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"Les attentats suicide et à la voiture piégée sont de retour et ravivent le souvenir de la domination de Daech", déplore Oum Samir, une habitante du quartier Azzouhour, utilisant un acronyme en arabe du groupe Etat islamique (EI) qui s'était emparé de Mossoul en 2014.
"Tout le monde parle de libération mais Daech est toujours là, ses drones survolent la ville et visent nos maisons, nos hôpitaux et nos mosquées", affirme Omar lors d'une fête organisée dans une école.
Ce jeune homme de 25 ans fait partie d'un groupe de bénévoles qui oeuvrent pour "redonner vie à Mossoul", malgré les menaces anonymes qu'ils reçoivent quotidiennement.
Dans les rues de la partie reconquise, les marchés de fruits et légumes sont bondés, des hommes font la queue devant les administrations publiques et le drapeau irakien flotte sur plusieurs bâtiments.
"Tout a l'air d'être revenu à la normale mais les gens savent que le sang peut couler n'importe quand et vivent la peur au ventre", assure Omar.
"Daech menace même les élèves. Beaucoup d'écoles ont dû fermer tout comme des magasins et des restaurants qui avaient rouvert le mois dernier", raconte Abou Ali, un habitant du quartier d'al-Mazareh.
Le 9 février, un kamikaze s'est fait exploser devant un célèbre restaurant, faisant de nombreux blessés, selon un membre du Conseil de la province de Ninive -dont Mossoul est la capitale-- qui n'était pas mesure de donner de bilan précis.
Samara Bachir, la soixantaine, était restée à Mossoul-Est pendant l'offensive mais a décidé de quitter sa maison avec sa famille il y a deux jours.
"Le mari de ma fille a été tué par une grenade lancée depuis un drone. Daech savait où il se trouvait, les cellules dormantes sont partout", affirme-t-elle sous sa tente dans le camp de déplacés de Hassancham, à l'est de Mossoul.
"Avec la libération de Mossoul-Est, beaucoup de déplacés ont quitté le camp pour retrouver leur maison, mais ces derniers jours nous avons reçu quelque 40 familles qui ne supportaient plus la situation en ville", a indiqué à l'AFP Rizgar Obeid, le directeur des camps de Khazer et Hassancham.
A Mossoul, Oum Samir accuse les forces de sécurité de ne pas faire leur travail dans les quartiers libérés.
Accaparées par la préparation de leur offensive sur l'ouest de la ville, toujours aux mains de l'EI, les unités d'élite du contre-terrorisme (CTS) qui avaient reconquis la rive Est en sont parties.
"Nous avons confié cette partie de la ville à l'armée", a affirmé à l'AFP le lieutenant-général Abdelwahab al-Saadi, un chef des CTS.
Selon lui, la situation reste difficile pour les civils habitant près du fleuve Tigre, qui sépare la ville en deux, car "les jihadistes de l'ouest continuent à tirer des obus".
"Il est évident que la sécurité fait défaut à Mossoul-Est", affirme Amer al-Bek, militant dans une organisation locale, dénonçant le "manque de professionnalisme de certaines forces armées".
Un rapport de l'Institute for the Study of War (ISW) publié le 11 février souligne la difficulté pour les forces irakiennes à assurer la sécurité dans les zones reconquises, "facilitant l'infiltration de l'EI".
"Les récentes attaques laissent en outre penser que les quartiers n'ont pas été entièrement nettoyés", ajoute le rapport.
Les forces de sécurité, par ailleurs fortement sollicitées à Bagdad où l'EI a mené ces derniers jours plusieurs attentats meurtriers, sont également pointées du doigt par les habitants de quatre villages situés à quelques km au nord de Mossoul, sur la rive est du Tigre.
"Il reste une centaine de jihadistes dans la zone, ils se baladent librement, avec leurs armes et leur tenue militaire", témoigne par téléphone un habitant de l'un de ces bourgs.
"Ils ont encore exécuté des jeunes ces derniers jours", dit-il.
"Nous vivons dans une grande prison", se désespère un autre habitant. "Pourquoi l'armée n'a pas libéré nos villages ?", se demande-t-il.