En marge d’un hommage : Ahmed Herzenni, l’homme qui dit haut ce que les autres occultent


MuSTAphA ELOUIZI
Samedi 8 Octobre 2011

En marge d’un hommage : Ahmed Herzenni, l’homme qui dit haut ce que les autres occultent
Il aurait pu être un grand footballeur, peut-être mieux que Faras lui-même ! C’est le détenteur du ballon d’or africain Ahmed Faras qui tint ces propos à l‘occasion de l’hommage rendu récemment à l’endroit d’Ahmed Herzenni, dernier président de l’ex-Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH). Mais, le jeune Herzenni a choisi un tout autre parcours. Comme de nombreux jeunes de son époque, il fut charmé par les thèses de la nouvelle gauche de la fin des années 60 et début 70 du siècle dernier, dans une ambition semi affichée semi secrète de servir le peuple. Ce natif de Guercif en 1948 paya lourd son engagement en faveur des démunis, en purgeant une peine de plus de douze ans de prison ferme. « Je suis né opposant… Je suis un militant qui a lutté, lutte et luttera toujours contre toutes les formes d’injustice, d’exploitation, de mépris, mais aussi de servilité», dit-il lors d’une mémorable plaidoirie/ témoignage pour œuvrer en faveur d’un Maroc nouveau, moderne et démocratique, sans rancune ni pensée passéiste. Il ne sera jamais possible de parler de Herzenni sans se rappeler cette fameuse réplique qui a tant choqué les uns et tant plu aux autres. Beaucoup avaient apprécié cette audace, beaucoup d’autres avaient dénoncé un repenti, un coopté, plutôt un récupéré. Le docteur en sociologie et en anthropologie de l'Université du Kentucky (Lexington) aux Etats-Unis, aura ainsi tracé une ligne de démarcation entre deux visions différentes pour un seul objectif : combattre l’injustice et édifier un pays démocratique. Dans toutes ses analyses, la science et le rationalisme sont omniprésents. Des valeurs qui lui ont permis de décrocher en 2005 le prix de la FAO. L’homme qui force certes le respect, reste farouche dans les polémiques, sage dans les analyses et clairvoyant dans les prospectives.
Mais, c’est lorsqu’il sera nommé président du CCDH à la place de l’inoubliable Driss Benzekri que ce chercheur et académicien avéré aura à supporter les critiques et diffamations les plus acerbes des amis et camarades d’hier. La clarté de son chemin n’était pas du goût de beaucoup de gauchistes, même de ceux qui avaient adopté avant lui la conception d’œuvrer de concert avec les véritables décideurs pour construire collectivement l’avenir.
Une limpidité qui se lira clairement dans « son » -Appel citoyen- dont il était l’instigateur, mais aussi dans l’initiative de fonder un observatoire national de la transition démocratique et un groupe national de recherche sur la démocratie locale. Dans son « Maroc décanté », il affiche on ne peut plus clair sa conception et sa vision pour le futur. Passionné des différentes expériences de transition démocratique dans le monde, il a formé le vœu pour que son pays surmonte les phases de crise et arrive à exprimer une tendance sans confusion vers la démocratie. Les régressions d’après 2003 et l’apparition d’une tendance visant à s’accaparer le champ politique ainsi que la multiplication de violations de droits humains ne l’ont pas changé outre mesure. Il a continué à défendre jusqu’au bout sa ligne de pensée, même lorsque ses amis proches avaient émis des réserves concernant les procédures, modalités et déroulement du processus électoral. L’homme reste parmi ceux qui ne passent pas inaperçus, qui ne craignent pas le statut de minorité et qui ne perdent jamais leur sang-froid, même lorsqu’il lance les verbes les plus rêches. Mais, c’est dans la vie privée de ce père de deux enfants que l’on peut tester ses convictions, avec cet esprit d’ouverture, de dialogue et de tolérance. La présence d’un parterre d’hommes politiques de haut niveau et de tous bords lors de l’hommage que lui a rendu l’actuel Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) confirme le respect que lui garde la classe politique et civile.
Mais s’il a été dur envers ses camarades d’hier, il n’a jamais cédé devant les anciennes pratiques de certains décideurs centraux et régionaux. Devant certains walis et gouverneurs ultraroyalistes, il se montrait poli, mais toujours ferme,  intransigeant et même « acariâtre » quand il le faut.


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