 5 jusqu’au 24 juillet, la salle des conférences de la ville d'Ifrane s'est transformée en une galerie d'art pour exposer plus de 400 toiles et tableaux d'art afin de mettre en valeur le potentiel plastique local, provincial
et régional voire national et faire découvrir des chefs-d’œuvre d’artistes de renommée nationale. S’inscrivant dans une dynamique de valorisation et de promotion de l’art et de la culture au niveau de la ville d'Ifrane et toute sa région du Moyen Atlas dans le cadre du Festival international Tourtite dont la quatrième édition est organisée du 19 au 24 juillet 2010, l’Association «Tourtite pour la promotion des activités culturelles, artistiques, sportives et la préservation du patrimoine des villes de montagne», a procédé lundi 19 juillet
au vernissage officiel de cette grande exposition qui réunit 31 artistes peintres venant de différentes localités de la province d'Ifrane, Khénifra, Sefrou, Fès, El Hajeb. En parallèle avec cette exposition, des ateliers de dessins pour enfants sont programmés sur les passages piétons du centre-ville d'Ifrane durant toute la période du festival et seront animés par des artistes peintres de renom. Entre autres jeunes artistes de talent participant à cette exposition d'œuvres d'art, nous avons interviewé l’artiste Imane Chetioui, enseignante à Sefrou qui a bien voulu répondre à nos questions.

Libé : Qui est Imane Chetioui?

Imane Chetioui : J’ai toujours été passionnée par la peinture. Je travaille actuellement dans l'enseignement et je produis mes œuvres en parallèle.

De par vos œuvres, vous vous présentez comme une impressionniste plutôt qu'une portraitiste. Est-ce là un choix?

Je suis fascinée par la peinture impressionniste, de nombreuses œuvres sont gravées dans ma conscience artistique. Les impressions fugitives, la mobilité des phénomènes, me passionnent plus que l'aspect stable et conceptuel des choses. Alors, il ne s'agit pas d'un choix mais plutôt d'un amour.

Dans quel mouvement (école) artistique vous vous situez le mieux?

Certes, je refuse qu’on mette des étiquettes à mes œuvres en me classifiant dans telle ou telle école, ça m’ennuie qu’on me classe parmi tel ou tel mouvement. Néanmoins, mes toiles sont comme une fleur arrosée par différents cours d'eau. Mais je ne cache pas mon affection à l’art abstrait, l'impressionnisme, le cubisme et le surréalisme.

Voulez-vous nous évoquer votre style?

Je propose au public différents styles à voir, des styles qui pourraient appartenir à différents peintres mais qui sont pourtant l'œuvre d'un seul et même artiste. En fait je suis toujours dans la phase de la recherche de ma propre "signature", mais que je prétends avoir l'amour des couleurs et des formes en tant que style reconnaissable à première vue de mes œuvres.

Quelle est votre technique picturale?

Mes tableaux se présentent avant tout comme un formidable espace de recherches picturales et techniques en essayant de développer des méthodes particulières en imitant des retouches enfantines afin de plonger dans le monde spirituel des enfants et me servir de cette méthode particulière en tant que communication visuelle avec le public en l'invitant à retrouver sa pureté d'enfance.

Dans un premier temps, vous n’avez travaillé que le jaune et le rouge, pourquoi cette fascination pour ces deux couleurs?

D'abord, je ne m’interdis aucune couleur. Nulle couleur n'est plus joyeuse que le jaune. Couleur du soleil qui diffuse ses rayons porteurs de vie sur terre, le jaune est la couleur de la vie et du mouvement. Le rouge est sûrement la couleur la plus fascinante et ambiguë qui soit. Elle joue sur les paradoxes, anime des sentiments passionnels en totale contradiction : amour/colère. Franchement je me contente de peindre sans me préoccuper des pourquoi des choses afin de ne pas gâcher le plaisir de plonger dans cet univers des couleurs.

Lorsque vous commencez une toile, avez-vous une idée précise de l’aboutissement souhaité?

A 50% oui, je me laisse emportée par les couleurs, l’imaginaire, les émotions, le mouvement du pinceau !

Qu’aimeriez-vous que les gens ressentent en regardant vos œuvres?

De la joie intérieure

Vous avez commencé la peinture sur un coup de tête. Est-il facile pour un artiste autodidacte de
s’immiscer dans ce monde de l’art? Comment a commencé votre carrière?

En fait, je dirais une amoureuse des couleurs. J'ai vécu dans la charmante petite ville de Sefrou, ville au caractère historique et naturel indéniable qui m’a beaucoup inspirée. Au collège déjà, le dessin était ma matière préférée et celle où j’obtenais les meilleures notes. Et depuis, je peins vraiment pour mon propre plaisir. En tant que peintre autodidacte, j'ai parcouru avec amour l'histoire de l'art pour apprendre et assimiler les techniques des grands maîtres de la peinture, tels que Pablo Picasso, Salvador Dali, Edvard Munch et bien d'autres...

Quels sont les artistes qui vous inspirent?

Pablo Picasso Salvador Dali, Vincent van Gogh, Ahmed Ben Yessef...

A votre avis, les artistes ont-ils un rôle spécifique dans la société d’aujourd’hui?

L'artiste peut inculquer aux gens les valeurs de sympathie, il y a toujours un message qu’il voudrait transmettre via son travail, via les sujets et les couleurs choisis.