Autres articles
-
Neil Colquhoun : «Nous avons largement surpassé les objectifs initiaux d’Epson au Maroc »
-
Salah Bourdi : Depuis sa création en 2014, le Cercle Eugène Delacroix milite activement pour la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara
-
Moussaoui Ajlaoui : Le comble de l’absurdité, c’est que l’Algérie a deux voix au sein de l’UA, la sienne et celle du polisario qui ne prend jamais le contrepied de son mentor algérien
-
Patrizia d'Antonio : L’écrivain humaniste Alberto Manzi, une figure exceptionnelle qui symbolise à la fois l’éducation, l’unité linguistique et l’humanisme
-
Derguene Mbaye : Les pays africains peuvent beaucoup apprendre de l’expérience du Maroc en matière d'intelligence artificielle
Libé : Après Agadir, quel bilan peut-on dresser de l'INDH ?
Abdelhamid El Jamri : Au-delà du bilan quantitatif et qualitatif que l’on pourrait faire de l’INDH, le vrai apport de l’INDH réside dans la réelle dynamique qu’elle a pu engendrer. Je me rappelle de la première formation que nous avions organisée en août 2005 au profit des DAS et des gouverneurs sur le principe INDH. Nous y avions exposé les principes de base de ce développement humain et les méthodes de l’ingénierie de projet de développement, fondées sur la démarche participative, le diagnostic, la détermination des rôles des intervenants dans le projet, la bonne gouvernance, le suivi et l’évaluation, etc. Je suis très content aujourd’hui, que ce qui était considéré comme nouveau en 2005, soit courant et connu par quasiment tous les acteurs. L’on peut ainsi considérer que l’INDH a fait connaître des valeurs et des principes de gouvernance qui doivent être appliqués dans la gestion de la chose publique.
Agadir fut un grand moment, marqué par le message Royal, ce qui confirme l’intérêt que l’on donne à l’INDH et son rôle premier qu’elle doit jouer dans le développement du Maroc. Marqué aussi par la reconnaissance internationale de l’intérêt de l’INDH pour le développement humain. Quelques jours avant, à l’occasion de la participation de SM le Roi au Sommet sur les objectifs du millénaire aux Nations unies à New York, la communauté internationale a reconnu l’importance de l’INDH et appelé d’autres Etats à s’en inspirer. Le Secrétaire général des NU, lui-même, en a fait l’appel.
Agadir fut, aussi, un moment de reconnaissance de l’intérêt de l’INDH, les témoignages d’institutions et de personnalités internationales étaient sans équivoques. La réalisation induite de l’INDH, c’est aussi le développement de la gouvernance locale. Grâce à l’INDH, nos provinces et préfectures ont développé et pratiqué la gouvernance locale. Ce qui sera bénéfique pour le projet de régionalisation du Maroc.
Mais à Agadir, on n’a pas assez rendu hommage aux « chevilles ouvrières » de l’INDH, qui sans leur dévouement, leur engagement et leur sacrifice, l’INDH n’aurait jamais atteint les objectifs réalisés aujourd’hui. Je veux parler de la coordination de l’INDH, des divisions de l’Action sociale, des associations, des comités de gouvernance locale.
Bien sûr, il ne faut pas en rester là. Nous avons certes beaucoup réalisé, mais il nous reste aussi beaucoup à faire. Notamment contrer les anti-INDH. Ceux qui sont dans le système et qui n’adhèrent et n’appliquent pas les principes et la philosophie de l’INDH, que ce soit par intérêt ou par ignorance. Et croyez-moi, ils sont nombreux.
L'esprit et la philosophie ne manquent-ils pas aux projets réalisés, et qu'une grande partie reste sans vie à cause de cela ?
Effectivement, pour certains projets oui, mais malheureusement pas pour tous. Cela est dû certainement à un manque de savoir-faire collectif du management de projet, dans d’autres cas, par une défaillance au niveau de la gouvernance. Et dans le plus grave des cas, c’est par manque de conviction. Beaucoup de projets ont été réalisés sans qu’il y ait un vrai diagnostic et une vraie démarche participative des bénéficiaires et des parties prenantes.
Qu'est-ce que vous suggérez pour renouer avec cet esprit du 18 mai, en l'occurrence l'intérêt suprême accordé aux ressources humaines ?
Il faut voir en l’INDH, et il faut que tout le monde en soit convaincu, un modèle mondial de lutte contre la pauvreté. Des fois, j’ai l’impression que les observateurs et spécialistes internationaux en sont plus convaincus que les responsables marocains. Il faudrait fièrement confirmer que le Maroc a son modèle de lutte contre la pauvreté. Un modèle qui n’est pas basé sur l’aide directe aux « pauvres » et aux « précaires », mais qui est basé sur le « rétablissement » des liens sociaux, la réintégration dans la société et l’accompagnement à s’en sortir. Parce que la pauvreté n’est pas seulement matérielle, elle est surtout sociale.
Comment évaluez-vous les processus de développement au Maroc, au niveau de leur efficience et de leur impact ?
Si on se base sur l’observation, le Maroc est vu comme un pays qui a fait des choix à la fois de développement économique et social. Le processus de développement est multidimensionnel. Il porte à la fois sur le développement économique, avec des projets structurants. Sur le développement institutionnel, avec un ensemble de programmes de mise à niveau des institutions et création de nouvelles institutions nécessaires. Sur le développement social, avec des projets, dont l’INDH, qui visent à améliorer l’éducation, la santé, le niveau de vie des Marocains.
Ce qui manquerait peut-être, c’est que le citoyen marocain se reconnaisse dans ces projets et ressente des retombées viables et durables sur sa situation.
Comme défis, les observateurs internationaux, attendent que le Maroc relève celui de la structuration du champ politique, avec une meilleure participation politique des Marocains.
En dehors des grands chantiers et de la politique de création des grands pôles, ne croyez-vous pas que l'économie sociale et solidaire reste à la traîne ?
En général, s’il n’y a pas de développement économique, le développement social reste à la traîne. C’est vrai qu’au Maroc, on ne voit pas encore le parallèle entre le développement économique et le développement social. Je pense que cela résulte en partie, de la conception qu’ont nos responsables de la relation entre les deux et aussi, peu d’un manque de régulation institutionnelle. Cela se voit au niveau de l’action sociale telle qu’elle est menée actuellement, un peu à la marge et aussi, au niveau du dialogue social, qui n’a pas donné beaucoup de satisfaction ces dernières années.
C’est pour cela que nous attendons beaucoup du rôle que pourra jouer le Conseil économique et social qui doit être mis en place très bientôt.
Y a-t-il une recette de développement qui met en harmonie cette tendance aux grands projets et cette nécessité impérieuse d'aller directement et immédiatement aux foyers de pauvreté?
Je pense qu’au Maroc, nous avons beaucoup d’ingrédients pour réussir notre développement. Avec une certaine harmonie entre le développement économique et le développement social. Nous avons encore besoin de renforcer nos capacités à manager les projets et mettre en place de bonnes procédures de gouvernance.
Au niveau local, il faut que nos responsables ne soient pas minimalistes; il faut qu’ils se donnent plus de latitude dans leurs prérogatives pour agir. Il faut en finir avec « lah ikharaj sarbisna bikhir » (Que Dieu nous aide à mener à bien notre tâche!) et avec l’hésitation et le tâtonnement. Construire un Etat de droit et une démocratie, nécessite des systèmes de sécurité forts et il faut y aller franchement dans l’application et le respect des lois et des droits, sans hésitation. Et pour cela, il faut former encore.
Au Maroc, nous avons donc tout: une idéologie, des orientations Royales, des acteurs institutionnelles nécessaires et le soutien international. Nous devons réussir notre développement.
Au niveau de l’INDH, pour qu’elle puisse jouer encore mieux ce rôle de dynamo, il faudrait lui donner les moyens institutionnels et lui permettre d’émerger pleinement. Elle est suspendue à une branche du ministère de l’Intérieur. La confirmer au sein même de ce ministère en tant que Direction générale par exemple, ou en tant qu’Agence, Secrétariat d’Etat ou Haut Commissariat, ne pourrait que lui donner plus d’élan et d’impact.
Abdelhamid El Jamri : Au-delà du bilan quantitatif et qualitatif que l’on pourrait faire de l’INDH, le vrai apport de l’INDH réside dans la réelle dynamique qu’elle a pu engendrer. Je me rappelle de la première formation que nous avions organisée en août 2005 au profit des DAS et des gouverneurs sur le principe INDH. Nous y avions exposé les principes de base de ce développement humain et les méthodes de l’ingénierie de projet de développement, fondées sur la démarche participative, le diagnostic, la détermination des rôles des intervenants dans le projet, la bonne gouvernance, le suivi et l’évaluation, etc. Je suis très content aujourd’hui, que ce qui était considéré comme nouveau en 2005, soit courant et connu par quasiment tous les acteurs. L’on peut ainsi considérer que l’INDH a fait connaître des valeurs et des principes de gouvernance qui doivent être appliqués dans la gestion de la chose publique.
Agadir fut un grand moment, marqué par le message Royal, ce qui confirme l’intérêt que l’on donne à l’INDH et son rôle premier qu’elle doit jouer dans le développement du Maroc. Marqué aussi par la reconnaissance internationale de l’intérêt de l’INDH pour le développement humain. Quelques jours avant, à l’occasion de la participation de SM le Roi au Sommet sur les objectifs du millénaire aux Nations unies à New York, la communauté internationale a reconnu l’importance de l’INDH et appelé d’autres Etats à s’en inspirer. Le Secrétaire général des NU, lui-même, en a fait l’appel.
Agadir fut, aussi, un moment de reconnaissance de l’intérêt de l’INDH, les témoignages d’institutions et de personnalités internationales étaient sans équivoques. La réalisation induite de l’INDH, c’est aussi le développement de la gouvernance locale. Grâce à l’INDH, nos provinces et préfectures ont développé et pratiqué la gouvernance locale. Ce qui sera bénéfique pour le projet de régionalisation du Maroc.
Mais à Agadir, on n’a pas assez rendu hommage aux « chevilles ouvrières » de l’INDH, qui sans leur dévouement, leur engagement et leur sacrifice, l’INDH n’aurait jamais atteint les objectifs réalisés aujourd’hui. Je veux parler de la coordination de l’INDH, des divisions de l’Action sociale, des associations, des comités de gouvernance locale.
Bien sûr, il ne faut pas en rester là. Nous avons certes beaucoup réalisé, mais il nous reste aussi beaucoup à faire. Notamment contrer les anti-INDH. Ceux qui sont dans le système et qui n’adhèrent et n’appliquent pas les principes et la philosophie de l’INDH, que ce soit par intérêt ou par ignorance. Et croyez-moi, ils sont nombreux.
L'esprit et la philosophie ne manquent-ils pas aux projets réalisés, et qu'une grande partie reste sans vie à cause de cela ?
Effectivement, pour certains projets oui, mais malheureusement pas pour tous. Cela est dû certainement à un manque de savoir-faire collectif du management de projet, dans d’autres cas, par une défaillance au niveau de la gouvernance. Et dans le plus grave des cas, c’est par manque de conviction. Beaucoup de projets ont été réalisés sans qu’il y ait un vrai diagnostic et une vraie démarche participative des bénéficiaires et des parties prenantes.
Qu'est-ce que vous suggérez pour renouer avec cet esprit du 18 mai, en l'occurrence l'intérêt suprême accordé aux ressources humaines ?
Il faut voir en l’INDH, et il faut que tout le monde en soit convaincu, un modèle mondial de lutte contre la pauvreté. Des fois, j’ai l’impression que les observateurs et spécialistes internationaux en sont plus convaincus que les responsables marocains. Il faudrait fièrement confirmer que le Maroc a son modèle de lutte contre la pauvreté. Un modèle qui n’est pas basé sur l’aide directe aux « pauvres » et aux « précaires », mais qui est basé sur le « rétablissement » des liens sociaux, la réintégration dans la société et l’accompagnement à s’en sortir. Parce que la pauvreté n’est pas seulement matérielle, elle est surtout sociale.
Comment évaluez-vous les processus de développement au Maroc, au niveau de leur efficience et de leur impact ?
Si on se base sur l’observation, le Maroc est vu comme un pays qui a fait des choix à la fois de développement économique et social. Le processus de développement est multidimensionnel. Il porte à la fois sur le développement économique, avec des projets structurants. Sur le développement institutionnel, avec un ensemble de programmes de mise à niveau des institutions et création de nouvelles institutions nécessaires. Sur le développement social, avec des projets, dont l’INDH, qui visent à améliorer l’éducation, la santé, le niveau de vie des Marocains.
Ce qui manquerait peut-être, c’est que le citoyen marocain se reconnaisse dans ces projets et ressente des retombées viables et durables sur sa situation.
Comme défis, les observateurs internationaux, attendent que le Maroc relève celui de la structuration du champ politique, avec une meilleure participation politique des Marocains.
En dehors des grands chantiers et de la politique de création des grands pôles, ne croyez-vous pas que l'économie sociale et solidaire reste à la traîne ?
En général, s’il n’y a pas de développement économique, le développement social reste à la traîne. C’est vrai qu’au Maroc, on ne voit pas encore le parallèle entre le développement économique et le développement social. Je pense que cela résulte en partie, de la conception qu’ont nos responsables de la relation entre les deux et aussi, peu d’un manque de régulation institutionnelle. Cela se voit au niveau de l’action sociale telle qu’elle est menée actuellement, un peu à la marge et aussi, au niveau du dialogue social, qui n’a pas donné beaucoup de satisfaction ces dernières années.
C’est pour cela que nous attendons beaucoup du rôle que pourra jouer le Conseil économique et social qui doit être mis en place très bientôt.
Y a-t-il une recette de développement qui met en harmonie cette tendance aux grands projets et cette nécessité impérieuse d'aller directement et immédiatement aux foyers de pauvreté?
Je pense qu’au Maroc, nous avons beaucoup d’ingrédients pour réussir notre développement. Avec une certaine harmonie entre le développement économique et le développement social. Nous avons encore besoin de renforcer nos capacités à manager les projets et mettre en place de bonnes procédures de gouvernance.
Au niveau local, il faut que nos responsables ne soient pas minimalistes; il faut qu’ils se donnent plus de latitude dans leurs prérogatives pour agir. Il faut en finir avec « lah ikharaj sarbisna bikhir » (Que Dieu nous aide à mener à bien notre tâche!) et avec l’hésitation et le tâtonnement. Construire un Etat de droit et une démocratie, nécessite des systèmes de sécurité forts et il faut y aller franchement dans l’application et le respect des lois et des droits, sans hésitation. Et pour cela, il faut former encore.
Au Maroc, nous avons donc tout: une idéologie, des orientations Royales, des acteurs institutionnelles nécessaires et le soutien international. Nous devons réussir notre développement.
Au niveau de l’INDH, pour qu’elle puisse jouer encore mieux ce rôle de dynamo, il faudrait lui donner les moyens institutionnels et lui permettre d’émerger pleinement. Elle est suspendue à une branche du ministère de l’Intérieur. La confirmer au sein même de ce ministère en tant que Direction générale par exemple, ou en tant qu’Agence, Secrétariat d’Etat ou Haut Commissariat, ne pourrait que lui donner plus d’élan et d’impact.