Feuilleton électoral sur fond de mélodrame : Mascarade à My Rachid et Sidi Othmane


Hassan Ayoubi
Samedi 27 Juin 2009

Extraordinairement antidémocratiques, c’est le moins que l’on puisse dire des dernières élections communales dans les arrondissements de Moulay Rachid et Sidi Othmane. Violations flagrantes, argent sale, clientélisme et complicité publique.
Une série d’irrégularités et vices de forme a été, en effet, constatée au vu et au su des autorités publiques et demeurée, jusqu’ici, sans suite punitive malgré les réclamations écrites déposées auprès de qui de droit par les candidats du dessous de qui, façon de parler, on a tout simplement et illégalement subtilisé les sièges.
Ainsi et pour faire entendre la voix de la vérité et décrier l’entourloupe, des candidats têtes de listes à My Rachid et Sidi Othmane, bénéficiant de la confiance indiscutable de leurs électeurs, avaient organisé récemment un point de presse abordant sur le ton de la sincérité, les tenants et aboutissants menant malheureusement à la mascarade électorale ayant privilégié des candidats dont le capital-confiance auprès de la population est quasi insignifiant. Le point de presse avait donc réuni Mustapha Traiï (tête de liste du PPS), Mohammed Talbi (tête de liste de l’USFP), Abdellatif Jdira (tête de liste de l’USFP Sidi Othmane) et Said Houbal (tête de liste de Renaissance et Vertu). Parmi les points saillants abordés lors de la rencontre, figure en première ligne l’implication prouvée de certains responsables de la préfecture de Moulay Rachid dans la falsification du résultat des urnes, faisant table rase des directives du gouverneur en personne.
Pire, certains  agents de l’autorité publique seraient, sous instigation de leurs supérieurs immédiats à la préfecture, profondément impliqués dans des actes de falsification, jouant de leur influence en vue de faire pencher la balance du côté de leurs «protégés» candidats. D’après l’intervention d’une tête de liste, il y aurait certains dont la vocation de falsificateurs n’est plus à faire, qui seraient passés champions dans le domaine, cumulant des années de pratique frauduleuse, biens tout aussi douteux et villas de nababs. 
L’argent sale aurait bien circulé et acheté plusieurs consciences égarées, selon les intervenants. On aurait même surpris en flagrant délit des intermédiaires dispensant d’importantes sommes d’argent pour faire dévier  les élections de leur légalité. D’après les intervenants, des procès-verbaux en bonne et due forme auraient été rédigés par les autorités judiciaires concernées et dont ils ont copie. Mieux, ils disposent de copies de procès- verbaux faisant état des aveux des mis en cause auprès des services de police.
Dans le même registre, les têtes de listes injustement malmenées avaient déclaré qu’elles avaient déposé des plaintes auprès des tribunaux pour dénoncer les violations commises dans leur circonscription, telles que la remise des enveloppes électorales bien ouvertes provenant des bureaux de vote auprès des bureaux centraux de My Rachid. Ne manquant pas de preuves solides, elles avaient montré plusieurs bulletins de vote uniques qu’ils avaient réunis pendant l’opération de vote. Même rengaine dans l’irrégularité des rapports rédigés au niveau de l’écart constaté entre le nombre de bulletins annulés dans la liste féminine et masculine, atteignant dans certains cas  400 bulletins. « Une falsification on ne peut plus claire », avaient-ils déclaré.
Et ça n’en finit pas ! D’autres coups bas avaient également été ressentis et identifiés dans la distribution des cartes électorales non parvenues et l’intervention  de caids dans la permutation arbitraire des délégués afin de placer les personnes en complices. Ceux-ci sont allés même jusqu’à circuler librement, une façon d’intimider les électeurs et les amener à voter pour leurs protégés, sinon…
« Comment expliquer que l’opération de dispatching des bulletins aurait duré jusqu’à 8 heures du matin, sachant que la participation au vote n’était pas aussi massive ? Comment expliquer aussi les traces d’effaçage avec du «blanco» constatées dans bon nombre de bulletins ? », avaient relevé les intervenants. Le collage des affiches hors de leurs cadres respectifs fait également partie des irrégularités énumérées.
Plus grave encore, même l’opération d’inscription et de réinscription dans les listes électorales s’est déroulée, à plusieurs niveaux, dans l’illégalité totale. Selon les intervenants têtes de listes, la nouvelle loi électorale exige du candidat sa domiciliation effective dans le territoire où il compte se présenter. Or, les faits ont pris une tournure tout à fait contraire. Soumis en toute responsabilité aux textes de loi, certains candidats ont suivi à la lettre la procédure, alors que d’autres, relevant de territoires préélectoraux plus lointains ont été maintenus à Moulay Rachid et Sidi Othmane. Mieux, ils ont tout simplement remporté les élections. Est-ce possible ? C’est plus que possible, c’est tout bonnement une légalisation dictée par l’idéal falsificateur. Et l’implication de l’autorité se trouve profondément et quasiment engagée. Comment expliquer aussi le non-lieu de la commission chargée du suivi ? Bizarre !
Aussi une simple lecture des résultats définitifs enregistrés, permet-elle de constater que le nouveau bureau de l’arrondissement de Sidi Othmane est une duplication  de l’ancien qui avait, pour mémoire, soulevé le mécontentement de la population aspirant au changement. C’est le grand retour des favoris d’antan : presque la même composition…
Au grand mépris des aspirations de la population locale, les anciens – nouveaux administrateurs de ses affaires vont rééditer les mêmes et désastreux « exploits ».  Ce n’est pas un hasard, mais une équation préméditée. A qui cela profite-t-il ?
La loi est faite pour certains pas pour tous.
Tout a presque été dit dans ce point de presse. Toutefois, les têtes de listes présentes ont déploré l’absence d’autres têtes pour diverses raisons, si ce n’est à cause d’influences exercées sur elles par des responsables à la préfecture, leur miroitant leur appui garanti lors des prochaines élections des chambres.
Réalité loin de la blague : Ahmed Saoud était intervenu en avouant que sa « liste » avait été écartée à Ben M’sick avant même qu’il ne se présente. Belle leçon de démocratie électorale.
La gestion administrative de la population de My Rachid et Sidi Othmane n’est pas près de connaître des lendemains meilleurs, lorsque l’on sait qu’une guerre sans merci est ouvertement déclarée aux partis ayant un passé honnête dans le militantisme et le patriotisme. Mais enfin, c’est l’histoire qui se répète dans un pays dont le décollage est encore freiné par les mentalités de rentier et d’argent sale…


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