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Pour la première fois depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, en février 2005, un membre de sa famille s’est rendu à Damas pour y rencontrer de hauts responsables syriens. Le Premier ministre libanais et fils de l’ancien chef du gouvernement, Saad Hariri, est arrivé à Damas samedi 19 décembre, pour une visite de deux jours, tirant un trait sur près de cinq années d’une relation tumultueuse, ponctuée d’une confrontation politique, diplomatique et médiatique au Liban et dans les plus hautes tribunes internationales.
Au lendemain de l’assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2005, la famille Hariri et ses partisans au Liban, appuyés par la plupart des pays occidentaux, Etats-Unis et France en tête, ont accusé le régime syrien d’être impliqué dans le meurtre de l’ancien Premier ministre. Saad Hariri et ses proches sont allés plus loin, accusant nommément le président Bachar el-Assad, son frère Maher et des membres de sa famille d’avoir ordonné l’assassinat.
Mais depuis, les réalités politiques au Liban, dans la région arabe et dans le monde ont changé. Le recul stratégique des Etats-Unis au Moyen-Orient a poussé la nouvelle administration américaine à opérer un changement de politique, caractérisé par une plus grande ouverture sur le régime syrien. L’Arabie saoudite, dont les relations avec Damas s’étaient sérieusement détériorées après le meurtre de Hariri, a emboîté le pas à Washington, s’engageant dans un processus de normalisation avec la Syrie, couronné en octobre par la visite du roi Abdallah Ben Abdel Aziz à Damas.
Anticipant la réconciliation avec la Syrie, devenue inévitable surtout depuis la défection de leur plus proche allié, le leader druze Walid Joumblatt, Saad Hariri et son entourage ont changé de discours. Finies les critiques contre le régime syrien et les attaques personnelles contre Bachar el-Assad dans les médias du Courant du futur, le parti de la famille Hariri. Petit à petit, l’opinion publique a été préparée à l’idée d’une visite de Saad Hariri chez son pire ennemi, avant même que le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) ne rende son verdict dans l’affaire Hariri.
Dans un discours au Parlement, le 10 décembre, Hariri a déclaré que son gouvernement allait œuvrer sérieusement à l’amélioration des relations entre le Liban et la Syrie. Mais malgré ce travail de préparation fait à la hâte, les Libanais savent que le président syrien est sortit vainqueur de cette longue confrontation et que ses ennemis au Liban se sont résignés à la défaite, sans le reconnaître publiquement. « C’est l’Occident qui a réhabilité la régime syrien car il a besoin de lui dans la lutte contre les islamistes et pour la stabilisation de l’Irak et espère l’éloigner de l’Iran. Mais les Occidentaux se font des illusions », affirme un journaliste du quotidien al-Moustaqbal, appartenant à la famille Hariri. « L’affaire Hariri est maintenant entre les mains du tribunal international, la justice suit son cours normal et la vérité sera faite un jour », se console le journaliste.
La Syrie n’a rien fait pour faciliter la tâche de Saad Hariri. Bien au contraire, les médias syriens ont critiqué la gestion par le Premier ministre du processus de formation du gouvernement libanais qui a traîné pendant cinq mois. Et comble de la provocation, moins de dix jours avant sa visite à Damas, la justice syrienne a émis des commissions rogatoires contre une douzaine de personnalités libanaises, dont des anciens ministres, des journalistes et des conseillers de Saad Hariri, accusées d’avoir incité des témoins à faire de fausses déclarations impliquant le régime syrien dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri. Pour les observateurs libanais, en lançant ces convocations, Damas a voulu définir l’ordre du jour des entretiens de Saad Hariri avec les responsables syriens et lui imposer la composition de la délégation qui va l’accompagner.