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Des académiciens et des chercheurs ont débattu, lors de cette séance, présidée par le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, et le président de la Chambre des conseillers, Enaam Mayara, de nombre de questions portant sur le renforcement de l’action parlementaire et les mécanismes et perspectives de l’ouverture de l’institution législative sur son environnement, outre les problématiques entourant la démocratie représentative.
Ces intervenants ont souligné les étapes importantes franchies par l’institution parlementaire marocaine durant 60 années, aux niveaux législatif, de contrôle, d’évaluation et de diplomatie, ainsi que les défis et les obstacles se dressant devant la démocratie parlementaire et le positionnement de l’institution législative sur le plan international.
L’enseignant-chercheur Abdellah Saaf a indiqué, dans ce sens, que le positionnement de l’institution parlementaire s’est renforcé au fil du temps, que ce soit au niveau des prérogatives octroyées par la Constitution et du progrès réalisé en matière de renforcement de ses rôles législatif, de contrôle et d’évaluation, ou au niveau des structures et des moyens de travail.
Il a noté, dans ce sens, que le Parlement marocain, après 60 ans de sa constitution, remplit un nouveau rôle qui se distingue des précédentes étapes, particulièrement après la Constitution de 2011 ayant renforcé le rôle diplomatique de l’institution législative.
Le Parlement a contribué à travers ses différentes étapes à élargir les cercles des élites, tant au niveau central que local, renforcé la présence féminine et les vagues de rajeunissement, la participation des instances syndicales, des hommes d’affaires et de plusieurs catégories n’ayant pas eu par le passé une présence dans l’institution législative, a rappelé M. Saaf, saluant le progrès de l’institution au niveau de la recherche et de l’analyse des questions parlementaires à travers la mise en place du Centre de recherche et d’études parlementaires.
L’enseignant-chercheur Omar Cherkaoui a, pour sa part, passé en revue les facteurs d’ouverture de l’institution parlementaire sur son environnement, évoquant une série d’indicateurs, dont les flux d’informations entrant et sortant du Parlement, la mesure dans laquelle se reflètent les questions de société dans le débat au sein de l’institution législative, la possibilité pour le public d’avoir accès aux comptes-rendus parlementaires, l’ouverture du Parlement sur les médias, le caractère public des séances de vote et le fait pour le Parlement de disposer d’une source propre pour avoir accès aux informations.
Il a appelé, dans ce sens, à fournir davantage d’efforts pour renforcer l’impact et l’efficacité des mécanismes de l’institution législative en matière d’ouverture et de communication avec les citoyens, présentant une série de propositions, dont la création d’une revue parlementaire, l’activation de la chaîne parlementaire, la facilitation des voies de présentation des requêtes et des pétitions, la mise en place d’un forum parlementaire civil ouvert sur les régions et la publication de rapports d’évaluation de l’ouverture du Parlement sur son environnement.
L’enseignant-chercheur Abdelhay Moudden a, de son côté, abordé les défis auxquels fait face l’action parlementaire au niveau international à la lumière des transformations que connaît depuis certaines années le monde, soulignant qu’il s’agit de défis dangereux pour la pratique démocratique et parlementaire, que ce soit pour les systèmes non démocratiques où le Parlement constitue une institution marginale, ou même pour les régimes où le Parlement n’est pas au centre des préoccupations.
La transition démocratique qu’a connus le monde après la chute de l’Union Soviétique n’a pas résisté longtemps avant de reculer, notamment pour les systèmes non démocratiques classiques où un changement démocratique était espéré, a souligné l’académicien, ajoutant que les démocraties classiques ont également connu à des degrés variables des crises pour ensuite se muer en "démocraties creuses" ne réalisant pas des exploits au profit des individus, mais reproduisant les choix politiques sur lesquels reposent ces systèmes.
L’enseignante-chercheuse Saloua Zerhouni a, de son côté, souligné les défis et les problématiques se dressant devant la démocratie représentative, faisant observer que la démocratie fait face à un paradoxe, entre le rôle dévolu en principe au citoyen et la réalité sur le terrain.