George R. R. Martin, le père de “Game of Thrones”

A chaque fois que je remettais un premier jet de scénario, on me disait "George, on l'adore, mais c'est cinq fois notre budget"


Samedi 6 Avril 2019

Surnommé le "Tolkien américain", chez qui il a puisé sa tendance à faire mourir ses personnages, George R. R. Martin est devenu mondialement célèbre grâce au "Trône de fer", la saga qui a inspiré "Game of Thrones".
Avec le succès, l'écrivain rondouillard de 70 ans, arborant barbe blanche, casquette, lunettes et bretelles, est devenu en 2016 le 12e auteur le mieux payé d'après Forbes.
Ce féru d'histoire médiévale et de mythologie, passionné par la guerre des Roses, a vendu plus de 85 millions d'exemplaires de sa saga, traduite en 47 langues.
Son oeuvre, riche de dizaines de nouvelles et romans, aborde aussi la science-fiction ("Chanson pour Lya"), le fantastique ("Armaggedon Rag"), l'horreur ("Night Flyers") ou la bande dessinée ("Wild Cards").
Né le 20 septembre 1948 à Bayonne (New Jersey), George Raymond Richard Martin est fils de docker. "J'ai grandi dans un HLM. Nous étions pauvres (...) nous n'allions jamais nulle part l'été. Mais les livres m'ont amené partout", a raconté ce lecteur vorace à la chaîne américaine PBS.
Enfant, il écrit des histoires de monstres qu'il vend à des camarades pour quelques pièces, puis des histoires de super-héros pour des fanzines au lycée.
A treize ans, il est marqué par "Le Seigneur des anneaux" de J. R. R. Tolkien: "A partir du moment où vous tuez Gandalf, le suspense est multiplié par mille, car maintenant, n'importe qui peut mourir". D'où sa propension à "tuer des personnages subitement".
Il étudie le journalisme à l'université de Northwestern (Illinois). Il est objecteur de conscience pendant la guerre du Vietnam, réprouvant cette "guerre en particulier", a raconté à Rolling Stone l'écrivain connu pour ses récits de batailles homériques. En 1972, lorsque l'Américain Bobby Fischer devient champion du monde d'échecs et suscite un fort intérêt pour ce jeu, George R.R. Martin est embauché pour gérer des tournois d'échecs le week-end. Ce qui lui laisse "cinq jours de libre pour écrire" et assez d'argent pour payer ses factures, a-t-il dit à The Independent.
Il commence à publier dans les années 1970, remportant d'abord des récompenses pour ses nouvelles, puis travaille sur des séries télé ("La quatrième dimension", "La belle et la bête"), tout en écrivant.
"A chaque fois que je remettais un premier jet de scénario, on me disait "George, on l'adore, mais c'est cinq fois notre budget". "La bataille, où tu as 10.000 personnes, fais-en un duel entre le héros et le méchant"..., a-t-il relaté à Time.
Après plusieurs projets télé mort-nés, il se consacre uniquement à la littérature, pensant "écrire quelque chose d'aussi immense que mon imagination, avec tous les personnages que je veux, des châteaux gigantesques, des dragons, des loups, des centaines d'années d'histoire et une intrigue vraiment complexe. En gros, impossible à filmer", dit-il de sa saga "A Song of Ice and Fire" ("Le Trône de fer"), entamée en 1991, initialement comme une trilogie.
Quand ces livres se hissent en tête des best-sellers et que l'adaptation cinéma du "Seigneur des anneaux" sort, Hollywood manifeste son intérêt.
"GGRM" refuse des films centrés sur ses personnages Jon Snow ou Daenerys. Il décline les propositions de film d'après le premier livre qui conditionnent la suite au box-office.
Le courant passe lors d'une rencontre en 2006 avec les scénaristes David Benioff et D. W. Weiss, aboutissant au lancement en 2011 de "Game of Thrones" par HBO.
La diffusion de l'ultime saison de la série débutera le 14 avril, à partir d'éléments que George R.R. Martin a donnés aux scénaristes "il y a cinq ou six ans". "Mais il pourrait y avoir des modifications, et beaucoup sera ajouté", a confié l'auteur, qui n'a pas lu les derniers scénarios, à Rolling Stone.
Lui n'a pas encore achevé les deux derniers tomes de sa saga, suscitant l'impatience, et parfois la colère des fans.
"A chaque fois que m'assois je suis conscient que je dois faire quelque chose de grandiose", c'est "un immense poids", a-t-il avoué au Guardian.


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