Autres articles
-
Neil Colquhoun : «Nous avons largement surpassé les objectifs initiaux d’Epson au Maroc »
-
Salah Bourdi : Depuis sa création en 2014, le Cercle Eugène Delacroix milite activement pour la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara
-
Moussaoui Ajlaoui : Le comble de l’absurdité, c’est que l’Algérie a deux voix au sein de l’UA, la sienne et celle du polisario qui ne prend jamais le contrepied de son mentor algérien
-
Patrizia d'Antonio : L’écrivain humaniste Alberto Manzi, une figure exceptionnelle qui symbolise à la fois l’éducation, l’unité linguistique et l’humanisme
-
Derguene Mbaye : Les pays africains peuvent beaucoup apprendre de l’expérience du Maroc en matière d'intelligence artificielle
La création de la nouvelle délégation du MEN à Sidi Ifni s'est opérée au pied levé. Son détachement de la délégation de Tiznit lui ''laisse sur les bras'' une multitude de difficultés qui ont empêché son fonctionnement normal. Dans l'entretien suivant, le secrétaire provincial du SNE, revient en détail sur ce sujet.
Libé: Du récent découpage territorial a résulté la création de la province de Sidi Ifni. Et dans son sillage, celle de la délégation du MEN de cette région. Qu'est-ce qui a caractérisé la première session scolaire dans cette région ?
Abdelhak Bouhouch: C'est la rentrée de tous les maux à cause de l'improvisation et du bricolage qui ont marqué ce démarrage . La création de la délégation du MEN à Sidi Ifni s'est faite en hâte. Les locaux affectés à cette administration sont impropres et démotivants. En plus des problèmes hérités de l'ancienne gestion catastrophique et de marginalisation, dans la délégation de Tiznit. La situation physique des classes connaît une certaine détérioration. La délégation manque actuellement d'effectif en termes de cadres administratifs et enseignants. Les différentes opérations de redéploiement parmi le corps enseignant menées par la délégation de Tiznit, alors que Sidi Ifni était sous son administration, ont été opérées d'une manière pénalisante pour la nouvelle délégation. Des affectations et mutations illégales et de complaisance, sont concentrées sur le centre urbain de Tiznit, ce qui a engendré des déficits abyssaux parmi l'effectif des enseignants disponibles actuellement à Sidi Ifni. Tout cela, sans que la nouvelle délégation ait bénéficié de nouvelles affectations, notamment dans le cycle scolaire primaire et dans certaines matières du cycle secondaire qualifiant, où les besoins sont davantage ressentis. A cela s'ajoute la difficulté du partage du budget alloué aux deux délégations. Cela pose un grand problème de visibilité financière au niveau de la gestion, pour les deux administrations.
La rentrée scolaire à Sidi Ifni a été marquée par une série de sit-in et autres actions de protestation des syndicats de l'enseignement. Quels sont vos revendications ?
Notre dossier revendicatif est connu. Nous demandons d'abord que la délégation de Sidi Ifni soit dotée incessamment d'un édifice digne de ce nom. Ensuite, il faut combler tous les postes vacants. Aussi bien en termes d'enseignants, de gestionnaires économiques des établissements scolaires, d'agents et cadres administratifs des différents services de la délégation. Et ce, afin d'assurer une meilleure gestion et une coordination fluide entre les enseignants et l'administration. Nous protestons contre l'absence de mise à niveau et de restauration des écoles délabrées relevant de la délégation et le manque de nouvelles infrastructures scolaires. Et cela est dû à l'enchevêtrement des budgets alloués aux deux délégations. Il faut doter chacune de ces administrations de son propre budget, pour assurer leur fonctionnement normal loin de toute interdépendance financière. Nous demandons d'autre part, que tous les élèves bénéficient de kits scolaires distribués à la rentrée scolaire. La région, dont la plus grande partie des écoles se trouve dans le milieu rural, connaît des taux d'abandon scolaire ahurissants. Il faut lutter contre cette déperdition. Cela ne peut se faire sans la mise en œuvre de mécanismes appropriés pour assurer aux élèves un service scolaire de proximité par la mise à leur disposition de moyens de mobilité ou de transport scolaire collectif.
Mais, qu'est-ce qui vous a poussé à engager des actions de protestation dès le début de l'année scolaire ?
D'abord, cette situation anormale du démarrage de notre délégation. On a l'impression qu'on repart du mauvais pied! Alors qu'on pensait que la nouvelle entité locale de MEN allait être pourvue de tous les moyens lui permettant de réussir sa mission. Mais, la goutte qui a fait déborder le vase réside dans les prises de décisions unilatérales par le délégué d'Ifni. Lequel n'a pas hésité à exclure les syndicats de la gestion de la rentrée scolaire. Au lieu de les inviter à « mettre la main à la pâte », en tant que partenaires de l'école, comme le stipulent la Charte de l'éducation et le Plan d'urgence.
Eu égard à la situation qui prévaut, on est amené à dire que le Plan d'urgence n'est pas passé par là! Les structures immobilières des écoles de Sidi Ifni laissent à désirer. Une grande partie de ces constructions ne sont pas encore branchées aux réseaux d'électricité et d'eau potable. En plus, elles manquent cruellement de sanitaires. Les programmes de mise à niveau et de restauration dont la délégation de Tiznit a bénéficié ne les ont pas concernées; la quasi-totalité des ''associations de l'école de la réussite'' n'ont pas perçu, pour la deuxième année, leurs dotations annuelles. Même les élèves n'ont pas reçu la totalité des livres scolaires; la persistance de la déscolarisation des enfants est révoltante; les manques dans les rangs des enseignants et des administrateurs sont flagrants; pas de formation pour les instituteurs, etc. Le programme d'urgence du ministère est, en principe, une approche initiée pour mettre fin à tous ces dysfonctionnements!
Quelles sont vos propositions pour remédier à ces problèmes ?
Remédier à ces difficultés ne relève pas de l'impossible. D'abord, la gestion des affaires de l'enseignement par une approche participative est une condition sine qua non pour réussir ce pari. L'amélioration des infrastructures scolaires et leur extension sont primordiales pour en faire des espaces accueillants, motivants et à même de pouvoir recevoir tous les apprenants. Il faut donc allouer dans les plus brefs délais les budgets conséquents. La généralisation du programme Tiyssir à tous les territoires de la délégation (en majorité ruraux) constitue une urgence, afin de prolonger la scolarisation des enfants. Doter les associations de l'école de la réussite d’aides financières nécessaires, pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle imparti. Concrétiser les pactes et engagements ainsi que les décisions prises par le comité provincial conjointement par la délégation et les syndicats. Il faut que l'Académie de SMD résolve les problèmes en suspens évoqués lors de la réunion avec les représentants syndicalistes, organisée le 22 septembre 2010. Notamment celui des mutations outrepassant les règles établies en la matière, que le délégué de Tiznit n’a pas respectées, en vidant notre délégation de cadres et enseignants. Faire bénéficier les enseignants de la formation continue et aussi du programme Génie. Voilà, à titre indicatif, quelques solutions que nous proposons.
L'Académie de l'enseignement de SMD a connu dernièrement plusieurs révocations de fonctionnaires et chefs de service. Quel commentaire en faites-vous ?
Ce sont là des actions courageuses à l'encontre des cas de mauvaise gestion administrative et financière dans des postes-clés de cette administration et certaines délégations aussi. Et cela, il faut le dire, sans prétention aucune, c'est grâce aux luttes de longue haleine menées par la FDT et nos partenaires syndicaux. Nous avions produit pour ce faire, des preuves tangibles, chiffres à l’appui sur les irrégularités financières que nous avions dénoncées. Les commissions centrales et les diverses inspections en ont été convaincues, d'où ces limogeages à la pelle. Cela donnera des leçons à plus d'un.
Les syndicats ne sont pas non plus blancs comme neige. Certains responsables syndicaux agitent leur statut comme un épouvantail au nez des délégués pour s'arroger des avantages, dont celui, par exemple, d'être dispensés d'enseigner. Qu'en pensez-vous ?
Le travail syndical est une mission volontaire. Cela ne doit dispenser de son travail en classe aucun syndicaliste. C'est vrai que des cas existent, mais on ne doit pas mettre tout le monde dans le même panier. Les syndicats sont des partenaires de l'administration scolaire. De ce fait, ils doivent respecter leurs engagements et remplir leurs devoirs comme tous les autres.
Mais tant de sit-in et grèves organisés intempestivement au début de la rentrée scolaire risquent de devenir impopulaires. Comment réagissez-vous à cela ?
La structure éducative est un «biotope» très fragile totalement voué à l'intérêt de l'élève. Il suffit que l'un de ses constituants lâche pour que l'équilibre bascule. Lorsqu'on défend les intérêts du corps enseignant, on revendique de meilleures conditions de travail, des structures plus accueillantes…, c'est en fait dans l'intérêt des apprenants. Par exemple, si l'instituteur achoppe sur des difficultés qui compromettent l'ambiance à l'école, il ne donnera pas de son mieux; c'est sûr. La mission pédagogique ne fonctionne à merveille que si l'enseignant et l'élève - ses maillons forts- sont placés au centre des préoccupations de la stratégie éducative. Les syndicats, eux, sont des partenaires tenus de tirer la sonnette d'alarme, dès qu'un danger guette ou attaque cet équilibre.
Libé: Du récent découpage territorial a résulté la création de la province de Sidi Ifni. Et dans son sillage, celle de la délégation du MEN de cette région. Qu'est-ce qui a caractérisé la première session scolaire dans cette région ?
Abdelhak Bouhouch: C'est la rentrée de tous les maux à cause de l'improvisation et du bricolage qui ont marqué ce démarrage . La création de la délégation du MEN à Sidi Ifni s'est faite en hâte. Les locaux affectés à cette administration sont impropres et démotivants. En plus des problèmes hérités de l'ancienne gestion catastrophique et de marginalisation, dans la délégation de Tiznit. La situation physique des classes connaît une certaine détérioration. La délégation manque actuellement d'effectif en termes de cadres administratifs et enseignants. Les différentes opérations de redéploiement parmi le corps enseignant menées par la délégation de Tiznit, alors que Sidi Ifni était sous son administration, ont été opérées d'une manière pénalisante pour la nouvelle délégation. Des affectations et mutations illégales et de complaisance, sont concentrées sur le centre urbain de Tiznit, ce qui a engendré des déficits abyssaux parmi l'effectif des enseignants disponibles actuellement à Sidi Ifni. Tout cela, sans que la nouvelle délégation ait bénéficié de nouvelles affectations, notamment dans le cycle scolaire primaire et dans certaines matières du cycle secondaire qualifiant, où les besoins sont davantage ressentis. A cela s'ajoute la difficulté du partage du budget alloué aux deux délégations. Cela pose un grand problème de visibilité financière au niveau de la gestion, pour les deux administrations.
La rentrée scolaire à Sidi Ifni a été marquée par une série de sit-in et autres actions de protestation des syndicats de l'enseignement. Quels sont vos revendications ?
Notre dossier revendicatif est connu. Nous demandons d'abord que la délégation de Sidi Ifni soit dotée incessamment d'un édifice digne de ce nom. Ensuite, il faut combler tous les postes vacants. Aussi bien en termes d'enseignants, de gestionnaires économiques des établissements scolaires, d'agents et cadres administratifs des différents services de la délégation. Et ce, afin d'assurer une meilleure gestion et une coordination fluide entre les enseignants et l'administration. Nous protestons contre l'absence de mise à niveau et de restauration des écoles délabrées relevant de la délégation et le manque de nouvelles infrastructures scolaires. Et cela est dû à l'enchevêtrement des budgets alloués aux deux délégations. Il faut doter chacune de ces administrations de son propre budget, pour assurer leur fonctionnement normal loin de toute interdépendance financière. Nous demandons d'autre part, que tous les élèves bénéficient de kits scolaires distribués à la rentrée scolaire. La région, dont la plus grande partie des écoles se trouve dans le milieu rural, connaît des taux d'abandon scolaire ahurissants. Il faut lutter contre cette déperdition. Cela ne peut se faire sans la mise en œuvre de mécanismes appropriés pour assurer aux élèves un service scolaire de proximité par la mise à leur disposition de moyens de mobilité ou de transport scolaire collectif.
Mais, qu'est-ce qui vous a poussé à engager des actions de protestation dès le début de l'année scolaire ?
D'abord, cette situation anormale du démarrage de notre délégation. On a l'impression qu'on repart du mauvais pied! Alors qu'on pensait que la nouvelle entité locale de MEN allait être pourvue de tous les moyens lui permettant de réussir sa mission. Mais, la goutte qui a fait déborder le vase réside dans les prises de décisions unilatérales par le délégué d'Ifni. Lequel n'a pas hésité à exclure les syndicats de la gestion de la rentrée scolaire. Au lieu de les inviter à « mettre la main à la pâte », en tant que partenaires de l'école, comme le stipulent la Charte de l'éducation et le Plan d'urgence.
Eu égard à la situation qui prévaut, on est amené à dire que le Plan d'urgence n'est pas passé par là! Les structures immobilières des écoles de Sidi Ifni laissent à désirer. Une grande partie de ces constructions ne sont pas encore branchées aux réseaux d'électricité et d'eau potable. En plus, elles manquent cruellement de sanitaires. Les programmes de mise à niveau et de restauration dont la délégation de Tiznit a bénéficié ne les ont pas concernées; la quasi-totalité des ''associations de l'école de la réussite'' n'ont pas perçu, pour la deuxième année, leurs dotations annuelles. Même les élèves n'ont pas reçu la totalité des livres scolaires; la persistance de la déscolarisation des enfants est révoltante; les manques dans les rangs des enseignants et des administrateurs sont flagrants; pas de formation pour les instituteurs, etc. Le programme d'urgence du ministère est, en principe, une approche initiée pour mettre fin à tous ces dysfonctionnements!
Quelles sont vos propositions pour remédier à ces problèmes ?
Remédier à ces difficultés ne relève pas de l'impossible. D'abord, la gestion des affaires de l'enseignement par une approche participative est une condition sine qua non pour réussir ce pari. L'amélioration des infrastructures scolaires et leur extension sont primordiales pour en faire des espaces accueillants, motivants et à même de pouvoir recevoir tous les apprenants. Il faut donc allouer dans les plus brefs délais les budgets conséquents. La généralisation du programme Tiyssir à tous les territoires de la délégation (en majorité ruraux) constitue une urgence, afin de prolonger la scolarisation des enfants. Doter les associations de l'école de la réussite d’aides financières nécessaires, pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle imparti. Concrétiser les pactes et engagements ainsi que les décisions prises par le comité provincial conjointement par la délégation et les syndicats. Il faut que l'Académie de SMD résolve les problèmes en suspens évoqués lors de la réunion avec les représentants syndicalistes, organisée le 22 septembre 2010. Notamment celui des mutations outrepassant les règles établies en la matière, que le délégué de Tiznit n’a pas respectées, en vidant notre délégation de cadres et enseignants. Faire bénéficier les enseignants de la formation continue et aussi du programme Génie. Voilà, à titre indicatif, quelques solutions que nous proposons.
L'Académie de l'enseignement de SMD a connu dernièrement plusieurs révocations de fonctionnaires et chefs de service. Quel commentaire en faites-vous ?
Ce sont là des actions courageuses à l'encontre des cas de mauvaise gestion administrative et financière dans des postes-clés de cette administration et certaines délégations aussi. Et cela, il faut le dire, sans prétention aucune, c'est grâce aux luttes de longue haleine menées par la FDT et nos partenaires syndicaux. Nous avions produit pour ce faire, des preuves tangibles, chiffres à l’appui sur les irrégularités financières que nous avions dénoncées. Les commissions centrales et les diverses inspections en ont été convaincues, d'où ces limogeages à la pelle. Cela donnera des leçons à plus d'un.
Les syndicats ne sont pas non plus blancs comme neige. Certains responsables syndicaux agitent leur statut comme un épouvantail au nez des délégués pour s'arroger des avantages, dont celui, par exemple, d'être dispensés d'enseigner. Qu'en pensez-vous ?
Le travail syndical est une mission volontaire. Cela ne doit dispenser de son travail en classe aucun syndicaliste. C'est vrai que des cas existent, mais on ne doit pas mettre tout le monde dans le même panier. Les syndicats sont des partenaires de l'administration scolaire. De ce fait, ils doivent respecter leurs engagements et remplir leurs devoirs comme tous les autres.
Mais tant de sit-in et grèves organisés intempestivement au début de la rentrée scolaire risquent de devenir impopulaires. Comment réagissez-vous à cela ?
La structure éducative est un «biotope» très fragile totalement voué à l'intérêt de l'élève. Il suffit que l'un de ses constituants lâche pour que l'équilibre bascule. Lorsqu'on défend les intérêts du corps enseignant, on revendique de meilleures conditions de travail, des structures plus accueillantes…, c'est en fait dans l'intérêt des apprenants. Par exemple, si l'instituteur achoppe sur des difficultés qui compromettent l'ambiance à l'école, il ne donnera pas de son mieux; c'est sûr. La mission pédagogique ne fonctionne à merveille que si l'enseignant et l'élève - ses maillons forts- sont placés au centre des préoccupations de la stratégie éducative. Les syndicats, eux, sont des partenaires tenus de tirer la sonnette d'alarme, dès qu'un danger guette ou attaque cet équilibre.