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La participation finale est encore plus faible que les 30,5 % de votants au référendum organisé le 25 juillet dernier pour réviser la Constitution. Ce maigre taux est sans aucune mesure avec les taux enregistrés dans les législatives successivement en 2011 (54,1%), 2014 (69%) ou en 2019 (43,9%).
Manifestement, les Tunisiens ont ignoré l’appel qui leur a été lancé par le président, Kaïs Saïed à sa sortie des urnes, déclarant que ces élections constituent "une opportunité historique de retrouver vos droits légitimes" et de soutenir que "nous avons rompu avec ceux qui ont ruiné le pays".
Ils ont en revanche répondu massivement à l’appel des partis politiques et des organisations de la société civile pour le boycott de cette échéance électorale.
Au terme d’une journée électorale tellement calme, terne et des bureaux de vote curieusement désertés, le tableau final est peu glorieux.
L’abstention massive est un message clair adressé par les Tunisiens aux autorités publiques. Il exprime leur désapprobation d’un système et d’un projet dans lesquels ils ne se reconnaissent pas
Il traduit une fin de non recevoir prématurée à des candidats dont la quasi-majorité sont intrus à la vie politique
Cette forte désaffection porte un coup de boutoir à un processus décrié par la majorité de la classe politique et de la société civile comme une "dérive autoritaire qui met un terme à une expérience démocratique non parfaite mais qui a suscité espoirs et un grand intérêt"
D’après les observateurs, il s’agit d’un parlement aux pouvoirs limités mais qui, à la faveur de la très faible participation, accuse une grave crise de légitimité.
Manifestement, la désaffection des électeurs de cette échéance électorale, tant redoutée par le pouvoir, a fini par se produire. Les Tunisiens ont boudé en grand nombre, le 17 décembre, les urnes et certains bureaux de vote dans les régions du sud notamment, sont restées toute la journée durant à l’attente du premier votant, en vain.
Manifestement, cette attitude de rejet a été dictée, soutient des observateurs de la scène politique, par plusieurs facteurs concomitants.
Il s’agit de la perte de confiance dans le jeu politique post 25 juillet 2019, d’une campagne électorale morne et des candidats inconnus de la scène publique.
C’est pour l’ensemble de ces raisons, pensent-ils, que la majorité du corps électoral s’est abstenu à cautionner des candidats, pour la plupart apprentis politiciens, et à donner un blanc-seing à un projet populiste qui transforme de facto le parlement en une boîte d'enregistrement et marque un virage autoritaire du système tout en tournant le dos à une véritable séparation des pouvoirs.
Le parlement, issu des législatives, après un second tour organisé d’ici début mars 2023, sera doté de compétences très restreintes en vertu de la nouvelle Constitution.
Elus au scrutin uninominal à deux tours et non plus de listes, les futurs députés ne pourront pas contrôler l’action du gouvernement ni le censurer. Il faudra dix députés pour proposer une loi et le président aura la priorité pour faire adopter les siennes.
Ils ne bénéficieront pas non plus d’une quelconque immunité et pourront être révoqués de leurs fonctions, sous certaines conditions, par les électeurs.
Ces résultats trouvent également leur explication par l’adoption depuis septembre dernier d’une nouvelle loi électorale contestée, introduisant de nombreux changements, que ce soit sur les règles de campagne, les modalités d’élection ou bien le fonctionnement du Parlement.
Le premier changement majeur est la dissociation entre les candidats et les partis. Alors que ces derniers pouvaient auparavant présenter des listes, la nouvelle loi électorale stipule que les candidats doivent désormais concourir individuellement, sans affiliation affichée.
Pourtant, tous les signaux ont annoncé cette déroute électorale, cette faible participation des électeurs.
Douze partis ont décidé de boycotter ces législatives à savoir le mouvement "Ennahdha", "Qalb Tounes", le "Courant démocrate", la " Coalition Al-Karama", le "Parti destourien libre", "Afek Tounes", le " Forum démocratique pour le travail et les libertés", le parti "Harak Tounes Al Irada", le parti "Al Amal", le "Parti républicain", le "Parti des travailleurs" et le "Pôle démocratique moderniste".
Ce mouvement a été suivi dans les derniers jours par la puissante centrale syndicale, l’Union générale Tunisienne des Travailleurs, qui a adressé une critique sévère à un processus qui a tourné le dos à toute démarche participative.