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En vogue, fast-food et santé font-ils bon ménage ?


Libé
Dimanche 22 Octobre 2023

En vogue, fast-food et santé font-ils bon ménage ?
Les fast-foods sont devenus, à l'échelle planétaire, l'une des particularités de la société contemporaine, en raison notamment de leur adaptation aux modes de vie et de consommation dominants. Toutefois, ce genre de repas qui fait l'objet d'un engouement sans précédent compte tenu des transformations sociétales et culturelles majeures que connaissent les sociétés en général, au détriment des plats traditionnels, soulève de nombreuses questions sur sa valeur nutritionnelle et ses effets sur la santé humaine.

A cet égard, Mustapha Chekdali, spécialiste en psychologie sociale, a fait remarquer que les mutations qu'a connues au fil des temps la société marocaine en passant d’une société paysanne à une société urbaine, ont entraîné des changements très significatifs en termes de modes d'alimentation et de consommation. Ces mutations se reflètent notamment au niveau de la structure de la famille marocaine avec l’émergence de la famille nucléaire et le rétrécissement de la famille élargie, suscitant des changements dans les modes de vie et de consommation, a-t-il expliqué dans une déclaration à la MAP.
La société marocaine, à l’instar des autres sociétés, a connu des mutations au niveau des valeurs avec la prévalence de l’individualisme et l’émergence de la société de consommation
Après avoir noté que les habitudes alimentaires sont le reflet du processus de socialisation, cet enseignant-chercheur à l'Institut supérieur international du tourisme de Tanger (ISITT) a relevé que "la société marocaine, à l’instar des autres sociétés, a connu des mutations au niveau des valeurs avec la prévalence de l’individualisme et l’émergence de la société de consommation".

L’engouement record que connaît la restauration rapide s’explique aussi par le manque de temps chez les mères de famille travailleuses qui, en raison de leurs de leurs engagements professionnels en dehors du foyer, n’ont plus le temps de préparer des repas pour leurs familles, a-t-il ajouté.

S’arrêtant sur les répercussions liées à la prolifération de ce phénomène, il a cité l'impact de ce phénomène sur la solidité et la durabilité des relations sociales. "On a perdu les rituels sociaux et symboliques qui distinguaient la prise des repas en groupe et qui traduit la solidité des liens de proximité et de symbiose au sein de la famille", a déploré M. Chekdali, notant que ce fléau touche aussi bien les villes que les campagnes.

Dans le même contexte, le chercheur en psychologie sociale a ajouté que même le couscous, plat emblématique du raffinement de la gastronomie marocaine, a perdu sa symbolique en tant que mets qui se savoure en famille et entre amis. Il est désormais proposé dans les menus de la restauration rapide.

Pour sa part, le Dr Hamdoun Lhassani, spécialiste en endocrinologie et maladies métaboliques, a indiqué que l'un des effets les plus nocifs du fast-food est la propagation de maladies graves et inquiétantes, tels que l'obésité, l'hypertension artérielle, les maladies cardiaques, le cholestérol et la hausse des triglycérides ainsi que de l'indigestion résultant de la faible quantité de fibres qui caractérise ce genre de repas.

Parmi les facteurs ayant contribué à la propagation de ce phénomène, il y a l'adoption de l'horaire continu dans les administrations et les écoles et la généralisation de la livraison rapide des repas, a-t-il détaillé, ajoutant que les repas de la restauration rapide se distinguent par leur teneur en gras saturés et leurs niveaux élevés de sucre et de sel.

D’après les propos de ce médecin, les risques de la restauration rapide pour la santé se multiplient lorsqu'elle s'accompagne de la consommation de boissons riches en sucres. Les maladies qui autrefois ne touchaient que la tranche d'âge de 60 ans et plus commencent à faire leur apparition chez les jeunes catégories âgées entre 25 et 30 ans, a-t-il dit.

S’exprimant sur le même sujet, le président de la Fédération marocaine des droits des consommateurs (FMDC), Bouazza Kharrati, a estimé qu’"il y a un besoin urgent de réglementer le secteur de la restauration rapide de la part des autorités compétentes, à savoir les ministère de la Santé, de l'Agriculture, de l'Intérieur et du Commerce".

Dans une déclaration similaire, il plaidé pour la création d'une instance nationale chargée de la protection du consommateur, soulignant "la nécessité pour les personnes opérant dans le domaine de la restauration rapide d'avoir une formation dans ce secteur et d’un diplôme spécialisé prouvant qu’elles sont aptes à exercer dans ce domaine".

Tout en s’arrêtant sur le rôle que jouent les fast-food et les snacks de restauration rapide dans la création d'emplois et la lutte contre le chômage, le président de la FMDC a indiqué que parmi les questions négligées dans ce domaine figurent la faiblesse du suivi sanitaire, y compris la sécurité du produit, le respect de la chaîne de froid et la valeur nutritionnelle.

Selon lui, ces facteurs expliquent le nombre élevé des intoxications alimentaires, la propagation de l'obésité et la multiplication d’un certain nombre de maladies mortelles telles que le cancer, le diabète et l’insuffisance rénale. Dans le même ordre d’idées, Ismail, un jeune de 28 ans, a indiqué qu’il a été victime il y a peu de temps d’une intoxication alimentaire due à la consommation d’un sandwich dans un fast-food.

Ce jeune-homme, qui exerce dans le domaine de la communication, a expliqué dans une déclaration à la MAP qu'en dépit du traitement qui lui a été prescrit par un médecin, il souffre encore aujourd'hui des effets de cette grave intoxication alimentaire.

Selon des données récentes publiées par le ministère de la Santé et de la Protection sociale, entre 1.000 et 1.600 cas d'intoxications alimentaires sont enregistrés en moyenne par an au Maroc, dont 30 à 45% des cas donnent lieu à une hospitalisation. D’après un autre rapport publié récemment par le Centre AntiPoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM), les produits alimentaires viennent en troisième position des facteurs à l’origine des intoxications au Maroc, avec un total de 17%.

Par Jihane Morchid (MAP)


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