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"Je suis seul (pauvre de moi) à la Maison Blanche". Le tweet, chargé d'ironie, rédigé le 24 décembre par Donald Trump après avoir renoncé à ses vacances dans son luxueux club floridien de Mar-a-Lago, résume l'isolement, mais aussi la frustration, d'un président des États-Unis inclassable.
L'homme d'affaires de 72 ans à la célèbre cravate rouge franchira dimanche, au milieu du "shutdown" le plus long de l'histoire, le cap des deux années à la Maison Blanche.
Avec un goût revendiqué de la transgression et de la provocation, il a piétiné les codes et les usages, secoué les institutions et fragilisé les alliances de l'Amérique.
À mi-parcours d'un mandat chaotique, un constat s'impose: l'ancien animateur de télé-réalité, avide téléspectateur de Fox News et pourfendeur des médias "malhonnêtes", est resté fidèle à lui-même, pas transformé par la présidence.
Happés par un tourbillon de tweets truffés de fautes de frappe et d'orthographe, de surnoms moqueurs et d'approximations, les Américains assistent - enthousiastes, désemparés ou effrayés - au spectacle inédit d'un président presque seul en scène tant il a fait le vide autour de lui.
"Le show c'est +Trump+ et il se joue à guichets fermés de partout. Je m'amuse en le faisant et je continuerai à m'amuser". La phrase, extraite d'un entretien que le magnat de l'immobilier avait accordé au magazine Playboy en 1990, pourrait avoir été prononcée hier.
Ni l'imposant décorum d'un Bureau ovale chargé d'Histoire, ni les portraits de ses prédécesseurs accrochés dans les couloirs de la Maison Blanche n'ont fait changer l'homme d'affaires new-yorkais, qui a débarqué avec fracas dans la capitale pour prendre les rênes du pays.
En rupture assumée avec tous ceux qui ont occupé avant lui la prestigieuse "West Wing", le 45e président des États-Unis, qui a insulté des juges et moqué un ancien prisonnier de guerre, a imposé un rythme dans lequel plus rien - ou presque - ne surprend. Sa fidèle conseillère Kellyanne Conway invente l'étrange concept de "faits alternatifs ?" La polémique est immédiatement recouverte par une autre, tout aussi fracassante.
Ses fans applaudissent à tout rompre, mettant en avant de très bons chiffres économiques, louant le franc-parler et l'audace d'un homme qui n'oublie pas ses promesses de campagne une fois la victoire en poche, va au bras de fer avec la Chine et n'a pas peur de se revendiquer ouvertement "nationaliste".
Ses détracteurs s'inquiètent de son peu de goût pour le travail et l'analyse en profondeur des dossiers, et jugent son compte Twitter @realDonaldTrump indigne de figurer dans une lignée présidentielle qui a débuté avec George Washington en 1789, pour se poursuivre avec Abraham Lincoln, Franklin Roosevelt ou encore John F. Kennedy.
Jusqu'ici, les élus du parti républicain font bloc. Même s'ils ont ponctuellement exprimé leur désaccord sur son attitude extraordinairement conciliante vis-à-vis de Vladimir Poutine à Helsinki, sa réaction après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi par des agents saoudiens, ou encore ses propos sur "des gens très bien" des deux côtés après des affrontements entre anti-racistes et néo-nazis à Charlottesville.
Mais la deuxième partie du mandat de Donald Trump s'annonce périlleuse, dans l'ombre d'une enquête menaçante sur la nature de ses liens avec Moscou.
"Je n'ai jamais travaillé pour la Russie", a-t-il lâché depuis les jardins enneigés de la Maison Blanche, phrase à peine croyable dans la bouche d'un président des Etats-Unis.
Ira-t-il au bout ou subira-t-il le même sort que Richard Nixon lorsque le procureur spécial Robert Mueller aura fini son enquête? Réussira-t-il à être élu pour un second mandat comme ses trois prédécesseurs immédiats, Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton?
Pour l'heure, Donald Trump reste tourné vers sa base, casquette "Make America Great Again" vissée sur le crâne. Sans chercher à rassembler au-delà.
Selon l'institut Gallup, l'ex-propriétaire des concours Miss Univers est le seul président de l'Histoire dont la cote de popularité n'a jamais atteint la barre des 50% lors de ses deux premières années au pouvoir.
Les traditionnels points de presse quotidiens du porte-parole de l'exécutif sont passés à la trappe. L'impétueux président tient désormais, seul, le mégaphone.
Ses attaques contre les médias accusés d'être, dans leur écrasante majorité, des "Fake News" et des "ennemis du peuple", passent presque inaperçues, devenues quotidiennes.
Celui qui fut un grand fan de catch a une énergie extraordinaire et un appétit indéniable pour le combat.
Dans une campagne où il était vu au départ avec amusement, voire mépris, il a mis à terre ses 16 adversaires républicains lors des primaires, puis l'a emporté face à la démocrate Hillary Clinton, donnée grande favorite jusqu'au dernier jour.
Le 20 janvier 2017, l'homme d'affaires né dans le Queens, à New York, en juin 1946, débarquait à la Maison Blanche alors que les marches du Capitole tremblaient encore d'un violent discours dans lequel il avait promis de mettre fin au "carnage américain".
Peu à peu, les poids lourds et les fortes personnalités ont claqué la porte ou ont été remerciés par un président notoirement sensible à la flatterie. Nombre d'anciens proches sont tombés en disgrâce.
Donald Trump est désormais en guerre ouverte avec son ancien avocat personnel, Michael Cohen, qui gérait les négociations confidentielles avec l'actrice porno Stormy Daniels. "Je regrette ma loyauté aveugle envers un homme qui ne la mérite pas", a tweeté M. Cohen après avoir admis avoir payé pour truquer des sondages à l'avantage de son client milliardaire.
En affaires comme en politique, Donald Trump fonctionne sur un principe simple: pour ou contre lui, sans nuances.
L'ex-patron du FBI, James Comey, brutalement limogé par le président, a évoqué dans ses mémoires un président qui soumet son entourage à un code de loyauté lui rappelant l'attitude des chefs mafieux observée au début de sa carrière de procureur.
"Un peu d'hyperbole ne fait jamais de mal": fidèle à une habitude érigée en principe dans son livre "The Art of the Deal", publié en 1987, Donald Trump continue à vanter ses mérites, sans retenue.
"Personne ne connaît mieux la fiscalité que moi": il a utilisé, au fil des ans, mot pour mot, la même phrase pour clamer sa connaissance de la construction, des drones, de l'histoire américaine, du groupe Etat islamique ou encore des énergies renouvelables.
Ses déclarations à l'emporte-pièce ont contraint l'équipe de "fact-checkers" du Washington Post à créer une nouvelle catégorie: "Le Pinocchio sans fond", pour les affirmations erronées ou trompeuses répétées plus de 20 fois.
Dans la géopolitique complexe et mouvante du XXIe siècle, Donald Trump a personnellement pris pour cible Justin Trudeau, Emmanuel Macron, Angela Merkel et Theresa May. Et n'a pas caché une forme de fascination pour les dirigeants autoritaires, de Xi Jinping à Kim Jong Un.
Il a jeté aux orties nombre de traités, compromis ou pactes âprement négociés, au premier rang desquels l'accord de Paris sur le climat, conclu par la quasi-totalité des pays de la planète pour tenter de limiter le redoutable emballement de la machine climatique.
La mise en garde la plus cinglante n'est pas venue de ses adversaires politiques mais de Jim Mattis, chef du Pentagone. Dans sa lettre de démission, ce général rappelait, à l'adresse du président des États-Unis, une règle simple de la diplomatie: "Traiter les alliés avec respect".
Dans une Maison Blanche sans véritable colonne vertébrale, tant le renouvellement est rapide, seul le clan familial est épargné. Et fait bloc.
Melania Trump, dont l'attitude a un temps laissé penser qu'elle voulait prendre ses distances, a resserré les rangs. L'ex-mannequin d'origine slovène, troisième femme de "DJT", reprend désormais à son compte une partie de sa rhétorique agressive vis-à-vis des médias.
La fille adorée, Ivanka, reste écoutée au 1600 Pennsylvania Avenue. Donald Trump ne s'en cache pas: il est très sensible aux demandes de cette conseillère particulière.
"Elle m'appelait et elle disait: Papa! Tu ne comprends pas! Tu dois faire ça, tu dois le faire!", a-t-il raconté lors de la signature fin décembre d'une loi de réforme sur la justice pénale. "Alors je lui ai dit: OK, c'est bon", a-t-il ajouté, amusé, en présence de nombreux élus.
Pour Allan Lichtman, professeur d'histoire à l'American University à Washington, qui fut l'un des rares politologues à prédire la victoire de l'homme d'affaires, les institutions américaines sont "sérieusement mises à l'épreuve" par ce président "sans équivalent dans l'Histoire".
"Nous nous sommes remis de la guerre de Sécession et plus récemment du Watergate", ajoute-t-il, évoquant l'arrivée d'un autre président en 2021 qui changerait la donne.
"Mais si Trump est réélu, impossible de prédire ce qui se passera".
L'homme d'affaires de 72 ans à la célèbre cravate rouge franchira dimanche, au milieu du "shutdown" le plus long de l'histoire, le cap des deux années à la Maison Blanche.
Avec un goût revendiqué de la transgression et de la provocation, il a piétiné les codes et les usages, secoué les institutions et fragilisé les alliances de l'Amérique.
À mi-parcours d'un mandat chaotique, un constat s'impose: l'ancien animateur de télé-réalité, avide téléspectateur de Fox News et pourfendeur des médias "malhonnêtes", est resté fidèle à lui-même, pas transformé par la présidence.
Happés par un tourbillon de tweets truffés de fautes de frappe et d'orthographe, de surnoms moqueurs et d'approximations, les Américains assistent - enthousiastes, désemparés ou effrayés - au spectacle inédit d'un président presque seul en scène tant il a fait le vide autour de lui.
"Le show c'est +Trump+ et il se joue à guichets fermés de partout. Je m'amuse en le faisant et je continuerai à m'amuser". La phrase, extraite d'un entretien que le magnat de l'immobilier avait accordé au magazine Playboy en 1990, pourrait avoir été prononcée hier.
Ni l'imposant décorum d'un Bureau ovale chargé d'Histoire, ni les portraits de ses prédécesseurs accrochés dans les couloirs de la Maison Blanche n'ont fait changer l'homme d'affaires new-yorkais, qui a débarqué avec fracas dans la capitale pour prendre les rênes du pays.
En rupture assumée avec tous ceux qui ont occupé avant lui la prestigieuse "West Wing", le 45e président des États-Unis, qui a insulté des juges et moqué un ancien prisonnier de guerre, a imposé un rythme dans lequel plus rien - ou presque - ne surprend. Sa fidèle conseillère Kellyanne Conway invente l'étrange concept de "faits alternatifs ?" La polémique est immédiatement recouverte par une autre, tout aussi fracassante.
Ses fans applaudissent à tout rompre, mettant en avant de très bons chiffres économiques, louant le franc-parler et l'audace d'un homme qui n'oublie pas ses promesses de campagne une fois la victoire en poche, va au bras de fer avec la Chine et n'a pas peur de se revendiquer ouvertement "nationaliste".
Ses détracteurs s'inquiètent de son peu de goût pour le travail et l'analyse en profondeur des dossiers, et jugent son compte Twitter @realDonaldTrump indigne de figurer dans une lignée présidentielle qui a débuté avec George Washington en 1789, pour se poursuivre avec Abraham Lincoln, Franklin Roosevelt ou encore John F. Kennedy.
Jusqu'ici, les élus du parti républicain font bloc. Même s'ils ont ponctuellement exprimé leur désaccord sur son attitude extraordinairement conciliante vis-à-vis de Vladimir Poutine à Helsinki, sa réaction après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi par des agents saoudiens, ou encore ses propos sur "des gens très bien" des deux côtés après des affrontements entre anti-racistes et néo-nazis à Charlottesville.
Mais la deuxième partie du mandat de Donald Trump s'annonce périlleuse, dans l'ombre d'une enquête menaçante sur la nature de ses liens avec Moscou.
"Je n'ai jamais travaillé pour la Russie", a-t-il lâché depuis les jardins enneigés de la Maison Blanche, phrase à peine croyable dans la bouche d'un président des Etats-Unis.
Ira-t-il au bout ou subira-t-il le même sort que Richard Nixon lorsque le procureur spécial Robert Mueller aura fini son enquête? Réussira-t-il à être élu pour un second mandat comme ses trois prédécesseurs immédiats, Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton?
Pour l'heure, Donald Trump reste tourné vers sa base, casquette "Make America Great Again" vissée sur le crâne. Sans chercher à rassembler au-delà.
Selon l'institut Gallup, l'ex-propriétaire des concours Miss Univers est le seul président de l'Histoire dont la cote de popularité n'a jamais atteint la barre des 50% lors de ses deux premières années au pouvoir.
Les traditionnels points de presse quotidiens du porte-parole de l'exécutif sont passés à la trappe. L'impétueux président tient désormais, seul, le mégaphone.
Ses attaques contre les médias accusés d'être, dans leur écrasante majorité, des "Fake News" et des "ennemis du peuple", passent presque inaperçues, devenues quotidiennes.
Celui qui fut un grand fan de catch a une énergie extraordinaire et un appétit indéniable pour le combat.
Dans une campagne où il était vu au départ avec amusement, voire mépris, il a mis à terre ses 16 adversaires républicains lors des primaires, puis l'a emporté face à la démocrate Hillary Clinton, donnée grande favorite jusqu'au dernier jour.
Le 20 janvier 2017, l'homme d'affaires né dans le Queens, à New York, en juin 1946, débarquait à la Maison Blanche alors que les marches du Capitole tremblaient encore d'un violent discours dans lequel il avait promis de mettre fin au "carnage américain".
Peu à peu, les poids lourds et les fortes personnalités ont claqué la porte ou ont été remerciés par un président notoirement sensible à la flatterie. Nombre d'anciens proches sont tombés en disgrâce.
Donald Trump est désormais en guerre ouverte avec son ancien avocat personnel, Michael Cohen, qui gérait les négociations confidentielles avec l'actrice porno Stormy Daniels. "Je regrette ma loyauté aveugle envers un homme qui ne la mérite pas", a tweeté M. Cohen après avoir admis avoir payé pour truquer des sondages à l'avantage de son client milliardaire.
En affaires comme en politique, Donald Trump fonctionne sur un principe simple: pour ou contre lui, sans nuances.
L'ex-patron du FBI, James Comey, brutalement limogé par le président, a évoqué dans ses mémoires un président qui soumet son entourage à un code de loyauté lui rappelant l'attitude des chefs mafieux observée au début de sa carrière de procureur.
"Un peu d'hyperbole ne fait jamais de mal": fidèle à une habitude érigée en principe dans son livre "The Art of the Deal", publié en 1987, Donald Trump continue à vanter ses mérites, sans retenue.
"Personne ne connaît mieux la fiscalité que moi": il a utilisé, au fil des ans, mot pour mot, la même phrase pour clamer sa connaissance de la construction, des drones, de l'histoire américaine, du groupe Etat islamique ou encore des énergies renouvelables.
Ses déclarations à l'emporte-pièce ont contraint l'équipe de "fact-checkers" du Washington Post à créer une nouvelle catégorie: "Le Pinocchio sans fond", pour les affirmations erronées ou trompeuses répétées plus de 20 fois.
Dans la géopolitique complexe et mouvante du XXIe siècle, Donald Trump a personnellement pris pour cible Justin Trudeau, Emmanuel Macron, Angela Merkel et Theresa May. Et n'a pas caché une forme de fascination pour les dirigeants autoritaires, de Xi Jinping à Kim Jong Un.
Il a jeté aux orties nombre de traités, compromis ou pactes âprement négociés, au premier rang desquels l'accord de Paris sur le climat, conclu par la quasi-totalité des pays de la planète pour tenter de limiter le redoutable emballement de la machine climatique.
La mise en garde la plus cinglante n'est pas venue de ses adversaires politiques mais de Jim Mattis, chef du Pentagone. Dans sa lettre de démission, ce général rappelait, à l'adresse du président des États-Unis, une règle simple de la diplomatie: "Traiter les alliés avec respect".
Dans une Maison Blanche sans véritable colonne vertébrale, tant le renouvellement est rapide, seul le clan familial est épargné. Et fait bloc.
Melania Trump, dont l'attitude a un temps laissé penser qu'elle voulait prendre ses distances, a resserré les rangs. L'ex-mannequin d'origine slovène, troisième femme de "DJT", reprend désormais à son compte une partie de sa rhétorique agressive vis-à-vis des médias.
La fille adorée, Ivanka, reste écoutée au 1600 Pennsylvania Avenue. Donald Trump ne s'en cache pas: il est très sensible aux demandes de cette conseillère particulière.
"Elle m'appelait et elle disait: Papa! Tu ne comprends pas! Tu dois faire ça, tu dois le faire!", a-t-il raconté lors de la signature fin décembre d'une loi de réforme sur la justice pénale. "Alors je lui ai dit: OK, c'est bon", a-t-il ajouté, amusé, en présence de nombreux élus.
Pour Allan Lichtman, professeur d'histoire à l'American University à Washington, qui fut l'un des rares politologues à prédire la victoire de l'homme d'affaires, les institutions américaines sont "sérieusement mises à l'épreuve" par ce président "sans équivalent dans l'Histoire".
"Nous nous sommes remis de la guerre de Sécession et plus récemment du Watergate", ajoute-t-il, évoquant l'arrivée d'un autre président en 2021 qui changerait la donne.
"Mais si Trump est réélu, impossible de prédire ce qui se passera".