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D'après vous, où réside la crise méditerranéenne ? Et quelle est sa spécificité par rapport aux autres régions ?
La crise mondiale actuelle a montré la grande fragilité de l'ensemble méditerranéen, notamment dans les domaines économique et social. Comme elle a fait apparaitre les grandes contradictions politiques qui secouent la région depuis de nombreuses années. L'ensemble méditerranéen représente un espace très disloqué, peu attractif pour les investissements directs et qui représente moins de 4% de l'ensemble des investissements à l'échelle internationale. Ceci étant dit, la crise a eu un impacte différent au niveau des états de la rive nord où la crise est frontale. Par contre, pour les Etats de la rive sud de la Méditerranée, la crise est à des effets indirects. Et ce, parce que la plupart de ces pays sont peu ouverts aux grands marchés des capitaux internationaux, plus précisément sur le plan des échanges commerciaux. C'est ce qui explique pourquoi, ils ont été relativement mieux protégés de la crise que les états de la rive nord. D'où la question qui s'impose : Est-ce que l'appartenance à la Méditerranée à la lumière de la crise constitue une opportunité pour réfléchir à des voies de sortie de la crise? Et c'est à ce niveau là, que l'Union pour la Méditerranée qui a été lancé en juin 2008 est considérée comme un cadre qui peut véritablement faire évaluer la réflexion et l'analyse mais aussi les stratégies à mettre en place pour faire de la région une zone de progrès et de stabilité.
Quelles sont ces stratégies ?
Le débat a été centré fondamentalement sur le concept de croissance. La crise a montré, telle qu'a été pratiquée ces dernières années, que la croissance est une croissance d'exclusion. Ce qui explique, la montée du chômage qui touche essentiellement les couches sociales les plus vulnérables, voire les jeunes et les femmes. Ce qui explique aussi l'aggravation des inégalités à travers une mauvaise répartition des revenus. Ce qui explique enfin le développement de la pauvreté aussi bien dans les pays de la rive nord que dans ceux du sud. Donc il y a une crise sociale très forte. Aussi, toute stratégie qui n'intègre pas la dimension sociale pour sortir de la crise ne peut pas donner tous les résultats escomptés, si l'on ne dit pas qu'elle est vouée à l'échec. Et l'idée défendue c'est la tenue d'un sommet dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée qui serait consacré à la question de l'immigration et de l'emploi, afin de donner à l'Union pour la Méditerranée un socle sociale pour rendre la croissance une croissance d'inclusion et non pas une croissance d'exclusion. Et effectivement une stratégie sociale qui sera dotée des outils d'intervention dans les domaines de l'immigration et de l'emploi. Ce qui permettrait de déboucher sur une situation nouvelle avec des démarches innovatrices et positives par rapport aux démarches classiques.
L'autre dimension de la stratégie, c'est la dimension financement. Quels que soient les projets adoptés le pourtour méditerranéens manque de dispositifs financiers basés sur la coordination et la concertation. Les participants au 6ème colloque sur la Méditerranée se sont mis d'accord sur la nécessité de créer dans les meilleurs délais possibles une structure de garantie et de financement des investissements. Cette structure serait domiciliée au sein de la banque européenne des investissements (BEI) car il n'est pas recommandé de créer une nouvelle structure en parallèle d'institutions déjà existantes et je rappelle ici l'expérience pleine d'enseignements de la création dans les années 90 de la banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Cette banque accompagnait l'intégration d'un certains nombre de pays européens du centre et de l'est au sein de l'union européenne.
Ces deux dimensions que je viens de rappeler résument quelques orientations qui pourraient donner un contenu concret pour l'Union pour la Méditerranée, la crédibiliser, la rendre capable de mobiliser et de lui donner un véritable souffle d'autant plus que depuis sa création, en juin 2008, aucun sommet n'a pu se tenir malgré deux tentatives en mois de juin et de novembre derniers. L'Union pour la Méditerranée est un grand projet politique. Il est dans la phase d'installation institutionnelle à travers la création d'un secrétariat domicilié à Barcelone. Mais il faut une stratégie qui réside dans le lancement de nouveaux projets et en même temps il faut se doter de moyens de financement nécessaires.
En plus des volets économique et social, quel est donc l'importance de l'implication des politiques dans ce grand challenge méditerranéen ?
Face à l'Union européenne, les pays de la rive sud paraissent isolés puisqu'ils font cavaliers seuls. L'une des idées retenues, c'est que demain il faut mettre en œuvre une nouvelle conditionnalité d'intégration régionale. Aucun projet ne doit être financé s'il ne cadre pas avec une dynamique d'intégration régionale. Je crois que cette conditionnalité d'intégration régionale peut aider les pays du sud à dépasser leurs problèmes devenus anachroniques dans un contexte de mondialisation. On ne peut pas être compétitif et rester viable si on n'inscrit pas le développement dans une stratégie d'intégration régionale. D'ailleurs c'est l'une des conditions qui s'impose et qui explique la lenteur du développement de la Méditerranée. Surtout que cette région est minée par les conflits et caractérisée par un taux de développement humain très faible. C'est aussi une région de contradictions paralysantes. Ce qui fait d'elle une région menacée de rester à la traine par rapport aux autres régions du monde. D'où l'importance d'une réelle stratégie tournée vers l'avenir. Et surtout, une volonté politique. Il est temps de dépasser la culture du "surplace", celle du statuquo, qui est le véritable ennemi du progrès. En un mot : le temps des croissances solitaires est révolu. D'autant plus que 1% de croissance dans le sud génère 0.2 % de croissance dans le Nord. Donc l'interdépendance est forte entre les deux rives. Le blocage vient malheureusement de l'Algérie qui refuse de résoudre le problème des frontières avec le Maroc. Une situation et une aptitude qui datent d'une autre époque.
Peut-on dire que les positions politiques d'Alger envers le Maroc et sa démocratie à la traine entravent le développement de l'Union pour la Méditerranée ?
Effectivement. L'Algérie entrave le développement de l'Union pour la Méditerranée. Et ce en adoptant des comportements déconnectés et totalement dépassés dans le nouveau contexte de ce début du 21ème siècle. Sa démocratie est à la traine. La fermeture des frontières est significative du blocage politique dont suffoque l'Algérie. Alger est donc condamnée à s'ouvrir malgré elle en se démocratisant sous la pression du peuple algérien. Démocratisation et politique de bon voisinage vont de paires.
Parlons de volonté politique. Ne croyez-vous pas que l'actuelle tension entre le Maroc et l'Espagne suite à l'adoption par les Parlements espagnol et européen de deux résolutions qui ont irrité Rabat n'interfère pas sur le développement de l'Union européenne?
Absolument pas. La tension actuelle entre Rabat et Madrid ne tardera pas à disparaitre. Surtout que les deux voisins sont liés par des liens solides. L'histoire et les cultures des deux pays se croisent et les deux sociétés sont très proches les unes des autres. Ce qui donne à la relation entre l'Espagne et le Maroc une spécifié caractérisée par la volonté des deux peuples et non de leurs politiques. D'ailleurs les deux pays sont très importants pour le développement de la Méditerranée. N'oublions pas qu'ils sont les points les plus proches entre les deux rives. C'est pourquoi il faut agir dans l'immédiat pour mettre terme aux conflits politiques déclenchés par des volontés illicites de nos voisins de l'Est. Il faut stabiliser la région en installant définitivement les frontières et dissoudre tous les malentendus. Et c'est le rôle attendu de tous les pays de la Méditerranée pour donner un socle solide à l'union de ces pays. Surtout que la Méditerranée peut devenir, sous la bannière de l'union, une véritable locomotive de développement à l'échelle internationale.
Quel est d'après vous l'apport des pays du Sud dans l'Union pour la Méditerranée et dans le développement de la région?
Le Maroc a toujours été cité en exemple. Surtout que le Maroc a réussi un grand challenge de développement, de restructuration et de mise à niveau urbaine dans ses régions du nord. C'est pourquoi le Maroc est considéré comme étant un pays à la reconquête de sa méditerranéité. Bien plus, le Maroc est souvent cité en exemple grâce à ces différents projets liés à l'économie verte. Il a inscrit son nouveau plan de l'énergie solaire dans le cadre d'un plan méditerranéen qu'on appelle Desertec. Donc le Maroc est cité en exemple du nouveau statut avancé qui le lie à l'union européenne. Mais ceci ne suffit pas. On ne peut plus se développer en solitaire. Comme on ne peut plus revendiquer une place particulière sans faire partie d'un ensemble régional tourné vers l'intégration. Et c'est d'ailleurs l'une des grandes questions qui explique la situation que connait la région. A côté de cela, il y a le conflit israélo-palestinien. Ce conflit historique qui se trouve aujourd'hui dans l'impasse plus qu'hier et qui retarde en quelque sorte l'Union pour la Méditerranée pour en faire une entité vivante capable de devenir un acteur international. Un acteur qui exerce une certaine influence sur toutes les décisions concernant la région et le monde.
Et la dimension méditerranéenne du Maroc ?
La dimension méditerranéenne du Maroc a été occultée pendant de longues années. La création en 1990de groupement d'études et de recherches sur la Méditerranée, le GERM a été le premier espace d'échanges d'idées, de réflexion et d'analyse pour réhabiliter la dimension méditerranéenne de l'entité marocaine. Le nord du Maroc comme le Sahara a joué un rôle fondamental, sur le plan historique, dans la constitution d'une identité marocaine et aussi dans le progrès que le Maroc a connu à travers plusieurs siècles. L'occupation de nos deux villes de Sebta et Mellila explique cette amputation.
Un dernier mot ?
Il faut se départir du sentiment ambiant de méditerranéo-pessimisme. L'histoire de la Méditerranée est une histoire profonde caractérisée par des cycles de crises à travers des conflits ouverts. Il faut préparer un nouveau cycle de croissance, de progrès, de stabilité et de paix. Il faut investir dans cette perspective. Et jamais la Méditerranée n'a eu besoin d'elle-même qu'aujourd'hui. Et l'un des aspects positifs de l'Union pour la Méditerranée réside dans l'appropriation des états riverains de leur propre espace géostratégique. Il faut surtout pratiquer un réalisme inventif au lieu du passif, grâce à une volonté politique capable d'amortir tous les chocs et réunir toutes les composantes pour réussir une nouvelle Méditerranée.
La crise mondiale actuelle a montré la grande fragilité de l'ensemble méditerranéen, notamment dans les domaines économique et social. Comme elle a fait apparaitre les grandes contradictions politiques qui secouent la région depuis de nombreuses années. L'ensemble méditerranéen représente un espace très disloqué, peu attractif pour les investissements directs et qui représente moins de 4% de l'ensemble des investissements à l'échelle internationale. Ceci étant dit, la crise a eu un impacte différent au niveau des états de la rive nord où la crise est frontale. Par contre, pour les Etats de la rive sud de la Méditerranée, la crise est à des effets indirects. Et ce, parce que la plupart de ces pays sont peu ouverts aux grands marchés des capitaux internationaux, plus précisément sur le plan des échanges commerciaux. C'est ce qui explique pourquoi, ils ont été relativement mieux protégés de la crise que les états de la rive nord. D'où la question qui s'impose : Est-ce que l'appartenance à la Méditerranée à la lumière de la crise constitue une opportunité pour réfléchir à des voies de sortie de la crise? Et c'est à ce niveau là, que l'Union pour la Méditerranée qui a été lancé en juin 2008 est considérée comme un cadre qui peut véritablement faire évaluer la réflexion et l'analyse mais aussi les stratégies à mettre en place pour faire de la région une zone de progrès et de stabilité.
Quelles sont ces stratégies ?
Le débat a été centré fondamentalement sur le concept de croissance. La crise a montré, telle qu'a été pratiquée ces dernières années, que la croissance est une croissance d'exclusion. Ce qui explique, la montée du chômage qui touche essentiellement les couches sociales les plus vulnérables, voire les jeunes et les femmes. Ce qui explique aussi l'aggravation des inégalités à travers une mauvaise répartition des revenus. Ce qui explique enfin le développement de la pauvreté aussi bien dans les pays de la rive nord que dans ceux du sud. Donc il y a une crise sociale très forte. Aussi, toute stratégie qui n'intègre pas la dimension sociale pour sortir de la crise ne peut pas donner tous les résultats escomptés, si l'on ne dit pas qu'elle est vouée à l'échec. Et l'idée défendue c'est la tenue d'un sommet dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée qui serait consacré à la question de l'immigration et de l'emploi, afin de donner à l'Union pour la Méditerranée un socle sociale pour rendre la croissance une croissance d'inclusion et non pas une croissance d'exclusion. Et effectivement une stratégie sociale qui sera dotée des outils d'intervention dans les domaines de l'immigration et de l'emploi. Ce qui permettrait de déboucher sur une situation nouvelle avec des démarches innovatrices et positives par rapport aux démarches classiques.
L'autre dimension de la stratégie, c'est la dimension financement. Quels que soient les projets adoptés le pourtour méditerranéens manque de dispositifs financiers basés sur la coordination et la concertation. Les participants au 6ème colloque sur la Méditerranée se sont mis d'accord sur la nécessité de créer dans les meilleurs délais possibles une structure de garantie et de financement des investissements. Cette structure serait domiciliée au sein de la banque européenne des investissements (BEI) car il n'est pas recommandé de créer une nouvelle structure en parallèle d'institutions déjà existantes et je rappelle ici l'expérience pleine d'enseignements de la création dans les années 90 de la banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Cette banque accompagnait l'intégration d'un certains nombre de pays européens du centre et de l'est au sein de l'union européenne.
Ces deux dimensions que je viens de rappeler résument quelques orientations qui pourraient donner un contenu concret pour l'Union pour la Méditerranée, la crédibiliser, la rendre capable de mobiliser et de lui donner un véritable souffle d'autant plus que depuis sa création, en juin 2008, aucun sommet n'a pu se tenir malgré deux tentatives en mois de juin et de novembre derniers. L'Union pour la Méditerranée est un grand projet politique. Il est dans la phase d'installation institutionnelle à travers la création d'un secrétariat domicilié à Barcelone. Mais il faut une stratégie qui réside dans le lancement de nouveaux projets et en même temps il faut se doter de moyens de financement nécessaires.
En plus des volets économique et social, quel est donc l'importance de l'implication des politiques dans ce grand challenge méditerranéen ?
Face à l'Union européenne, les pays de la rive sud paraissent isolés puisqu'ils font cavaliers seuls. L'une des idées retenues, c'est que demain il faut mettre en œuvre une nouvelle conditionnalité d'intégration régionale. Aucun projet ne doit être financé s'il ne cadre pas avec une dynamique d'intégration régionale. Je crois que cette conditionnalité d'intégration régionale peut aider les pays du sud à dépasser leurs problèmes devenus anachroniques dans un contexte de mondialisation. On ne peut pas être compétitif et rester viable si on n'inscrit pas le développement dans une stratégie d'intégration régionale. D'ailleurs c'est l'une des conditions qui s'impose et qui explique la lenteur du développement de la Méditerranée. Surtout que cette région est minée par les conflits et caractérisée par un taux de développement humain très faible. C'est aussi une région de contradictions paralysantes. Ce qui fait d'elle une région menacée de rester à la traine par rapport aux autres régions du monde. D'où l'importance d'une réelle stratégie tournée vers l'avenir. Et surtout, une volonté politique. Il est temps de dépasser la culture du "surplace", celle du statuquo, qui est le véritable ennemi du progrès. En un mot : le temps des croissances solitaires est révolu. D'autant plus que 1% de croissance dans le sud génère 0.2 % de croissance dans le Nord. Donc l'interdépendance est forte entre les deux rives. Le blocage vient malheureusement de l'Algérie qui refuse de résoudre le problème des frontières avec le Maroc. Une situation et une aptitude qui datent d'une autre époque.
Peut-on dire que les positions politiques d'Alger envers le Maroc et sa démocratie à la traine entravent le développement de l'Union pour la Méditerranée ?
Effectivement. L'Algérie entrave le développement de l'Union pour la Méditerranée. Et ce en adoptant des comportements déconnectés et totalement dépassés dans le nouveau contexte de ce début du 21ème siècle. Sa démocratie est à la traine. La fermeture des frontières est significative du blocage politique dont suffoque l'Algérie. Alger est donc condamnée à s'ouvrir malgré elle en se démocratisant sous la pression du peuple algérien. Démocratisation et politique de bon voisinage vont de paires.
Parlons de volonté politique. Ne croyez-vous pas que l'actuelle tension entre le Maroc et l'Espagne suite à l'adoption par les Parlements espagnol et européen de deux résolutions qui ont irrité Rabat n'interfère pas sur le développement de l'Union européenne?
Absolument pas. La tension actuelle entre Rabat et Madrid ne tardera pas à disparaitre. Surtout que les deux voisins sont liés par des liens solides. L'histoire et les cultures des deux pays se croisent et les deux sociétés sont très proches les unes des autres. Ce qui donne à la relation entre l'Espagne et le Maroc une spécifié caractérisée par la volonté des deux peuples et non de leurs politiques. D'ailleurs les deux pays sont très importants pour le développement de la Méditerranée. N'oublions pas qu'ils sont les points les plus proches entre les deux rives. C'est pourquoi il faut agir dans l'immédiat pour mettre terme aux conflits politiques déclenchés par des volontés illicites de nos voisins de l'Est. Il faut stabiliser la région en installant définitivement les frontières et dissoudre tous les malentendus. Et c'est le rôle attendu de tous les pays de la Méditerranée pour donner un socle solide à l'union de ces pays. Surtout que la Méditerranée peut devenir, sous la bannière de l'union, une véritable locomotive de développement à l'échelle internationale.
Quel est d'après vous l'apport des pays du Sud dans l'Union pour la Méditerranée et dans le développement de la région?
Le Maroc a toujours été cité en exemple. Surtout que le Maroc a réussi un grand challenge de développement, de restructuration et de mise à niveau urbaine dans ses régions du nord. C'est pourquoi le Maroc est considéré comme étant un pays à la reconquête de sa méditerranéité. Bien plus, le Maroc est souvent cité en exemple grâce à ces différents projets liés à l'économie verte. Il a inscrit son nouveau plan de l'énergie solaire dans le cadre d'un plan méditerranéen qu'on appelle Desertec. Donc le Maroc est cité en exemple du nouveau statut avancé qui le lie à l'union européenne. Mais ceci ne suffit pas. On ne peut plus se développer en solitaire. Comme on ne peut plus revendiquer une place particulière sans faire partie d'un ensemble régional tourné vers l'intégration. Et c'est d'ailleurs l'une des grandes questions qui explique la situation que connait la région. A côté de cela, il y a le conflit israélo-palestinien. Ce conflit historique qui se trouve aujourd'hui dans l'impasse plus qu'hier et qui retarde en quelque sorte l'Union pour la Méditerranée pour en faire une entité vivante capable de devenir un acteur international. Un acteur qui exerce une certaine influence sur toutes les décisions concernant la région et le monde.
Et la dimension méditerranéenne du Maroc ?
La dimension méditerranéenne du Maroc a été occultée pendant de longues années. La création en 1990de groupement d'études et de recherches sur la Méditerranée, le GERM a été le premier espace d'échanges d'idées, de réflexion et d'analyse pour réhabiliter la dimension méditerranéenne de l'entité marocaine. Le nord du Maroc comme le Sahara a joué un rôle fondamental, sur le plan historique, dans la constitution d'une identité marocaine et aussi dans le progrès que le Maroc a connu à travers plusieurs siècles. L'occupation de nos deux villes de Sebta et Mellila explique cette amputation.
Un dernier mot ?
Il faut se départir du sentiment ambiant de méditerranéo-pessimisme. L'histoire de la Méditerranée est une histoire profonde caractérisée par des cycles de crises à travers des conflits ouverts. Il faut préparer un nouveau cycle de croissance, de progrès, de stabilité et de paix. Il faut investir dans cette perspective. Et jamais la Méditerranée n'a eu besoin d'elle-même qu'aujourd'hui. Et l'un des aspects positifs de l'Union pour la Méditerranée réside dans l'appropriation des états riverains de leur propre espace géostratégique. Il faut surtout pratiquer un réalisme inventif au lieu du passif, grâce à une volonté politique capable d'amortir tous les chocs et réunir toutes les composantes pour réussir une nouvelle Méditerranée.