France : Le quinquennat de François Hollande ou la gauche décevante !


Par Mohamed Bentahar
Lundi 4 Avril 2016

"Je suis de ceux qui n’en peuvent de voir la gauche s’évertuer à ressembler à la droite, et la droite s’égosiller à ressembler à l’extrême droite. Une dérive implacable, inébranlable, d’abord invisible par le passé, mais maintenant de plus en plus grossière, telle la lave d’un volcan qui se répand partout." Dixit mon ami Mustapha Kharmoudi.
Le séisme a été prédit de longue date, et peut-être annoncé. Depuis 4 ans, les secousses sont rudes. Seize élections sur dix-huit perdues par la gauche. L'ensemble de la gauche paye l'échec de la gauche gouvernementale. Et un parti politique raciste et fasciste décroche la médaille d’or du peuple de France.
Notre République de la Bastille et de la Commune est éclaboussée, souillée!
Le déclin n'est pas que politique, à vrai dire. Car si tel était le cas, je ne me serai pas gêné de continuer à le démasquer.  Le naufrage du PS et de #LR, ces deux monstres voraces devenus incontrôlables, ou plutôt ce monstre à deux têtes que rien de nos malheurs ne peut plus apitoyer, ni rien de nos pillages le rassasier, a précipité la belle France vers l'abîme et la sert sur un plateau d'argent aux assassins de l'aube.
Et ça ne réjouit personne !
Oui, un naufrage enchante peut-être des éternels aigris. Mais en toute franchise, il déboussole plus d'un. Nous en sommes tristement affligés. Qu'on le veuille ou non, nous sommes dans le même bateau qui chavire. Et que le peuple ne pourrait que pâtir davantage de ce champ de ruines!
Pire encore, écrit Noël Mamère : "On croyait à un gouvernement de gauche et on se retrouve avec des néoconservateurs, qui passent leur temps à recycler de vieilles lunes de l’extrême droite, comme la déchéance de la nationalité..."
Et j'aimerais que l’avenir me démente !
J'aimerais croire que c’est un accident politique, habituel d'une classe engluée dans la "lutte des places". Et avant de mourir, tel l'écrivait Alexandre Jardin,  j'ai le droit de snifer ma part de sublime ! Bien que blessé par des déroutes sévères, je n'ai toujours pas le talent de rogner mes rêves, de ricaner de l'heureuse candeur et de m'envelopper d'amertume. Oui, le cœur n’est plus à ces candeurs.
On voudrait aussi croire que ce n’est que de la politique politicienne, mais notre entendement n’entend plus ce genre de détournement de conscience.
Quatorze ans après  2002, je croyais que  l’écroulement d’une certaine élite politique qui a, à la longue, privatisé tous les rouages du pouvoir pour son seul service, et pour le service des plus puissants qu’eux, je veux dire les véritables possédants de la richesse de ce pays, a retenu la leçon : la République est en danger !
Mais non!
Elle a ouvert portes et fenêtres à un destin plus violent et plus destructeur.
Elle a "autorisé" le bon peuple déçu de France, abandonné à lui-même, qui en croyant faire la nique à une classe politique devenue nauséabonde, à faire, en fin de compte qu’une sacrée tentative de suicide. Fausse ou vraie, allez savoir, mais la tentation est, elle, bien palpable. Comme si le peuple n’avait plus aucune échappatoire, aucune alternative : c’était soit ces lâchetés qui nous gouvernent, soit cette saleté de parti fasciste.
Je suis déçu, oui profondément déçu !
Déçu de ces élites mais aussi de ces journalistes qui savent, mieux encore que les politiques, mettre les mots qu’il ne faut pas sur les maux qui nous rongent. Et qui se moquent comme de l’an quarante que le peuple puisse penser un instant qu’ils seraient dans le faux.
Ces journalistes qui savent se réjouir, même de leur propre faillite : même quand ils se trompent, ils nous jettent à la figure qu’ils savent mieux que nous qu’ils se sont trompés, et qui nous le disent avec la même arrogance que lorsqu’ils affirmaient ce qui allait par la suite s’avérer faux.
Oui je suis déçu, et profondément déçu car j'attendais beaucoup de ces élites !
Oui je suis déçu, et profondément déçu. Mais peut-être que j'ai demandé trop peu à la vie !
Oui je suis déçu, et profondément déçu mais je ne cèderai pas, malgré ma déception, à la peur qui rend méchant !
Oui je suis déçu et profondément déçu de la déchéance de la nationalité, de la constitutionnalisation de l’état d’urgence, du fameux "expliquer le terrorisme, c’est déjà l’excuser", du "tous pouvoirs à la police".
Oui je suis déçu et profondément déçu, que ces mots et ces déclarations d’intention soient à présent ceux d’un gouvernement français de gauche.
C'est même stupéfiant. Mais cette gauche gouvernementale sait-elle vraiment comment "en un plomb vil l’or pur s’est-il changé"? Que Jean Racine nous pardonne, mais l’Olympe n’a rien à voir dans cet affaissement des principes républicains les plus basiques.
Alors que faire ?
Puisque vraisemblablement le peuple n’a point entendu d’autres voix, d’autres appels, lesquels ne manquaient pourtant pas de radicalité, alors comment faire pour le retrouver, lui qui crie sa rage autant sur les fascistes que sur les gouvernants, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui?
D’abord s’armer de patience et de pugnacité, en ode de la mythologie grecque. Car “la patience adoucit tout mal sans remède.”. Et malheureusement notre mal paraît sans remède !
Ne jamais cesser de réapprendre à poser constamment son regard sur le quotidien de nos concitoyens réinventant en permanence leurs sources de survie  et non pas seulement sur les temps électoraux devenus tumoraux pour la pensée politique dominante.  
Un cap d'en bas érigé du bas ! Un appel au peuple !
Pour la défense de la veuve et de l'orphelin qui se sentent oubliés.
Pour la défense du précaire qui chaque matin réinvente sa survie.
Pour la défense du pauvre qui tout au long de sa vie subit l'agression de l'opulence sans pouvoir y faire face.
Pour la défense du galérien dont le destin est désaxé par les vents destructeurs d'un libéralisme outrancier.
Pour la défense du jeune qui a comme seule perspective la résistance aux aléas du marché du travail.
Pour la défense des femmes qui combattent pour les mêmes causes, comme elles le font depuis des siècles.
Pour la défense du droit à une vie digne pour toutes et tous tout simplement. Car c'est possible !
Et bien sûr ne pas négliger ces moments de vérité que sont les consultations régulières du peuple.

 


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