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Connu pour son franc-parler, Ahmed Boulane ne mâche pas ses mots quand il s'agit d'évoquer les questions touchant au cinéma. Bien que pris par sa prochaine production, le réalisateur de " Les anges de Satan " n'a pas hésité à rejoindre la grande famille du cinéma pour fêter les 10 ans du FIFM.
Libé : Comment ressentez-vous l'évolution du festival, 10 ans après sa création ?
Ahmed Boulane : Je pense que le Festival du film de Marrakech s'est bien installé ; il est devenu un grand rendez-vous du cinéma mondial avec une excellente organisation. J'ai fait toutes les précédentes éditions, et je peux dire que c'est toujours un plaisir de revenir. Même si je suis en plein montage de mon long-métrage " Le retour du fils ", je m'absente 24h, juste pour donner des instructions et je reviens. La petite chose que j'aurais bien aimée, c'est de voir deux films marocains en coup de cœur.
Est-ce un appel aux organisateurs ?
Je ne critique pas le choix des organisateurs ; s'ils l'ont fait c'est pour une raison précise. N'empêche, on aimerait bien. Car il y a eu lors des éditions précédentes des coups de cœur de films marocains. Ce festival est aussi une vitrine pour le cinéaste marocain et le Maroc.
De quoi votre prochain film, " Le retour du fils ", parlera-t-il ?
C'est un sujet sur les couples mixtes dont j'écris et réécris le scénario depuis une dizaine d'années. J'ai pensé que le moment était venu de le reprendre et de l'écrire autrement. Parce que je l'ai personnellement vécu. J'ai connu ce manque de mes enfants qui vivent avec leur maman en Irlande. Je voulais raconter l'histoire d'un kidnapping, même si cela ne m'est pas arrivé. J'ai donc imaginé le pire dans une fiction pour raconter cet amour qui naît très fort, cette différence qui crée l'amour et aussi la séparation pour ne pas dire la haine. J'ai imaginé que le fils issu de cette union, devenu grand, va retourner voir son père qu'il ne connaît pas. Le fils apprend à connaître le Maroc. Il est à la recherche de son identité car, il ne parle pas arabe et ne connaît pas la région musulmane, il a grandi dans un environnement chrétien, catholique, dans un petit village d'un pays occidental très éloigné.
Je voulais raconter surtout une histoire où il y a des rebondissements, des surprises, des arrestations, la police, des confrontations et des heurts. Un film que le public suivra avec plaisir parce que, pour moi, les rebondissements dans des histoires est essentiel. Sinon les gens zappent, ne suivent pas. C'est pour cela que je flirte avec le public intelligent en lui passant des messages intelligents.
A quel stade se trouve ce projet ?
J'en suis aujourd'hui au montage, j'en ai pour trois mois de post-production. Si je devais rater la bonne saison de sortie de films, aux mois de mars, avril et mai, le film devait alors être sur les écrans vers la fin de l'année ou le début de l'année prochaine. Par contre, dès qu'il est prêt, j'entamerai sa promotion au niveau des festivals internationaux avant qu'il ne sorte sur les écrans.
S'il vous est demandé de commenter le parcours de vos précédents films, diriez-vous que vous êtes satisfait ?
Bien sûr. " Les anges de Satan " a été un exploit, c'était un film charnière qui a plu au public et a été promu au box-office. Ce qui est une bonne chose, sachant que l'avance sur recettes nous demande de gagner un peu d'argent pour amortir le budget. Même s'il est vrai qu'on ne pourra malheureusement pas récupérer l'argent qu'on me donne, il faut au moins symboliquement qu'on fasse des films qui intéressent le public et le cinéma pour pouvoir rendre un tout petit peu.
A vous entendre, ce ne serait pas toujours le cas ?
Dans mon cas, avance ou pas, j'aime flirter avec le public, tout comme j'aime faire des festivals et gagner des prix. Mais aussi des critiques qui apprécient mon travail, parce qu'un journaliste et un critique sont d'abord un public. Si l'un deux n'est pas intéressé comme public et veut juste jouer au policier au rond-point, c'est son problème.
Y aurait-il de bons et de mauvais critiques ?
Non. Le Maroc a d'excellents critiques. On pourrait juste reprocher à certains de rester figés sur les normes des anciennes alors que le cinéma évolue. C'est d'ailleurs le seul art qui évolue du fait notamment de la technologie qui l'accompagne. Le cinéma n'est pas un art figé, il est en perpétuel mouvement. Et le critique doit suivre et non se référer toujours aux années 70.
Cette année, le Festival initie un prix " Cinécoles " destiné aux jeunes réalisateurs. Comment appréciez-vous cette initiative ?
Pourvu que cette excellente initiative ne les rende pas arrogants. Pour être le réalisateur que je suis devenu, il m'a fallu 25 ans de métier. Lorsque vous parcourez mon CV, vous constaterez que j'ai travaillé avec des grands et tiré la charrette pendant plusieurs années avant de réaliser un court-métrage. La situation est différente aujourd'hui : l'Etat aide, le Festival existe. Tout est fait pour aider les jeunes à avancer. Mais ils ne doivent pas se prendre pour des réalisateurs accomplis. Je ne pense pas qu'on le soit à 20 ou 25 ans. C'est comme un médecin qui doit faire 7 ans d'études et des stages pour prétendre devenir vraiment médecin. C'est pareil pour un pilote, un architecte, un avocat. C'est un travail qui n'est pas de tout repos.
Par exemple, sur mon troisième film, j'ai appris beaucoup de choses que je n'ai pas apprises pendant 36 ans de cinéma. Cela veut dire que ce n'est pas un professeur, ni une école, ni un festival, encore moins un critique qui peuvent me donner confiance en moi. C'est moi d'abord qui me trouve seul au milieu d'une équipe. Qui, certes, essaie de m'aider mais c'est toujours moi qui dois trouver des solutions. Il faut beaucoup de maturité et d'expériences avant de se dire à la fin qu'on est peut-être devenu réalisateur.
Libé : Comment ressentez-vous l'évolution du festival, 10 ans après sa création ?
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Est-ce un appel aux organisateurs ?
Je ne critique pas le choix des organisateurs ; s'ils l'ont fait c'est pour une raison précise. N'empêche, on aimerait bien. Car il y a eu lors des éditions précédentes des coups de cœur de films marocains. Ce festival est aussi une vitrine pour le cinéaste marocain et le Maroc.
De quoi votre prochain film, " Le retour du fils ", parlera-t-il ?
C'est un sujet sur les couples mixtes dont j'écris et réécris le scénario depuis une dizaine d'années. J'ai pensé que le moment était venu de le reprendre et de l'écrire autrement. Parce que je l'ai personnellement vécu. J'ai connu ce manque de mes enfants qui vivent avec leur maman en Irlande. Je voulais raconter l'histoire d'un kidnapping, même si cela ne m'est pas arrivé. J'ai donc imaginé le pire dans une fiction pour raconter cet amour qui naît très fort, cette différence qui crée l'amour et aussi la séparation pour ne pas dire la haine. J'ai imaginé que le fils issu de cette union, devenu grand, va retourner voir son père qu'il ne connaît pas. Le fils apprend à connaître le Maroc. Il est à la recherche de son identité car, il ne parle pas arabe et ne connaît pas la région musulmane, il a grandi dans un environnement chrétien, catholique, dans un petit village d'un pays occidental très éloigné.
Je voulais raconter surtout une histoire où il y a des rebondissements, des surprises, des arrestations, la police, des confrontations et des heurts. Un film que le public suivra avec plaisir parce que, pour moi, les rebondissements dans des histoires est essentiel. Sinon les gens zappent, ne suivent pas. C'est pour cela que je flirte avec le public intelligent en lui passant des messages intelligents.
A quel stade se trouve ce projet ?
J'en suis aujourd'hui au montage, j'en ai pour trois mois de post-production. Si je devais rater la bonne saison de sortie de films, aux mois de mars, avril et mai, le film devait alors être sur les écrans vers la fin de l'année ou le début de l'année prochaine. Par contre, dès qu'il est prêt, j'entamerai sa promotion au niveau des festivals internationaux avant qu'il ne sorte sur les écrans.
S'il vous est demandé de commenter le parcours de vos précédents films, diriez-vous que vous êtes satisfait ?
Bien sûr. " Les anges de Satan " a été un exploit, c'était un film charnière qui a plu au public et a été promu au box-office. Ce qui est une bonne chose, sachant que l'avance sur recettes nous demande de gagner un peu d'argent pour amortir le budget. Même s'il est vrai qu'on ne pourra malheureusement pas récupérer l'argent qu'on me donne, il faut au moins symboliquement qu'on fasse des films qui intéressent le public et le cinéma pour pouvoir rendre un tout petit peu.
A vous entendre, ce ne serait pas toujours le cas ?
Dans mon cas, avance ou pas, j'aime flirter avec le public, tout comme j'aime faire des festivals et gagner des prix. Mais aussi des critiques qui apprécient mon travail, parce qu'un journaliste et un critique sont d'abord un public. Si l'un deux n'est pas intéressé comme public et veut juste jouer au policier au rond-point, c'est son problème.
Y aurait-il de bons et de mauvais critiques ?
Non. Le Maroc a d'excellents critiques. On pourrait juste reprocher à certains de rester figés sur les normes des anciennes alors que le cinéma évolue. C'est d'ailleurs le seul art qui évolue du fait notamment de la technologie qui l'accompagne. Le cinéma n'est pas un art figé, il est en perpétuel mouvement. Et le critique doit suivre et non se référer toujours aux années 70.
Cette année, le Festival initie un prix " Cinécoles " destiné aux jeunes réalisateurs. Comment appréciez-vous cette initiative ?
Pourvu que cette excellente initiative ne les rende pas arrogants. Pour être le réalisateur que je suis devenu, il m'a fallu 25 ans de métier. Lorsque vous parcourez mon CV, vous constaterez que j'ai travaillé avec des grands et tiré la charrette pendant plusieurs années avant de réaliser un court-métrage. La situation est différente aujourd'hui : l'Etat aide, le Festival existe. Tout est fait pour aider les jeunes à avancer. Mais ils ne doivent pas se prendre pour des réalisateurs accomplis. Je ne pense pas qu'on le soit à 20 ou 25 ans. C'est comme un médecin qui doit faire 7 ans d'études et des stages pour prétendre devenir vraiment médecin. C'est pareil pour un pilote, un architecte, un avocat. C'est un travail qui n'est pas de tout repos.
Par exemple, sur mon troisième film, j'ai appris beaucoup de choses que je n'ai pas apprises pendant 36 ans de cinéma. Cela veut dire que ce n'est pas un professeur, ni une école, ni un festival, encore moins un critique qui peuvent me donner confiance en moi. C'est moi d'abord qui me trouve seul au milieu d'une équipe. Qui, certes, essaie de m'aider mais c'est toujours moi qui dois trouver des solutions. Il faut beaucoup de maturité et d'expériences avant de se dire à la fin qu'on est peut-être devenu réalisateur.