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Ces décès portent à 107 le nombre de soldats étrangers tués depuis le début de l’année et marquent une forte accélération du rythme des pertes dans les rangs des forces internationales. Avec 101 soldats tués au cours des deux premiers mois de l’année, l’OTAN avait déjà enregistré des pertes presque cinq fois supérieures en moyenne à celles des deux premiers mois des années précédentes, exception faite de 2009 (49 morts en janvier et février).
Par ailleurs, les autorités de Kaboul et les responsables américains ont fait appel à d’anciens combattants pour venir à bout des insurgés en Afghanistan. Entre autres recrues, le commandant Bakhtiar cultive son allure de bandit des grands chemins. Autour de lui, ses hommes, telle une meute de loups affamés, n’inspirent pas d’avantage confiance. Pourtant, les autorités afghanes, comme les responsables américains, comptent sur d’ex moudjahidines, comme eux, pour retourner la situation en Afghanistan.
Lorsque le gouverneur de Kunduz a fait appel au commandant Bakhtiar pour chasser les talibans qui exercent un contrôle croissant sur cette province du nord du pays dominée par les pachtouns, il n’a pas hésité un seul instant. «Les gens avaient beaucoup de problèmes avec les talibans dans mon village de Ludin, raconte Bakhtiar. Les insurgés menacent la population, kidnappent et tuent. Lorsqu’ils ont assassiné le mollah Rachid, notre imam, les gens m’ont demandé d’agir. Alors, après avoir reçu l’aval du gouverneur, j’ai rassemblé mes hommes et j’ai organisé la sécurité.»
C’était il y a cinq mois. Désormais, Bakhtiar affirme qu’il contrôle la situation. D’ethnie pachtoune, comme le sont les talibans, il commande une trentaine d’hommes, qui se partagent une vingtaine de kalachnikovs. Tous sont d’anciens combattants moudjahidines, qui, comme lui, ont résisté à l’occupation soviétique dans les années 1980. «J’ai été blessé deux fois dans le djihad contre les Soviétiques, mais les talibans sont beaucoup plus dangereux, estime Bakhtiar. Ce sont des fanatiques. La police et l’armée afghanes ont peur d’eux. Nous sommes les seuls à les affronter et à les tuer».
Jusqu’à l’arrivée du commandant Bakhtiar, ni la police ni l’armée n’osaient s’aventurer à l’est de Kunduz. Seul le centre-ville est toujours considéré comme totalement sûr. Mais depuis que Bakhtiar a pris les choses en main, son village de Ludin et ses environs, ainsi que la route menant à Taloqan, sont de nouveau fréquentables. Dans le nord, plusieurs dizaines d’anciens commandants moudjahidines ont répondu à l’appel du gouvernement. «Si nous n’avions rien fait, les talibans et Al-Qaida auraient pris le contrôle de la province, affirme Mohammed Omar, le gouverneur de Kunduz. Il y a de plus en plus de combattants tchétchènes parmi eux. Et les gens nous disent que si nous ne faisons rien, ils seront obligés de passer du côté des talibans, pour avoir la paix. Nous fournissons une assistance à quelque 65 commandants moudjahidines, qui assurent la sécurité dans leurs villages en coordination avec la police. Parce qu’il ne faut pas compter sur les forces allemandes dans la région pour aller tuer les chefs de l’insurrection et leurs hommes. Les miliciens, eux, n’ont pas d’états d’âme».
Les opposants au projet s’inquiètent de voir les chefs de guerre locaux reprendre du service alors qu’il a fallu de longues années pour les démobiliser. Les forces de l’Otan ne leur fournissent ni armes ni assistance. Mais l’ANA, l’armée nationale afghane, leur a donné des armes, un appui logistique et une assistance médicale. De nombreux Afghans voient d’un mauvais œil le retour de ces miliciens qui s’étaient livrés à des exactions lorsqu’ils contrôlaient la région.
«Le recours aux milices fait de nouveau courir à l’Afghanistan un risque d’ethnicisation, parce que les intérêts personnels de ces commandants dépassent souvent l’intérêt général du pays», regrette le colonel allemand, Michael Matz, commandant de la QRF, la force de réaction rapide dans le nord de l’Afghanistan. C’est pourquoi les forces de l’Otan entendent reprendre le contrôle dans le courant du mois de mars, après l’arrivée de renforts et la réorganisation des forces dans le nord, qui sera divisé en trois secteurs afin d’y améliorer la sécurité.