C’est toujours un exercice délicat que subit la société marocaine quand il est question de tenter d’adapter son temps à celui exigé par les contraintes du développement. Disons-le d’emblée, quitte à tenter plus tard de trouver un argumentaire plus exhaustif pour soutenir ce qui nous semble un constat avéré: l’exercice de passage à l’heure d’été est un indicateur révélateur de notre malaise face à la modernité. C’est une nouvelle épreuve qui dit notre échec à dire ce que nous voulons réellement; ou du moins à conformer notre discours et notre pratique; c’est un nouveau test qui révèle l’impasse du projet moderniste noyé dans les contradictions d’une pratique sociale tiraillée entre plusieurs paradigmes. Disons ceux d’hier (pourquoi pas avant-hier plutôt!), d’aujourd’hui et de demain. Pour nous vendre le passage à l’heure d’été, l’Etat use d’un discours qui puise sa légitimité dans un référentiel séculier: économie d’énergie, rapprochement de notre tableau horaire de celui de nos principaux clients, Européens principalement… c’est du concret et du quotidien. C’est l’Etat dans ses prérogatives civiles et laïques qui met en scène son programme. A peine deux mois plus tard, c’est une autre démarche qui vient nous convaincre du contraire. L’heure d’été est rejetée comme une serviette en papier. C’est un autre visage de l’Etat qui prend en charge cette fois un autre genre de discours qui tente de légitimer une pratique en fait qui le remet en question. La fonction idéologique prime sur le rôle d’agent social et économique. Du coup, les rapports entre l’Etat et la société sont gérés par une sorte d’hypocrisie qui délégitime en fait tout le programme soi-disant modernisateur de l’action publique. Et lui fait perdre tout crédit. Ce déphasage est illustré par le discours médiatique qui accompagne les deux moments clés (le début et la fin) de cette séquence dite heure d’été. La télévision nous sert des micro-trottoirs qui disent une chose en même temps que son contraire sans un angle éditorial qui nous dit “d’où ça parle” et ce que la télévision veut nous dire sur l’heure d’été. On épouse la ligne de la doxa. Comme les pouvoirs publics eux-mêmes qui sont dans l’incapacité culturelle et politique d’épouser toute la logique du choix initial de l’heure d’été. Un choix qui conduirait en toute conséquence à prôner la séparation du sacré et du profane. Choix impossible par les temps qui courent marqués par l’hégémonie au sens gramscien du mot des pratiques conservatrices y compris dans les sphères de décision économique et sociale. C’est le règne d’une schizophrénie qui puise dans la modernité certains gadgets pour un usage commode tout en s’enfermant dans des pratiques postmodernes, médiévales. L’analyse des reportages de la télévision sur le retour à l’heure GMT est en outre un révélateur du degré de fragmentation sociale et communautaire de notre pays. Certains sujets indiquent par exemple qu’ils n’ont pas besoin de faire reculer l’aiguille de leur montre puisqu’à l’origine celle-ci n’avait pas bougé. Tout cela étant véhiculé par une caméra numérique dans un contexte inondé de signes extérieurs de développement offrant ainsi une illustration marocaine de la définition de la postmodernité, à savoir la “synergie de phénomènes archaïques et de développement technologique”.
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Heure d’été et postmodernitéL
Mardi 25 Août 2009
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On vient de sortir de l’heure d’été: mais y avons été jamais? Officiellement, dans tous les cas, notre pays vient de signaler son retour à l’heure GMT après quelques semaines d’heure d’été.
C’est toujours un exercice délicat que subit la société marocaine quand il est question de tenter d’adapter son temps à celui exigé par les contraintes du développement. Disons-le d’emblée, quitte à tenter plus tard de trouver un argumentaire plus exhaustif pour soutenir ce qui nous semble un constat avéré: l’exercice de passage à l’heure d’été est un indicateur révélateur de notre malaise face à la modernité. C’est une nouvelle épreuve qui dit notre échec à dire ce que nous voulons réellement; ou du moins à conformer notre discours et notre pratique; c’est un nouveau test qui révèle l’impasse du projet moderniste noyé dans les contradictions d’une pratique sociale tiraillée entre plusieurs paradigmes. Disons ceux d’hier (pourquoi pas avant-hier plutôt!), d’aujourd’hui et de demain. Pour nous vendre le passage à l’heure d’été, l’Etat use d’un discours qui puise sa légitimité dans un référentiel séculier: économie d’énergie, rapprochement de notre tableau horaire de celui de nos principaux clients, Européens principalement… c’est du concret et du quotidien. C’est l’Etat dans ses prérogatives civiles et laïques qui met en scène son programme. A peine deux mois plus tard, c’est une autre démarche qui vient nous convaincre du contraire. L’heure d’été est rejetée comme une serviette en papier. C’est un autre visage de l’Etat qui prend en charge cette fois un autre genre de discours qui tente de légitimer une pratique en fait qui le remet en question. La fonction idéologique prime sur le rôle d’agent social et économique. Du coup, les rapports entre l’Etat et la société sont gérés par une sorte d’hypocrisie qui délégitime en fait tout le programme soi-disant modernisateur de l’action publique. Et lui fait perdre tout crédit. Ce déphasage est illustré par le discours médiatique qui accompagne les deux moments clés (le début et la fin) de cette séquence dite heure d’été. La télévision nous sert des micro-trottoirs qui disent une chose en même temps que son contraire sans un angle éditorial qui nous dit “d’où ça parle” et ce que la télévision veut nous dire sur l’heure d’été. On épouse la ligne de la doxa. Comme les pouvoirs publics eux-mêmes qui sont dans l’incapacité culturelle et politique d’épouser toute la logique du choix initial de l’heure d’été. Un choix qui conduirait en toute conséquence à prôner la séparation du sacré et du profane. Choix impossible par les temps qui courent marqués par l’hégémonie au sens gramscien du mot des pratiques conservatrices y compris dans les sphères de décision économique et sociale. C’est le règne d’une schizophrénie qui puise dans la modernité certains gadgets pour un usage commode tout en s’enfermant dans des pratiques postmodernes, médiévales. L’analyse des reportages de la télévision sur le retour à l’heure GMT est en outre un révélateur du degré de fragmentation sociale et communautaire de notre pays. Certains sujets indiquent par exemple qu’ils n’ont pas besoin de faire reculer l’aiguille de leur montre puisqu’à l’origine celle-ci n’avait pas bougé. Tout cela étant véhiculé par une caméra numérique dans un contexte inondé de signes extérieurs de développement offrant ainsi une illustration marocaine de la définition de la postmodernité, à savoir la “synergie de phénomènes archaïques et de développement technologique”. Lu 245 fois
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