Entretiens entre S.M Mohammed VI et S.M Felipe VI lors de la dernière visite du Souverain espagnol au Maroc.
Autres articles
-
Financement de la Coupe du monde 2030 dans le cadre de la loi de Finances 2025: Répondre aux exigences avec des ressources limitées
-
Le mariage du possible et de l'infini : De l’intelligence artificielle à l’intelligence augmentée
-
COP 29 : le Cash-Flow climatique en débat à Bakou
-
L'eau et l'énergie. Les deux principaux défis du développement économique au Maroc
-
Cette maison qui ne rêve plus sa clé. De quoi cette maison est-elle le nom ?
Dans une époque où la formalité et la tradition sont si facilement supprimées, il reste quelques exemples importants d’évènement d’éclat et de circonstance. C'est le cas de la visite d'Etat. Peu d’événements témoignent mieux des liens étroits entre deux nations et de leur engagement en faveur du partenariat et de l’alliance qu’une visite officielle. Elles sont l’occasion d’approfondir les bonnes relations et de les recadrer dans le contexte d’un monde en mutation.
C’est précisément pour cette raison que la visite du Roi d’Espagne Felipe VI à Rabat est cruciale. Elle représente la réunion de deux chefs d’État qui embrassent à la fois la modernité et l’histoire, tout en symbolisant en ce moment charnière, l’approche commune des défis auxquels sont confrontés les deux rives de la Méditerranée.
Détrompez-vous. La relation entre l’Espagne et le Maroc est solide. Nous partageons des liens économiques étroits, le Maroc est le deuxième partenaire commercial de l’Espagne hors de l’Union européenne, tandis que l’Espagne est le premier partenaire commercial du Maroc. Ces liens se traduisent tant au niveau culturel, que de la coopération dans les domaines de la migration, la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue, de l’environnement et du développement durable. Il en va de même pour les relations entre l'Union européenne et le Maroc. A Bruxelles le Maroc est, également, considéré comme un partenaire incontournable et privilégié.
Cependant, ces dernières années, et plus particulièrement au niveau de l'Union européenne, une tendance s’est accentuée, qui a focalisé la relation avec le Maroc sur quelques domaines de préoccupation particulière, notamment, la migration et la lutte contre le terrorisme, avec la question du Sahara occidental en arrière-plan. Cette tendance s’est vérifiée lors des récents débats sur la négociation des accords sur l'agriculture et la pêche entre l'Union européenne et le Maroc.
À maintes reprises, les arguments en faveur de la négociation se sont concentrés sur la migration et la lutte contre le terrorisme, au détriment de la substance même de la question. Ils présentaient un tableau qui ne reflétait pas la réalité actuelle des relations Maroc-Union européenne et ne définit certainement pas la manière dont nous travaillions ensemble pour aller de l'avant. Car notre relation porte sur bien d’autres aspects.
Le Maroc ne devrait pas être perçu comme étant une porte mais plutôt une passerelle. Et sur ce point, bien sûr, je me réfère à l´Afrique. La stratégie africaine du Roi Mohammed VI change ainsi la donne. Le Maroc est et a toujours été, un pays africain. Cette réaffirmation de base vient à point nommé, en particulier à un moment où il y a un réel besoin de leadership.
Vu d’Europe, c’est un développement vital. L´Europe a besoin que l’Afrique réussisse. Nos destinées sont liées. Il ne s’agit pas simplement de freiner les facteurs incitant à la migration. Une économie de développement dynamique et durable, des réformes gouvernementales, ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles vont libérer le potentiel dynamique de l’Afrique et seront un moteur d’une prospérité transrégionale.
Le retour du Maroc (au sein de l’Union africaine) accentue les possibilités d’atteindre un tel potentiel. Cela est particulièrement le cas étant donné qu’il ne s’agit pas de simples discours de la part de Rabat. Des preuves de cet engagement et la croyance en l’avenir de l’Afrique sont omniprésents dans la finance, où les banques marocaines participent aux besoins de prêts dans l’ensemble du continent, à l’énergie, avec les projets de gazoducs liant le Maroc au Nigeria ainsi que d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Il convient de noter le volet agroalimentaire, au vu du large potentiel de l’Afrique en tant que grenier du monde. Dans ce secteur, le Maroc investit, des recherches universitaires sur le besoin des sols locaux, à la formation de fermiers dans l’utilisation responsable des engrais, en passant par le développement des capacités de production dans les pays tels que le Rwanda et l’Ethiopie. Ainsi, le Maroc joint l’acte à la parole.
Cependant, le retour du Maroc au sein de l’Union africaine est plus important encore. Depuis que l´UA a succédé à l’Organisation de l’Unité africaine en 2002, l’UE s’y est appuyée afin de fournir un interlocuteur et une structure pour le développement africain. Néanmoins, il s’agissait d’une relation difficile, du fait des contraintes imposées par le manque de capacités institutionnelles et des échecs des deux côtés de tenir les engagements pris. La relation a aussi été minée par le fait que, jusqu’en 2017, l´UA n’était pas une institution continentale. Aujourd’hui, avec le Maroc, c’est le cas.
L’Europe veut être un partenaire de l’Afrique. L’Europe souhaite investir et créer des débouchés. Plus que tout, l’Europe souhaite passer d’une relation basée sur la dépendance à une relation basée sur le commerce et l’investissement. Cependant, l´UE et les compagnies européennes ont été mal préparées à coopérer, les amenant à faire de grands discours pour peu de résultats. Notre relation avec le Maroc pourrait et devrait changer cela.
Le Roi Hassan II est notamment connu pour avoir dit : « Le Maroc est un arbre dont les racines sont ancrées en Afrique mais qui respire par ses feuilles en Europe ». Nous avons une connexion profonde dans un voisinage entrelacé. Bien que cela n’exclue pas des tensions occasionnelles, il y a une compréhension mutuelle. Nous savons comment travailler ensemble et nous savons que nous partageons un futur commun. Cela étant la clé.
L’avancée du Maroc en Afrique doit être vue comme une ouverture. Pendant trop longtemps, l’Europe, en particulier l’Espagne, a entretenu un discours sur la nécessité travailler avec l’Afrique, investir en Afrique, et former des partenariats avec l’Afrique. A présent, il y a un interlocuteur fort pour le faire.
C´est un environnement propice pour commencer à développer cette relation. Les renégociations et l’imminente approbation des accords entre l’Union européenne et le Maroc sur l’agriculture et la pêche élimineront un point épineux principalement responsable de la tenue en otage des relations entre l’Union européenne et le Maroc au cours de ces deux dernières années. Avec ce passé, et en perspective d’un prochain changement au sein du Parlement européen et de la Commission européenne, il y a là une opportunité pour tracer le cadre d’un partenariat avec le Maroc comme il se doit : robuste, tourné vers l’avenir et positif.
Et ainsi, cette visite d’Etat par le Roi Felipe VI, ne devrait pas seulement être une réaffirmation des liens forts qui unissent nos pays, mais plutôt le commencement d’un nouveau partenariat robuste entre l’Europe et l’Afrique par le biais du Maroc.
C’est précisément pour cette raison que la visite du Roi d’Espagne Felipe VI à Rabat est cruciale. Elle représente la réunion de deux chefs d’État qui embrassent à la fois la modernité et l’histoire, tout en symbolisant en ce moment charnière, l’approche commune des défis auxquels sont confrontés les deux rives de la Méditerranée.
Détrompez-vous. La relation entre l’Espagne et le Maroc est solide. Nous partageons des liens économiques étroits, le Maroc est le deuxième partenaire commercial de l’Espagne hors de l’Union européenne, tandis que l’Espagne est le premier partenaire commercial du Maroc. Ces liens se traduisent tant au niveau culturel, que de la coopération dans les domaines de la migration, la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue, de l’environnement et du développement durable. Il en va de même pour les relations entre l'Union européenne et le Maroc. A Bruxelles le Maroc est, également, considéré comme un partenaire incontournable et privilégié.
Cependant, ces dernières années, et plus particulièrement au niveau de l'Union européenne, une tendance s’est accentuée, qui a focalisé la relation avec le Maroc sur quelques domaines de préoccupation particulière, notamment, la migration et la lutte contre le terrorisme, avec la question du Sahara occidental en arrière-plan. Cette tendance s’est vérifiée lors des récents débats sur la négociation des accords sur l'agriculture et la pêche entre l'Union européenne et le Maroc.
À maintes reprises, les arguments en faveur de la négociation se sont concentrés sur la migration et la lutte contre le terrorisme, au détriment de la substance même de la question. Ils présentaient un tableau qui ne reflétait pas la réalité actuelle des relations Maroc-Union européenne et ne définit certainement pas la manière dont nous travaillions ensemble pour aller de l'avant. Car notre relation porte sur bien d’autres aspects.
Le Maroc ne devrait pas être perçu comme étant une porte mais plutôt une passerelle. Et sur ce point, bien sûr, je me réfère à l´Afrique. La stratégie africaine du Roi Mohammed VI change ainsi la donne. Le Maroc est et a toujours été, un pays africain. Cette réaffirmation de base vient à point nommé, en particulier à un moment où il y a un réel besoin de leadership.
Vu d’Europe, c’est un développement vital. L´Europe a besoin que l’Afrique réussisse. Nos destinées sont liées. Il ne s’agit pas simplement de freiner les facteurs incitant à la migration. Une économie de développement dynamique et durable, des réformes gouvernementales, ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles vont libérer le potentiel dynamique de l’Afrique et seront un moteur d’une prospérité transrégionale.
Le retour du Maroc (au sein de l’Union africaine) accentue les possibilités d’atteindre un tel potentiel. Cela est particulièrement le cas étant donné qu’il ne s’agit pas de simples discours de la part de Rabat. Des preuves de cet engagement et la croyance en l’avenir de l’Afrique sont omniprésents dans la finance, où les banques marocaines participent aux besoins de prêts dans l’ensemble du continent, à l’énergie, avec les projets de gazoducs liant le Maroc au Nigeria ainsi que d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Il convient de noter le volet agroalimentaire, au vu du large potentiel de l’Afrique en tant que grenier du monde. Dans ce secteur, le Maroc investit, des recherches universitaires sur le besoin des sols locaux, à la formation de fermiers dans l’utilisation responsable des engrais, en passant par le développement des capacités de production dans les pays tels que le Rwanda et l’Ethiopie. Ainsi, le Maroc joint l’acte à la parole.
Cependant, le retour du Maroc au sein de l’Union africaine est plus important encore. Depuis que l´UA a succédé à l’Organisation de l’Unité africaine en 2002, l’UE s’y est appuyée afin de fournir un interlocuteur et une structure pour le développement africain. Néanmoins, il s’agissait d’une relation difficile, du fait des contraintes imposées par le manque de capacités institutionnelles et des échecs des deux côtés de tenir les engagements pris. La relation a aussi été minée par le fait que, jusqu’en 2017, l´UA n’était pas une institution continentale. Aujourd’hui, avec le Maroc, c’est le cas.
L’Europe veut être un partenaire de l’Afrique. L’Europe souhaite investir et créer des débouchés. Plus que tout, l’Europe souhaite passer d’une relation basée sur la dépendance à une relation basée sur le commerce et l’investissement. Cependant, l´UE et les compagnies européennes ont été mal préparées à coopérer, les amenant à faire de grands discours pour peu de résultats. Notre relation avec le Maroc pourrait et devrait changer cela.
Le Roi Hassan II est notamment connu pour avoir dit : « Le Maroc est un arbre dont les racines sont ancrées en Afrique mais qui respire par ses feuilles en Europe ». Nous avons une connexion profonde dans un voisinage entrelacé. Bien que cela n’exclue pas des tensions occasionnelles, il y a une compréhension mutuelle. Nous savons comment travailler ensemble et nous savons que nous partageons un futur commun. Cela étant la clé.
L’avancée du Maroc en Afrique doit être vue comme une ouverture. Pendant trop longtemps, l’Europe, en particulier l’Espagne, a entretenu un discours sur la nécessité travailler avec l’Afrique, investir en Afrique, et former des partenariats avec l’Afrique. A présent, il y a un interlocuteur fort pour le faire.
C´est un environnement propice pour commencer à développer cette relation. Les renégociations et l’imminente approbation des accords entre l’Union européenne et le Maroc sur l’agriculture et la pêche élimineront un point épineux principalement responsable de la tenue en otage des relations entre l’Union européenne et le Maroc au cours de ces deux dernières années. Avec ce passé, et en perspective d’un prochain changement au sein du Parlement européen et de la Commission européenne, il y a là une opportunité pour tracer le cadre d’un partenariat avec le Maroc comme il se doit : robuste, tourné vers l’avenir et positif.
Et ainsi, cette visite d’Etat par le Roi Felipe VI, ne devrait pas seulement être une réaffirmation des liens forts qui unissent nos pays, mais plutôt le commencement d’un nouveau partenariat robuste entre l’Europe et l’Afrique par le biais du Maroc.