Entretien avec Cesare Capitani et Stanislas Grassian


PROPOS RECUEILLIS PAR ALAIN BOUITHY
Mercredi 28 Juillet 2010

«C’est un plaisir de jouer le personnage de Caravage»

Entretien avec Cesare Capitani et Stanislas Grassian
«Moi, Caravage» est un monologue sur la vie tourmentée du célèbre peintre Michelangelo Merisi dit «Caravaggio». Librement inspirée du roman de Dominique Fernandez, «La course à l’abîme», cette pièce a reçu un bel accueil du public lors de sa présentation en mai dernier à Casablanca. Cesare Capitani et Stanislas Grassian (metteur en scène) reviennent sur leur prestation et les motivations qui
les ont poussés à s’intéresser à ce peintre majeur.


Libé : Quel commentaire vous inspire la réaction du public casablancais ?

Cesare Capitani : Le public a été très chaleureux. Il a l’air d’avoir bien aimé ce spectacle tellement il était expressif. Et les applaudissements étaient très forts. Je l’ai ai trouvé très chaleureux.

Cette réaction du public vous surprend-elle, sachant que le thème de votre pièce s’intéresse à la vie tourmentée de Michelangelo Merisi?

Stanislas Grassian : Je pense que le public est heureux de découvrir un personnage illustre comme Le Caravage. Tout en rêvant, il désire découvrir à travers le théâtre un personnage qui a marqué l’histoire par son art et sa peinture. En fait, les gens aiment tout ce qui est intelligent et bien interprété.

Est-il aisé d’interpréter un personnage aussi complexe que fut Caravage ?

Cesara Capitani : Non, ce n’est pas du tout facile. Mais tellement beau et fascinant d’interpréter un personnage magnifique avec plein de facettes différentes. C’est chaque fois dur, mais toujours très beau.

Qu’est-ce qui a motivé le choix de cette pièce ?

Cesara Capitani : Au départ, j’aimais le personnage. Je suis aussi italien et j’ai toujours aimé Caravage. J’ai commencé à lire depuis quelques années plusieurs livres sur lui avant de tomber sur le roman de Dominique Fernandez où l’histoire de Caravage est très romancée. Je l’ai trouvé très passionnant au point que je me suis dit, il y a plus de 2 ans, « je vais en faire une pièce». Les choses ont mis un peu de temps pour se mettre en place, mais ce qui importe c’est que le résultat est là. C’est vrai qu’au départ, c’est un amour pour ce peintre qui m’a vraiment motivé.

La lumière est très présente sur scène. Quelle interprétation peut-on donner à cela ?

Cesare Capitani : C’est difficile de parler du Caravage sans parler de la lumière vu qu’il a vraiment révolutionné la façon d’utiliser la lumière dans les tableaux. On dit que c’est le père du clair-obscur qui a vraiment utilisé la lumière comme personne. Donc, on a essayé avec Stanislas Grassian de faire en sorte que la lumière soit un personnage avec des bois magiques où l’on met des bougies. Ce qui a permis de créer des tableaux. En fait, on a essayé de récréer le clair-obscur comme Caravage l’a fait avec ses tableaux. Donc la lumière est là pour exalter un détail, effacer un autre, pour plonger certaines choses dans l’ombre et faire jaillir d’autres.

Caravage est très connu. Qu’espériez-vous que le public retienne de particulier sur cet illustre personnage, à travers cette pièce ?

Stanislas Grassian : Le personnage est connu, le peintre est connu même si sa vie est très mystérieuse et méconnue. Ce qui nous a toujours fait plaisir depuis qu’on a commencé cette aventure, c’est qu’à la fin du spectacle les gens nous disent « on a envie de revoir tous les tableaux de Caravage». Sans les montrer, on évoque les tableaux. Il y a ceux qui nous disent qu’on a complètement revu les tableaux et d’autres qu’ils ont envie de plonger dans les tableaux de Caravage, de les revoir et d’aller voir des expositions sur ses tableaux. Pour nous, c’est aussi une façon de faire vivre ses œuvres.

La pièce reflète-t-elle une partie de la vie du personnage?

Stanislas Grassian : Comme l’a dit Cesare, il y a une part inventée par le romancier Dominique Fernandez et puis l’adaptation de Cesare qui a choisi certaines épisodes. Il y a des faits avérés comme des choses qu’il aurait vécues avec la justice, l’emprisonnement ; cette histoire de réaction sanguine et violente dans un restaurant quand il jette un plateau d’artichauts à la figure du serveur. Ce sont des faits vrais qui ont été écrits pendant le procès. Et puis, il y a des choses qui sont inspirées des tableaux aussi et fantasmées par l’auteur et l’adaptation théâtrale.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour mettre sur pied «Moi, Caravage»?

Stanislas Grassian : Il y a déjà le temps qu’a mis le romancier pour écrire son œuvre. Il y a Cesare qui travaille depuis 2 ans à l’adaptation du livre. Et puis, quand on se revoit, il y a encore trois ans de travail en commun de réflexion.

Cesare Capitani : Depuis la première lecture qu’on a faite, je pense avoir fait 7 voire 9 versions corrigées, coupées et refaites. Il arrive qu’on coupe une partie, qu’on introduit des dialogues où il n’y en avait pas, etc. Le travail et la scène c’est 3 ans. La préparation et d’adaptation, c’est au mois 1 an. Et le romancier a certainement mis un ou deux ans pour l’écrire.


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