Deux ans après le décès de Driss Benzekri : Le CCDH va rendre public un rapport sur les recommandations de l’IER


Narjis Rerhaye
Jeudi 14 Mai 2009

Deux ans après le décès de Driss Benzekri : Le CCDH va rendre public un rapport sur les recommandations de l’IER
Il y a bientôt deux ans, le 20 mai 2007, Driss Benzekri, le père de la Commission Vérité, s’en allait. L’ancien détenu politique, celui-là même qui a dédié sa vie à la défense de la dignité humaine, s’éteignait dans une clinique de Rabat.
Et ce soir-là, personne ne voulait croire à la terrible nouvelle, celle du grand départ.
Au fil des heures puis des minutes, ils arrivaient, ce soir-là. Eperdus de tristesse, incrédules face à la terrible nouvelle. 
Les SMS avaient circulé, accomplissant le sale boulot. « C’est vrai Driss est… ? ». Difficile de terminer la phrase, d’imaginer un seul instant, l’espace d’une seconde, que Driss Benzekri s’est éteint après avoir livré un long et dur combat contre celle qui a fini par le faucher ce dimanche soir 20 mai 2007.
Peu à peu, la ruelle de la clinique Al Azhar n’était plus qu’un immense rassemblement. Larmes, chagrin, douleur. Dans le quartier de « Hassan », une infinie incompréhension planait dans cette nuit froide de Rabat.  Pourquoi les meilleurs s’en vont-ils les premiers ? Sa dernière volonté sera respectée. Driss Benzekri avait souhaité être inhumé dans son village natal de Aït Ouahi, dans la province de Tiflet.  Le nom de Driss Benzekri restera à jamais associé au devoir de mémoire et la réconciliation d’un pays avec lui-même. En décembre 2005, alors que le rapport final de l’IER avait été remis aux plus hautes autorités du pays,  « Libération » lui avait posé la question de savoir si avec l’achèvement de sa mission à la tête de l’Instance Equité et Réconciliation, il avait la conscience tranquille. « Oui, j’ai la conscience tranquille. La mission a été dure et je pense que nous avons travaillé avec tout l’engagement pour faire la lumière sur toutes les violations. Nous avons proposé des analyses, des procédures de clôture équitable pour cette période. Reste maintenant le débat public, serein, sérieux. Il ne faut pas se laisser détourner par les coteries qui n’ont aucune prise sur les réalités. Il faut mener le débat sur les enjeux fondamentaux soulevés par le rapport final de l’IER. Ils sont importants et on ne se laissera pas détourner. C’est dans ce sens que la décision royale de rendre public notre rapport est historique. Il s’agit de faire participer la population, tous les Marocains et pas seulement la dizaine de petits groupes qui s’agitent à Casablanca chaque fin de semaine pour raconter n’importe quoi. Le peuple a besoin de comprendre, de connaître, de débattre, de participer. C’est un peuple de citoyens et non pas de sujets qui vont attendre que chaque fin de semaine on leur livre n’importe quoi à la lecture. Je pense que les 23 mois de notre mission nous ont démontré la conscience et la citoyenneté dont a fait preuve la majorité des Marocains sur cette question ».
Jusqu’au bout, l’immense Driss Benzekri avait gardé intacts ses convictions, ses rêves, ses passions. Epuisé, il avait pourtant puisé assez de force au fin fond de son corps malade pour parapher il y a quelques jours à peine le projet de convention pour l’assurance maladie destinée aux victimes des années de plomb. Son rêve, sa passion se concrétisaient dans un pays qui reconnaissait ses torts et auprès de citoyens épris de droits humains.

L’héritage de Benzekri

Deux ans après la disparition de Driss Benzekri, le Conseil consultatif des droits de l’Homme que préside Ahmed Herrezni s’apprête à rendre public dans les toutes prochaines semaines un rapport sur la mise en œuvre des recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation.
Si la réparation communautaire et la réhabilitation des lieux sombres du déni de droit se concrétisent de jour en jour, beaucoup reste encore à faire. Les réformes institutionnelles et constitutionnelles pour que le « plus jamais ça » soit garanti au nom de l’Etat de droit, mais aussi et surtout la résolution  de tous les dossiers en suspens de cas de disparition non encore résolus. Il y a quelques jours, l’USFP  organisait devant le CCDH un sit-in, soutenu par le peuple de gauche et les activistes de défense des droits humains, pour que la vérité soit faite sur l’enlèvement et la disparition du leader Mehdi Ben Barka. Le devoir de mémoire passe aussi par un nécessaire et douloureux travail de deuil.
 


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