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Au cours des 100 derniers jours, la bande de Gaza a été le théâtre de bombardements incessants, entraînant la mort de plus de 24.000 personnes, en majorité des femmes, et des enfants. Plus de 60.000 personnes ont été blessées et de nombreuses autres restent ensevelies sous les décombres.
Selon Oxfam, 250 Palestiniens en moyenne sont tués chaque jour, un nombre qui dépasse largement les bilans quotidiens de tout autre conflit majeur des dernières années (96,5 en Syrie, 51,6 au Soudan, 50,8 en Irak, 43,9 en Ukraine, 23,8 en Afghanistan et 15,8 au Yémen).
Chaque jour, plus de dix enfants palestiniens sont également amputés d'une ou des deux jambes, souvent sans anesthésie, et 3 900 maisons en moyenne sont détruites ou endommagées. Sans parler du déplacement massif d'une population déjà constamment déracinée depuis plusieurs décennies, marquant ainsi le plus grand mouvement de réfugiés palestiniens depuis la création d'Israël.
En effet, depuis le début de l’offensive terrestre, le 27 octobre 2023, Israël a étendu ses opérations à l'ensemble de la bande de Gaza, poussant de plus en plus de Palestiniens vers le sud, à Khan Younès et à Rafah. L'ONU estime que 1,9 million de personnes ont dû quitter leur foyer, soit près de 85 % de la population totale de Gaza. Environ 1,4 million de personnes ont trouvé refuge dans l’une des 154 installations de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
A Rafah, près de la frontière avec l'Egypte, Liga Jabr, adolescente en 1948, dit se souvenir de la «Nakba», la «catastrophe» que fut pour les Palestiniens le déplacement et l'expulsion d'environ 760.000 d'entre eux de leurs terres à la création d'Israël. Mais «cette guerre est plus dure que tous les déplacements» de population qu'elle a connus, dit-elle dans une déclaration à nos confrères de l'AFP.
Effetivement, depuis le début de l'offensive terrestre, plus de 12 000 déplacés se trouvent dans chaque camp de réfugiés, soit quatre fois plus que leur capacité en temps normal. La ville de Rafah, qui comptait 300 000 habitants au début du conflit, a accueilli près d'un million de personnes en 100 jours, dans des conditions sanitaires désastreuses. Selon l’UNRWA, dans les camps de Rafah, il y a désormais une seule toilette pour chaque groupe de 500 personnes.
Si l’on compte aujourd’hui un nombre aussi important de réfugiés palestiniens, c’est parce que la quasi-totalité de la bande de Gaza a été touchée par les crimes odieux d’Israël et ses insoutenables atrocités.
Des images satellitaires compilées par des chercheurs américains montrent qu’en date du 9 janvier 2024 entre 138 000 et 172 000 bâtiments de la bande de Gaza auraient été endommagés ou détruits, ce qui représente entre 48 et 60 % de tous les bâtiments de l’enclave. Les chercheurs ont observé des dommages sur environ 68 kilomètres carrés du territoire gazaoui, dont la superficie totale est de 365 kilomètres carrés.
Depuis la trêve, on observe de plus en plus de dommages dans le sud, particulièrement à Khan Younès, où environ la moitié des bâtiments auraient été endommagés ou détruits. Même à Rafah, la ville la moins touchée par le conflit, on estime qu’environ le quart des bâtiments auraient été endommagés.
Près de 400 écoles auraient été détruites et 70 % de tous les bâtiments scolaires auraient été endommagés. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme également que 23 des 36 hôpitaux du territoire ne sont plus en fonction.
«L'ampleur des dégâts à Gaza et le rythme et la cadence des bombardements ne sont comparables qu'à ce qui s'est passé dans les villes les plus durement touchées en Ukraine», a déclaré à CBC News, Corey Scher, l'un des chercheurs participant à l'analyse des images satellitaires.
Pour ceux qui espèrent quitter la bande de Gaza, il s’agit d’une tâche presque impossible à accomplir. L'enclave est hautement fortifiée par un mur de béton et une double clôture. Toute personne s'approchant à moins d'un kilomètre de cette barrière risque d’être abattue par l’armée israélienne, qui patrouille le long de la frontière.
Il existe seulement deux points de passage, l’un avec l’Égypte, à Rafah, et l’autre avec Israël, à Beit Hanoun. Celui de Rafah est contrôlé par l'Égypte, qui ne permet que le passage limité d'aide humanitaire et la sortie de ressortissants étrangers. Très peu de Palestiniens reçoivent une autorisation pour traverser cette frontière.
Si les soutiens d’Israël semblent aveugles face à ce qui saute aux yeux du reste du monde et à l’atrocité et l’horreur de cette guerre qui a rendu inhabitable une grande partie de la bande de Gaza, d’autres pays ont qualifié cette agression d’Israël de génocide, soulignant la gravité des conséquences humaines de ce conflit dévastateur. Il s’agit notamment de l’Afrique du Sud qui a saisi en urgence la plus haute juridiction des Nations unies pour qu'elle enjoigne à Israël de «suspendre immédiatement ses opérations militaires» dans la bande de Gaza. L'Afrique du Sud affirme que plus de 50 pays ont exprimé leur soutien à la procédure qu'elle a engagée devant la Cour internationale de justice (CIJ).
L'Afrique du Sud estime qu'Israël s'est livré, se livre et risque de continuer à se livrer à des actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza et que la campagne de bombardements vise la destruction de la vie des Palestiniens et pousse ceux-ci au bord de la famine.
Trois heures durant, les avocats de l’Afrique du Sud ont plaidé face aux dix-sept juges de la CIJ à La Haye. «Cette affaire souligne l’essence même de notre humanité commune telle qu’exprimée dans le préambule de la convention sur le génocide», a déclaré l’avocate principale, Adila Hassim, à l’ouverture des plaidoiries. L’Afrique du Sud accuse Israël de violer la convention sur la prévention et la répression du crime de génocide adoptée en 1948 après la seconde guerre mondiale. «Les génocides ne sont jamais annoncés à l’avance, a dit Adila Hassim, mais cette Cour a devant elle treize semaines de preuves accumulées», depuis le début des représailles israéliennes, le 7 octobre 2023, démontrant, selon elle, «un comportement génocidaire».
Pretoria demande aux juges de prendre des mesures d’urgence en ordonnant à Israël de suspendre son opération militaire sur Gaza, de «cesser de tuer», d’arrêter de «causer de graves blessures mentales et physiques au peuple palestinien à Gaza» et de «ne pas imposer des conditions de vie qui pourraient entraîner la destruction physique» des Gazaouis. Ces trois crimes peuvent être qualifiés de génocide s’ils sont commis dans l’intention d’exterminer les Palestiniens de Gaza.
D'autres pays, dont les États-Unis, ont fermement rejeté les allégations de Pretoria selon laquelle l'état hébreu viole la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide. De nombreux autres Etats sont eux restés silencieux.
Mehdi Ouassat